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Labo Arts & Techs

L’art de passer son code avec openFrameworks

Publié le 17/03/2016

Les 20 et 21 janvier, Stereolux consacre la troisième édition des Journées du code créatif à la découverte d’openFrameworks, un outil de création artistique puissant, de plus en plus plébiscité.
Pour apprendre à jouer du code sans complexe.
// Carine Claude

Œuvres d’art génératives, installations interactives, performances audiovisuelles… Au détour d’une exposition d’art numérique, vous vous êtes peut-être demandé comment fonctionnait tel ou tel dispositif réagissant à la voix, aux gestes ou aux déplacements.

Il est fort probable que l’artiste ait utilisé openFrameworks , une bibliothèque logicielle de création open source constituée de sons, d’images ou encore d’outils de vision, assistée par ordinateur et permettant une infinité de combinaisons pour jouer entre l’environnement physique et le monde virtuel. Ce qui explique son succès auprès des designers et des artistes multimédias. Et de plus en plus auprès de passionnées non-professionnels. Car longtemps réservé aux plus geeks, l’apprentissage de la programmation informatique se fait de plus en plus créatif et ludique, s’invite dans les écoles, les médiathèques, les établissements culturels. Si un logiciel comme Processing fait figure de bonne porte d’entrée, openFrameworks s’avère être un excellent moyen d’aller plus loin.

Stereolux dédie la troisième édition de ses Journées du code créatif à la découverte de ce dernier outil qui, de l’avis des organisateurs, « ressemble à s’y méprendre à une baguette magique ». Une affirmation que ne va pas contredire l’artiste-hacker Zachary Lieberman, cocréateur d’openFrameworks et fondateur de la School for Poetic Computation, invité pour introduire la série de conférences, workshops et performances de l’événement. Son travail joue de l’hybridation des genres entre design informatique, créations audiovisuelles et interactions homme/machine. D’ailleurs, son projet EyeWriter, qui permet de dessiner juste en détectant les mouvements oculaires, avait été retenu par le Time comme l’une des dix meilleures inventions de l’année 2010, compte tenu de son potentiel d’applications, par exemple pour des patients atteints de paralysie.

OpenFrameworks, une success story made in MIT

Mais cet artiste-chercheur doit aussi sa renommée au succès d’openFrameworks, qui fédère aujourd’hui une impressionnante communauté d’artistes-programmateurs du monde entier et ne cesse de s’enrichir de contributions et de tutoriels, sur son site ou sur les forums comme celui du Codelab.

Comme souvent, l’histoire de cette réussite informatique démarre au MIT Media Lab, un labo du prestigieux Massachussetts Institute of Technology, véritable vivier d’idées révolutionnaires dans les domaines du design, du multimédia et des nouvelles technologies. A l’origine, en 2001, l’artiste Ben Fry (membre d’Aesthetics+Computation, l’un des groupes du Media Lab) avait imaginé Processing comme un environnement de développement libre, destiné à la création d’animations 2D et 3D et plus simple que Java. Pour ses besoins, il avait créé une bibliothèque, passée ensuite dans les mains de l’artiste-ingénieur Golan Levin, puis dans celles de Zachary Lieberman, son étudiant à l’époque. C’est avec ses compères Theo Watson et Arturo Castro que ce dernier l’a fait évoluer vers ce qui deviendra openFrameworks, qui permet en outre de se familiariser de manière plus fluide avec le langage informatique C++ réputé – avec raison – difficile d’accès.

Pas de panique, l’intérêt d’openFrameworks est d’être rapidement opérationnel et de pouvoir réaliser des projets créatifs dans un langage informatique relativement simplifié. A moins de se lancer dans les grandes manœuvres, comme l’installation immersive lumineuse et sonore Light Leaks de Kyle McDonald (également présent à Stereolux en janvier) et Jonas Jongejan, présentée lors du dernier festival Scopitone en septembre 2015. Les cinquante boules à facettes de l’œuvre, reflétant la lumière en mouvement de trois projecteurs, transforment en permanence la salle où elles sont exposées, brouillent les repères spatiaux, modifient les perceptions du visiteur. Une vision pointue et poétique de l’art algorithmique vue par le prisme d’openFrameworks.

