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Labo Arts & Techs

J'ai testé : le workshop La Cité des données avec le studio Design Friction

Publié le 18/10/2016

Du 21 au 25 septembre 2016, lors de Scopitone, a pris place "La Cité des données", un atelier de réflexion-action mené par le studio Design Friction qui interroge la manière dont les données numériques façonnent la ville et la capacité de celle-ci à influencer en retour ces mêmes données. En plusieurs étapes, c'est tout un processus qui a été mis en oeuvre pour amener le public à se questionner sur l'utilisation de nos data.
Florelle Pacot, membre de The Crew, nous raconte tout cela !

 

 

 

Evénement à venir Design Friction

CINÉTICA #3 : l'installation présentée à Scopitone

Publié le 14/10/2016

Martial Geoffre-Rouland, artiste et designer lyonnais, a été sélectionné pour imaginer et réaliser une installation interactive et originale pour retranscrire de manière sensible les données. Combinant sensibilités artistiques et connaissances techniques, il revient sur la naissance et le fonctionnement de "cette machine faite de toutes pièces". 

 

 

 

Code couleurs 

Eteint : pas d'activité
Bleu : peu d'activité
Blanc : activité moyenne
Orange : pic d'activité 

 

WORKSHOP "CINÉTICA : METTRE LES DONNÉES EN MOUVEMENT"

animé par Martial Geoffre-Roulland

En lien avec l’installation Cinética, ce workshop se propose d'interroger la représentation sensible des données à travers la conception d’une pièce lumineuse interactive. En se basant sur les modules cinétiques spécialement créés pour l’installation, composés de barres de LED alignées sur un  dispositif rotatif, les participants ont imaginé et mis en œuvre de multiples compositions et patterns graphiques, en se basant sur différents environnements de programmation (Processing, Arduino...).

Cinética #2 : la fabrication au Fabmake

Publié le 13/10/2016

Olivier Daïrien, Fabmanager, revient sur l'intervention du FabMake dans le processus de fabrication de Cinética en nous éclairant sur les différentes phases de conception et les choix techniques qui ont permis de concrétiser la proposition artistique. 


En quoi a consisté le partenariat du FabMake sur le projet Cinética ?

Dans le cadre de Cinética, le FabMake est intervenu relativement en amont du projet et plus spécifiquement sur les étapes de conception et de fabrication de l’installation physique. Nous avons travaillé avec l’artiste dès les phases de conception du dispositif, notamment en proposant des solutions techniques pouvant permettre de concrétiser la proposition artistique.

Le travail du FabMake ne s’est pas fait indépendamment du travail de l’artiste, au contraire, les avancés, les propositions, les idées de chacun des membres du projet sont venues nourrir le travail des autres. Aussi j'ai plus vécu ce projet comme une collaboration que comme un simple partenariat.


Quelles ont été les grandes étapes de travail ?

La première étape du projet (en ce qui concerne le FabMake) a été la compréhension de la proposition de l’artiste.
L’étape suivante a consisté à proposer des concepts techniques permettant de répondre aux besoins de l’installation.
Le dispositif global étant constitué d’une répétition de modules, la troisième étape a été la fabrication d’une première maquette fonctionnelle d’un de ces modules. S’en est suivi une phase d’optimisation par itération.
La fabrication des 72 modules, du cadre et des différents dispositifs annexes (bloc alimentation, borne) a été la dernière intervention menée par le FabMake.

 

  

 

Avez-vous été confronté à des surprises (bonnes ou mauvaises) ?

Il y a bien évidemment toujours énormément de surprises dans ce type de projet. Sur le papier tout fonctionne, mais c'est lorsque l’on passe du concept à la réalité concrète que les (généralement mauvaises) surprises arrivent. On a eu pas mal de problèmes techniques sur l’installation (bruit, vibration, casse, frottement, dimension, poids…) mais cela fait partie intégrante de ce mode de travail. On adopte une démarche empirique et itérative : conception-fabrication-expérimentation-amélioration.