+ d’infos sur les Journées du code créatif #3 – openFrameworks les 20 et 21 janvier

Journées du code créatif #3 : openFrameworks

Publié le 17/03/2016

Créé dans la continuité de Processing par Zachary Lieberman et Theo Watson, openFrameworks est un outil de programmation artistique open-source conçu pour et par des artistes pour créer des œuvres d'art génératives, des installations interactives ou des performances audiovisuelles. Stereolux propose les 20 et 21 janvier prochain de découvrir et d’expérimenter les possibilités créatives d’openFrameworks avec des workshops, des conférences, des performances et une exposition.


JOURNÉES DU CODE CRÉATIF #3
/ openFrameworks

Les Journées du code créatif, troisièmes du nom ! Cette année, celles-ci sont consacrées à openFrameworks, cet environnement de création (en open source, cela va de soi) de dispositifs interactifs et génératifs, inspiré directement de la philosophie de Processing, dont il reprend certaines fonctionnalités en les « boostant » – dans ce sens, openFrameworks est un peu à Processing ce que le côté obscur est à la Force : plus rapide, plus puissant (plus séduisant ?), utilisant en outre le langage de programmation C++, très élaboré mais dont le maniement requiert une certaine technicité. Utilisé par les professionnels des arts numériques et du spectacle vivant dans la conception d'installations, d'objets de design et de tant d'autres, il offre une infinité potentielle d'applications créatives. Les Journées du code créatif se proposent donc de faire découvrir cet outil extraordinaire au grand public, grâce à des invités prestigieux et à une série de conférences, de performances et de workshops (programmation en cours), afin de rendre compte du foisonnement créatif suscité par un outil qui ressemble à s'y méprendre à une baguette magique.

 

PROGRAMME

Avec
Zachary Lieberman (co-créateur d'openFrameworks)
Sarah Howorka
Kyle McDonald
Elliot Woods
Martial Geoffre-Rouland
Germain Aubert
Laurent Malys


openFrameworks [EXPO]
Du 11 au 24 janvier de 11h00 à 17h00
WeCode Expo "IF" première étape (par Jesse Lucas)
Hall - gratuit

openFrameworks [CONFÉRENCE ET KEYNOTES]
Mercredi 20 janvier de 14h à 16h
Conférence d’ouverture et keynotes avec Zachary Lieberman, co-créateur d'openFrameworks : "openFrameworks / Together we know more"
Keynotes de Sarah Howorka, Kyle McDonald et Elliot Woods
salle Micro - gratuit sur réservation

openFrameworks [WORKSHOPS DÉBUTANTS] 
Mercredi 20 janvier de 16h à 18h30
4 workshops débutants au choix avec Sarah Howorka, Laurent Malys, Germain Aubert, Martial Geoffre-Rouland
plateau Multi - gratuit sur réservation

openFrameworks [WORKSHOPS INITIÉS] 
Jeudi 21 janvier de 10h à 17h
4 workshops initiés au choix avec Martial Geoffre-Rouland, Kyle McDonald, Elliot Woods et Zachary Liberman
plateau Multi - gratuit sur réservation

openFrameworks [APÉRO CODE CRÉATIF + PERFORMANCE]
Jeudi 21 janvier de 18h30 à 22h30
Présentation de projets et performance de Zachary Lieberman
salle Micro - gratuit

 

Merci à Bérenger Recoules, qui a contribué à la création (en 2012), et à l'organisation des Journées du Code Créatif.

Visuel © Martial Geoffre-Rouland

RETOUR SUR LA CONFÉRENCE 1024 : ARCHITECTURE, RYTHME ET LUMIERE

3 déc. 2015

Publié le 17/03/2016

Jeudi 3 décembre dernier, l'auditorium de l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes affichait complet. De nombreux étudiants et autres auditeurs libres sont venus assister à la conférence de Pier Shneider de 1024 Architecture, qui est notamment revenu sur les multiples projets portés par le label : architectures éphémères et augmentées, scénographie, installation audiovisuelles, performances...
Retour sur cette conférence, en images, son et slides... lumière !