En ce qui concerne les étapes de fabrication la difficulté principale a été le nombre de modules : si fabriquer un élément d’un module vous prend 15 minutes, il vous faudra 18 heures pour fabriquer l’ensemble des 72 éléments… Chaque module étant constitué d’un assemblage d’environs 40 éléments cela donne une idée de la complexité de l’étape de fabrication.
La contrainte de temps s’est avérée l’autre difficulté majeure du projet, nous avons été obligé de lancer la fabrication en « série » des modules avant d’avoir pu tester entièrement notre maquette fonctionnelle, par conséquent une modification se transformait en 72 !

Comment avez-vous arbitré les choix techniques ? 

Globalement les procédés utilisés ont été des procédés de prototypage rapide (impression 3D, découpe laser, fraiseuse numérique) qui nécessitent du matériel dont nous disposons au FabMake. Nous étions donc assez autonomes et donc très réactifs sur ces phases de fabrication. De plus, une des volonté d’Orange était de permettre par la suite de pouvoir re-fabriquer ces éléments dans d’autres fablabs, makerspaces ou ateliers de prototypage. On s’est donc orientés vers des technologies relativement répandus.

 

 

Envisagez-vous un prolongement de cette collaboration sur Cinética et au-delà dans la relation avec le Laboratoire arts et technologies ?

Personnellement je trouverais regrettable que le projet Cinética ne fasse pas l’objet d’une suite. Je considère l’installation présentée lors de Scopitone comme une première version du projet. Nous avons pu identifier et solutionner un certains nombres de problèmes techniques mais malheureusement nous n’avons eu ni le temps ni les moyens d’implémenter ces améliorations. Nous sommes donc tout à fait disposer à fournir toutes les informations nécessaires à la continuation du projet à la structure en charge, que ce soit le FabMake ou non.

En ce qui concerne la relation avec le Labo, le FabMake souhaite évidemment faire perdurer ce partenariat aussi bien sur des projets d’envergure comme Cinética que sur des collaborations plus ponctuelles.

Cinética #1 : de l'idée au projet

Publié le 13/10/2016

A l'origine du projet Cinética, il y a la rencontre de trois entités : l'équipe d'Orange Labs, le Labo Arts & Techs de Stereolux et l'artiste desgigneur Martial Geoffre-Rouland. Dans cet entretien, Marc Brice, chef de projet au sein du laboratoire Sense rattaché à Orange Labs nous explique comment et pourquoi le projet Cinética a été initié.

 

Comment s’est amorcée la collaboration d’Orange Labs avec le Laboratoire Arts & Technologies de Stereolux ? Pourquoi avoir choisi Nantes comme terrain d’expérimentation ?

Le laboratoire Sense d’Orange XD Labs a présenté en 2015 une installation de data expérience sonifiée dans le cadre du Digital Show d’Orange pendant la Digital Week de Nantes.

Ce fut l’occasion d’une rencontre avec Stereolux autour des thématiques de l’innovation et de la place du design dans la représentation des données de l’activité du réseau mobile Orange sur un territoire.

La région nantaise et Nantes en particulier à tout de suite séduit l’équipe des chercheurs d’Orange Labs. L’effervescence créative autour du développement de l’ile de Nantes et la configuration particulière du territoire ont été les déclencheurs du choix de Nantes comme terrain d’expérimentation. En effet, le passage de la Loire dans la ville délimite naturellement des espaces reliés entre eux et à l’ile par les ponts. Dans notre travail d’observation et de représentation des mobilités à travers les déplacements des téléphones mobiles, la question de la place du fleuve dans le quotidien des Nantais est un élément important.

 

Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur la question de la « matérialisation des données » ? Est-ce le premier projet porté par votre équipe de recherche sur cette thématique ? Quels sont les enjeux de proposer au public une nouvelle façon de visualiser les données ?