RETROUVER LE SUPPORT DE LA CONFÉRENCE

 

Dossier lumière et numérique

Publié le 17/03/2016

Comment la lumière ré-enchante la ville ? EP 3/3

Publié le 17/03/2016

Comment la lumière ré-enchante la ville ? EP 2/3

Publié le 17/03/2016

Comment la lumière ré-enchante la ville ? EP 1 /3

Publié le 17/03/2016

La lumière interactive vue par Annie Leuridan

Publié le 17/03/2016

Annie Leuridan (scénographe lumière) explique la notion de lumière interactive, dans le cadre du "cycle lumière & numérique : de la scénographie à la ville intelligente" organisé par le Laboratoire Arts & Technologies.

Quand on parle de lumière interactive et immersive, il me semble qu'on envisage tout de suite la lumière artificielle, et je pense qu'il faut s'interroger sur la lumière naturelle. La lumière naturelle est source intarissable d'effets et de nuances.

J'aurais - d'entrée de jeu - envie de dire que la lumière est par définition immersive et interactive. Nous sommes baignés de lumière et ses effets sont immédiat sur la peau qui par réaction produit de la mélanine par exemple. Ses effets sont immédiat sur nos sens : Je ne me lève pas de même humeur selon qu'il fasse grand soleil ou petit matin gris. Il fait beau, je souris. Je regarde un vitrail, je suis émue. Je regarde un paysage, j'en prends la mesure.

La lumière nous touche donc et non seulement parce qu'elle génère des émotions à sa simple vue. La lumière nous baigne et s'imprime à nos corps. Et est aussi dans sa frange visible et invisible ce rayonnement indispensable à la vie qui par le processus de photosynthèse transforme la biomasse et agit sur l'espace en produisant sa croissance.

On pourrait tenter de faire la lumière là dessus. Etre des lumières. Etre pleins d'idées lumineuses à brasser. Que l'on se souvienne aujourd'hui que la lumière a aussi à voir avec la Connaissance. Telle en témoigne ce qui s'est appelé le Siècle des Lumières.

Il y a un donc pour moi un « toujours déjà là » de la lumière. Elle est là avant même de la considérer comme ce qui fabrique de l'image. Et maintenant, aujourd'hui, soudain - dans un lent soudain – cette lumière qui baigne a besoin d'être rappelée à notre bon souvenir, comme si la prépondérance de l'image n'était pas si innocente à nos corps. Parce que nous sommes empreints d'images. Nous sommes baignés d'images à ne plus savoir qu'en faire, baignés dans un rythme de parution de ces images toujours plus rapide qui confine parfois à la sidération.

Je ne saurais m'engager sur la primauté de l'oeuvre sur l'outil pourtant il semble que la rencontre de nouveaux outils fait création : la Perspective à point de fuite posée comme modèle de représentation à la Renaissance, les couleurs en tubes permettant aux Impressionnistes de sortir de l'atelier, les daguerréotypes jusqu'au smartphone, l'électricité puis l'ampoule incandescente, le néon, les leds faisant de la lumière la matière même de l'oeuvre.

Travailler la lumière immersive et interactive n'est donc pas nouveau . De nombreux artistes travaillent à sa matérialisation bousculant notre perception (James Turrell – Ann Veronica Janssens), transforment volume et espace (Robert Irwin), se jouent de ses reflets (Julio Le Parc) utilisent les sources (François Morellet – Carsten Höller), les détournent et les tordent. Rafael Lozano Hemmer fait vivre ses installations aux rythmes du battement du coeur des spectateurs. Les nouvelles sources ont ouvert de nouveaux champs : le laser ( Edwin van der Heide), les leds (United Visuel Artists).

Les nouveaux pilotes en démocratisent l'usage.

Fiat Lux. 

Cycle lumière & numérique : de la scénographie à la ville intelligente

Publié le 17/03/2016

 

Dans le prolongement du festival Scopitone, qui mettra la lumière à l’honneur dans les créations présentées, et à l’occasion de l’Année internationale de la lumière proclamée par l’UNESCO, le Laboratoire Arts & Technologies de Stereolux met en place une série d’événements sur ce thème.

Bien loin de se limiter à une simple fonction d’éclairage, les dispositifs lumineux sont en effet devenus un enjeu important d’innovations et de développements technologiques, dans des domaines aussi variés que la ville, la santé, l’informatique, l’art ou encore l’environnement.

Évolutions technologiques, mais aussi nouveaux usages, permettent aujourd’hui d’envisager de nombreuses applications susceptibles de changer notre regard sur la lumière. Intimement liée à la micro-électronique et couplée à des technologies numériques permettant de la contrôler, de la modifier et de la façonner de manière inédite, la lumière est plus que jamais un sujet de création et d’invention.