Notre laboratoire travaille depuis de nombreuses années sur les nouvelles formes de « matérialisation des données » de mobilité. De la datavisualisation avancée avec les premiers projets « Urban Mobs », à la représentation physique en 3D des déplacements individuels dans le projet « empreintes de mouvement », l’enjeu est de trouver de nouvelles formes d’exposition de données produites massivement pour en révéler un nouveau sens.
Matérialiser les données c’est aussi les envisager, de leur collecte à leur mise en forme, comme un matériau, une matière première à manipuler pour mieux la comprendre. Nous souhaitons dépasser la représentation des données et proposer de les percevoir de manière sensible.


En quoi à consister la collaboration avec le Labo ? avec l’artiste Martial Geoffre Rouland ?

Dans le cadre de notre partenariat avec le Labo Arts & Techs de Stereolux, il s’agissait de concevoir un dispositif nouveau de matérialisation des données de mobilité dans la ville. Le dispositif devrait exposer les données de mobilité du public et permettre à chacun de se représenter sa propre mobilité. La matière première, « les data » du réseau mobile Orange, est fournie sous forme de statistiques anonymes par le service FluxVision.
Un point clé dans nos explorations est la place centrale du design dans la réflexion et la conception des dispositifs. La proposition de travailler avec l’artiste Martial Geoffre Rouland, très impliqué dans le design interactif, correspondait à l’esprit que nous souhaitons donner à nos travaux. L’idée qui est ressortie de nos échanges préparatoires était de combiner le mouvement et la lumière … Cinética était née.


Quel intérêt avez-vous trouvé à travailler sur ce projet avec un artiste ?

Nous pensons que pour explorer « les data » et imaginer les nouveaux usages des données de mobilité nous devons exposer les données sous de nouvelles formes. En travaillant avec des artistes nous cherchons à interpeller le public de manière sensible et nous nourrir des réactions.


Quelles suites pour Cinética ?

L’installation Cinética avec son application fait maintenant partie des dispositifs que nous allons utiliser pour exposer les données de mobilité issues du réseau Orange.
L’intérêt de l’installation est qu’elle peut être montrée dans différentes villes avec les données de mobilités locales ! Les représentations visuelles produites vont également pouvoir évoluer au fil des réactions du public. Les expériences Cinética vont enrichir la réflexion des usages futurs des « data ».

RETOUR SUR LA CONFÉRENCE : LA MÉDIATION DE LA CONNAISSANCE A L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

Publié le 10/10/2016

Pour lancer le cycle prospectif "Le livre et la lecture dans 5 ans", Olivier Ertzscheid et Sandra Mellot nous ont exposé, jeudi 6 octobre 2016, les mutations qui se dessinent dans le métier de médiateur à l'heure où les algorithmes et outils numériques prennent de plus en plus le pas sur la relation interpersonnelle. Combat Homme - Machine ? Quels sont les atouts de chacun et comment l'un et l'autre peuvent s'influencer ? Retour sur ce premier temps d'échanges.

J’AI TESTÉ : LA VISITE DES EXPOS GUIDÉE PAR DAVID OLIVARI

Publié le 05/10/2016

Pendant Scopitone, des visites « pros » étaient proposées aux professionnels et aux amateurs éclairés. Trois parcours au choix pour découvrir la programmation du festival, guidé par David Olivari, artiste ingénieur très au fait des enjeux technologiques et artistiques posés par l’art numérique. Nicolas, membre de The Crew, a suivi pour nous le guide, et nous rapporte ses 4 coups de cœurs !

Cinética – Martial Geoffre-Rouland (FR)
 

Passage Sainte-Croix se trouve Cinética, miroir des pérégrinations nantaises. Rendant visuelles les données émises pas votre smartphone et acquises via l’application éponyme, l’œuvre dresse un tableau lumineux mouvant, représentation instantanée de vos déplacements au travers de la ville.

Si l’œuvre permet de mettre un visage sur ces données obscures que votre téléphone échange avec la matrice, elle met surtout l’accent sur deux points fondamentaux : l’importance cruciale qu’auront les datas dans l’avenir proche (rappelez-vous du DINO, Data Is the New Oil !), puis le travail collaboratif entre esthètes passionnés.

Car ce que dévoile à grande peine Cinética, c’est l’envers du décor, le hardware. L’œuvre ne montre que sa finalité, tout son process étant puni contre le mur. Si l’on prend le temps de jeter un œil derrière les finitions léchées de son recto, on y un petit bijou d’électronique réalisé de concert entre l’artiste, le Labo arts & techs de Stereolux, Orange Labs et le Fabmake. Un beau travail d’équipe qui, pour l’avoir vécu, ravira les pupilles des geeks les plus avertis.

 

Diapositive 1.2 – Children of the Light (NL)

Un seul mot, délicatesse.

Comment définir autrement un simple cerceau suspendu dans le vide du bunker, uniquement encadré de lumière et de fumée ?

Le clair, l’obscur, la lumière et la volupté. L’air est épais, l’atmosphère vous enveloppe, et vous vous laissez tranquillement bercer par la ronde cinétique du cercle en suspension.

L’œuvre est remarquable car elle ne poursuit aucun dessein technique ou technologique, elle court simplement après les sensations, et elle y arrive !

C’est un merveilleux travail de contraste, de plein et de vide autour d’un seul élément géométrique circulaire, qui vient perturber votre compréhension, déjà toute relative, de l’espace.

A un moment, les yeux rivés sur l’œuvre, vous penserez évidemment avoir trouvé la supercherie, et vous vous auto-congratulerez de tant de perspicacité.

Attendez que quelqu’un y passe la main.

 

Memory Lane – Félix Luque Sanchez & Iñigo Bilbao (BE/ES)

On monte l’escalier vers la Plateforme Intermedia de Stereolux au petit trot, et on arrive pile poil face à Memory Lane : deux écrans et un bloc de roche en lévitation.

Sur les deux écrans, une vidéo époustouflante. Subtil travail de numérisation 3D d’un paysage et de traitement graphique en nuage de points récoltés, Memory Lane vous plonge dans un univers visuel complexe à définir. A l’intersection entre des paysages lunaire, terrestre et céphalique, l’œuvre questionne la représentation de la mémoire et esquisse un voyage intemporel de l’hippocampe vers le cortex, traversant les limbes cérébrales de la mémoire, un bijou.

 

Clones – Félix Luque Sanchez (BE/ES)

Avouez-le, vous avez déjà tenté de faire tenir un balai en équilibre sur votre doigt, et vous n’aviez pas l’air malin… Clones, c’est vous à cet instant, mais avec plus de classe.

Deux pendules face à face, qui vont tenter de se mettre en équilibre à la verticale. Le résultat est clairement canon, car il présente une démonstration de vos propres sens, vous humains.

Voir les machines s’évertuer à faire tenir leur charge à la verticale, c’est se rappeler tous ces instants de déséquilibre que vous avez vécu, ces moments d’intense concentration où vous faisiez appel à toute votre dextérité pour éviter la chute pourtant préméditée. Vous allez vous prendre au jeu, espérer que l’équilibre résiste, que l’œuvre soit capable de lutter contre la gravité, vous allez retenir votre respiration, car vous partagerez les efforts passionnés de la mécanique.

 

Les œuvres numériques présentées à Scopitone 2016 semblent être à l’intersection entre data et sensibilité, et questionnent résolument les utilisations variées qui seront le produit, à terme, de ces données quotidiennement échangées.

Chaque œuvre se distingue habilement, qu’il s’agisse d’un parti pris esthétique ou technologique, mais les plus remarquables restent indubitablement celles dont la mise en scène a été éprouvée, entraînant le spectateur non pas dans l’observation d’un objet dans l’espace, mais bien dans l’appréhension dudit espace, grâce à l’objet lui-même.

 

Par Nicolas Houel

Vous avez dit data visualisation ?

Publié le 15/09/2016

Les ‪données‬ sont au cœur de notre société ! Mais comment se les représenter pour mieux en percevoir le sens ?
Au-delà des différentes formes de data vizualisation, souvent schématiques, comment proposer des représentations susceptibles de nous toucher différemment : provoquer une émotion, une connaissance, une acceptation ou une compréhension ?

La table-ronde "La matérialité des données" proposée dans le cadre de Scopitone le jeudi 22 septembre se propose de faire un tour d'horizon des possibles ! 
Pour vous faire patienter, Rose Dumsney, designer et doctorante chez Sense, Orange Labs et Projekt, Unîmes, nous propose une première immersion dans le monde de la data visualisation avec plusieurs illustrations aussi ludiques que scientifiques.

 

1. Bois, mousse ou métal, quel serait la matière de vos données ? 

Projet Valise à data - Sense, Orange Labs
"La Valise à Data est le parfait kit du data-scientist de la donnée sensible : elle contient un répertoire de formes et de matières sur lesquelles il s’appuie pour conduire des entretiens d’association data-matière avec des volontaires. Par la médiation sensible de la valise à data l’internaute est invité à se poser des questions du type : un SMS est-il un petit caillou, une bille de métal ? L’accumulation des data-portraits ainsi réalisés alimente un catalogue illustré de la donnée sensible où se donnent à voir les régularités et les singularités des appréhensions de chacun de la trace numérique."

  

2. Comment faire ressentir le pouls de la ville ? 

Projet SonaR - Sense, Orange Labs​
Matérialiser le réseau mobile d’un opérateur à travers la « sonification » de l’activité de ses antennes, voilà l’objectif premier du projet SonaR. La ville s’anime à travers l’activité de téléphonie mobile des habitants. Le réseau ne s’entend pas mais il est présent en permanence pour connecter les gens entre eux et établir les échanges. Le projet SonaR offre donc de restituer d’une manière sonore et visuelle l’activité du réseau mobile à travers la perception sensible de l’activité humaine. Un design sonore a permis de « donner un son » aux événements qui traversent les antennes : les sms envoyés et reçus, les appels émis et reçus et les données consommées. Ainsi, la ville s’écoute, à chaque quartier ses tonalités. Nous avons créé des sons spécifiques pour représenter l’activité humaine de la ville à travers les données de l’opérateur ; de cette façon, la ville se voit donc dépeinte aussi bien dans son quotidien que dans de ses évènements les plus exceptionnels."

 

 

 

3. Êtes-vous plutôt carotte ou patate ? 

Projet Le potager d'app.Algopol - Sense, Orange Labs ​
"Le potager d’app.Algopol propose de s’extraire des représentations des graphes sociaux en rond et en traits, en comparant son réseau d’amis Facebook à un légume. Ainsi deux groupes d’amis distincts deviennent une courge et le petit pois raconte des déménagements successifs. "

  

unfold : une rencontre entre arts et sciences orchestrée par Stereolux

Publié le 20/07/2016

Comment donner à voir – et même à ressentir – plusieurs milliards d’années d’histoire des étoiles et des galaxies en huit minutes ? L’artiste japonais Ryoichi Kurokawa relève le défi avec son installation audiovisuelle unfold  fruit d’une collaboration, initiée par Stereolux, avec l'astrophysicien Vincent Minier du CEA Saclay.

Cette fusion arts - sciences est née il y a deux ans, suite à l’événement ExplorNova[immersion] auquel était associé le Labo Arts & Technologies de Stereolux, et qui ambitionnait de réfléchir à de nouvelles formes de médiations scientifiques et techniques à travers les arts numériques. A l’issu de cette collaboration, Stereolux provoque une rencontre déterminante entre l’artiste Ryoichi Kurokawa et le scientifique Vincent Minier, travaillant sur le télescope spatial Herschel. Avec unfold, l’artiste se sert des données astrophysiques livrées par cet outil ultramoderne pour créer une œuvre en forme d’immersion tant physique, que visuelle (trois écrans verticaux disposés telle une parabole).

Cette installation, présentée en première française à Scopitone 2016, après une inauguration au FACT de Liverpool, crée une intense et troublante impression de déploiement des sens, inspirée de données pourtant difficilement imaginables par le commun des mortels (plusieurs centaines de Téra d’informations ont été transmises à l’artiste par le CEA Saclay…). Un travail novateur sur le temps et la perception de l’espace typique de l’œuvre de Ryoichi Kurokawa, rendu possible grâce à une coproduction internationale d’envergure, née dans les murs de Stereolux.

Rob’autisme : un partenariat original qui initie une expérimentation inédite (2016)

Publié le 19/07/2016

Depuis 2014, des ateliers culturels initiant de jeunes autistes à la manipulation du robot humanoïde Nao ont été mis en place par Stereolux, le Centre psychothérapique Samothrace (CHU de Nantes), l'association Robots! et l'École Centrale de Nantes. Ce projet a initié une rencontre entre le monde de la psychothérapie, le monde de la robotique et celui des arts, et impulsé une expérimentation inédite et prometteuse.

Depuis 2012, le CHU de Nantes et Stereolux se sont associés pour proposer des ateliers de création sonore auprès de jeunes autistes. En 2014, la rencontre avec Sophie Sakka, chercheur en robotique à Centrale Nantes et responsable de l’association Robots!, a permis d’amplifier ces ateliers en proposant aux adolescents une découverte du monde de la robotique.

Les ateliers Rob’autisme proposent à six adolescents souffrant de troubles du spectre autistique de programmer le logiciel qui permet de gérer les mouvements et la voix du petit robot Nao, bien connu du grand public. C'est la première fois qu’un public spécifique est acteur même du processus de création et de programmation du robot. Les enfants programment eux-mêmes le robot, décident ce qu’ils vont lui faire dire, ressentir ou faire comme mouvement.

Dès les premières séances, l’équipe médicale a constaté un impact positif à plusieurs niveaux sur les adolescents : leur capacité à expérimenter, à communiquer au sein du groupe ainsi qu’une nette amélioration durable de leur quotidien, en dehors des séances, notamment dans la sphère familiale. Après un travail d’observation lors des ateliers, un travail de recherche-action a été lancé au CHU de Nantes début 2016 pour élaborer un protocole et lui donner une dimension plus large, il est en effet envisagé d’étendre cette innovation thérapeutique à d’autres publics.

 

Retrouvez la restitution intégrale ici.

De quoi le livre numérique est-il le nom ?
(par Anaïs Guilet)

Publié le 13/06/2016

Ebooks, livres homothétiques, enrichis, augmentés, interactifs, le livre numérique possède des contours pour le moins flous. Il est une sorte d’O.L.N.I. (Objet Littéraire Non-Identifié), dont la difficulté à le dénommer témoigne de son statut d’objet encore en construction. Mais que désigne le terme de « livre numérique » exactement ? 

Du livre homothétique…

Le marché du livre numérique a commencé à prendre de l’essor à partir de 2003 et, depuis 2010 environ, la grande majorité des nouveautés publiées par les maisons d’édition est également disponible en version dites « homothétiques », c’est-à- dire dans une transposition strictement identique au livre papier déjà existant.

Néanmoins, cette idée d’un livre numérique reproduisant exactement le texte papier peut paraître trompeuse tant elle semble insinuer que la transposition numérique n'apporte à elle seule aucun changement. Or, à part dans le cadre des numérisations d’ouvrages telles que les pratiques par exemple la B.N.F. depuis 1998 avec Gallica, la majorité des livres homothétiques mis à disposition par les éditeurs nécessitent un travail de « mise en numérique »: polices de caractère, sommaires interactifs, recherche de mots, dictionnaire etc. nécessitent du codage.

…au livre enrichi

Ce qui nous conduit au livre enrichi qui utilise les possibilités techniques du format numérique afin d’apporter des éléments de contenu supplémentaires. Ce type de livre numérique a pu se développer particulièrement grâce à l’ePub, un format de fichier non propriétaire qui tend à devenir un standard pour l’édition de livre numérique. L’ePub a l’avantage d’être une forme ouverte qui, parce qu’elle se base sur le langage HTML, permet de produire des œuvres hybridant les formats propres au Web et à l‘imprimé.

Le livre numérique peut alors intégrer toutes les caractéristiques de l’hypermédia : image, son, animation, vidéo, et hyperliens.

 « Cette obscure clarté »1 qu’est le terme livre numérique 

 Livre homothétique ou enrichi, la persistance du terme livre doit être ultimement relevée. Parler de livre pour décrire toutes les œuvres littéraires sur nos écrans, ne constitue-t- il pas un abus de langage ?  Si l’on reprend la définition du dictionnaire, le livre est un « assemblage d’un assez grand nombre de feuilles (…), portant des signes destinés à être lus »2 .

Ainsi, du point de vue de leur matérialité, les œuvres disponibles sur tablettes ou liseuses ne sont pas des livres. Le terme « livre numérique » apparaît alors comme un oxymore, ce-dernier ne pouvant être à la fois constitué de 0, de 1 et de papier. Et c’est en tant que tel que le livre numérique est le plus intéressant.

A travers la reprise de ce mot, il démontre à quel point il est encore difficile de penser la chaîne éditoriale ou même la littérature hors de ce paradigme culturel incontournable qu’est le livre. Inutile de remonter jusqu’à Gutenberg pour prouver son importance historique fondamentale. Si le dictionnaire définit le livre essentiellement en tant que support de texte, chacun sait qu’il est l’objet d’une symbolique et d’une aura qui dépasse sa simple matérialité.

C’est ce caractère symbolique que les éditeurs numériques cherchent à intégrer en persistant à désigner par « livre » ce que nous pourrions peut-être plus justement décrire comme des œuvres hypermédiatiques du fait de leur appartenance au numérique et de leurs caractéristiques hypertextuelles ainsi que multimédia. C’est que le terme de « livre numérique » a pour le moins une dimension rassurante pour les éditeurs, les auteurs, comme pour les lecteurs non-initiés à l’hypermédia.

De plus, il permet de maintenir l’aura littéraire de ces productions. Comme le fait remarquer la chercheuse Nolwenn Tréhondart :

« Aujourd’hui, le livre numérique est tiraillé entre la tradition du livre papier, dont il imite parfois les formes et les figures, et des innovations formelles parfois si audacieuses qu’elles déconcertent le lecteur. Nous sommes en présence d’un objet aux formes encore expérimentales, en quête d’identité, dans une recherche permanente entre fond, forme et finalité de lecture. » 3

Et ce sont ces dimensions expérimentales qui seront explorées lors de la table-ronde qui aura lieu à Stereolux le 22 juin prochain, en compagnie de Guillaume Vissac de publie.net, de Karine Duperret de l’Apprimerie et de François Millet à l’initiative du projet Nouvelle page.

1. Le Cid, Corneille
2. Le Petit Robert. Paris : Dictionnaires le Robert, 2004, p. 1503.
3 Nolwenn Tréhondart, « Le livre numérique, un objet textuel non identifié » dans le dossier : « Les métamorphoses numériques du livre III », Dazibao : revue de l’agence régionale du livre PACA, n°36, pp42-44, mars 2013, en ligne :http://www.livre-paca.org/public_data/publication/1457003674/daz36.pdf, consulté le 13/06/2016.

Anaïs Guilet
Maîtresse de conférences en Lettres et en Sciences de l’information et de la communication
Université Savoie Mont Blanc
Laboratoire LLSETI, équipe G-Sica
www.cyborglitteraire.com