Ce cycle abordera la question des nouveaux enjeux que ces hybridations entre lumière et technologies numériques soulèvent, en particulier dans les champs de la création et de la ville ; il proposera un regard prospectif sur le sujet en esquissant des pistes de réflexion et de création pour les chercheurs, artistes, designers ou ingénieurs souhaitant s’en emparer. Il se déclinera à travers différents événements, répartis entre septembre et novembre 2015.


Table ronde : les nouveaux usages de la lumière, des arts numériques à la ville intelligente (dans le cadre de Scopitone)
>16 septembre de 18h30 à 20h30 - Bâtiment B - Gratuit
La lumière n’est pas seulement le matériau de prédilection des artistes numériques, elle est aussi l’enjeu d’innovations technologiques. Comment vont-elles changer les usages et les applications des dispositifs lumineux ? Et comment appréhender et travailler ce matériau qui n’en est pas vraiment un ?

 

Liste des événements :

LUMIÈRE ET SCÉNOGRAPHIE

Workshop : la lumière comme matière scénographique dans le spectacle vivant (dans le cadre de Scopitone)
> 17 et 18 septembre de 9h30 à 18h30 - Salles Multi - tarif plein 20€ / réduit 15€
Expérimentez les scénarios possibles d’adaptation scénique du dispositif d’écriture lumineuse développé par Thomas Pachoud (optique adaptative et développement d'un logiciel pour contrôler le faisceau lumineux comme une matière architecturale), animé par l’artiste et ingénieur présent à Scopitone avec son oeuvre Hyperlight.

Workshop lumières interactives : creative coding pour le spectacle vivant
> 3 et 4 novembre de 9h30 à 18h30 - Salles Multi et Salle Micro - tarif plein 30€ / réduit 15€
Comment créer de la générativité et de l’interactivité sur scène à partir d’un langage de programmation (Processing), de mapping vidéo et de la lumière ? Comment croiser le code génératif avec la vidéo et la lumière pour créer de nouvelles applications scéniques ? Les participants auront pour champ d’exploration et d’expérimentation la salle Micro de Stereolux, équipée de son matériel de pointe. Avec Tomek Jarolim.

Conférence : lumière, interactivité et immersion
> 4 novembre de 18h30 à 20h30 - Salle Micro - Gratuit
Les créations lumière contemporaines modifient les règles scénographiques et notre rapport à la scène. Comment les innovations technologiques se mettent-elles au service d’un propos artistique ? Comment exploiter le potentiel interactif et immersif de la lumière ? Avec Annie Leuridan et Tomek Jarolim.
 

LUMIÈRE ET VILLE

HACKATHON - Signalétique, lumière et séparations d’espaces
> Les 9, 10, 23, 24 et 25 novembre de 9h30 à 18h30 - Centrale des Artisans Coiffeurs - gratuit
Cet événement en deux temps (deux jours d’idéation, trois jours de prototypage) proposera à trois équipes d’imaginer trois dispositifs urbains autour de trois axes (signalétique, lumière et séparation d’espaces), avec la Centrale des Artisans Coiffeurs pour terrain d’expérimentation.

Conférence & ateliers dans le cadre du hackathon La Centrale
> Le 19 novembre de 9h30 à 18h30 - Stereolux & Bâtiment B - gratuit
Une matinée de travail autour des idées ayant émergé du premier temps du hackathon, et un après-midi de conférences ouvertes à tous pour approfondir les trois axes de ce cycle.

Restitution du hackathon
> Le 1er décembre de 18h30 à 20h30 - Centrale des Artisans Coiffeurs - gratuit
Découvrez les prototypes imaginés par les participants du hackathon, qui seront ensuite expérimentés dans le bâtiment de la Centrale (28, boulevard Bénoni Goullin à Nantes). L’occasion de revenir sur les questionnements et les pistes de réflexion soulevés par ce hackathon, ainsi que sur l’avenir de nos espaces publics. Organisateurs : Stereolux, Cluster Quartier de la Création / SAMOA, Chaire Environnements connectés Banque Populaire Atlantique – LIPPI de L’École de design Nantes Atlantique

Les lumières de la ville

Publié le 17/03/2016

Depuis plusieurs années, notamment grâce au développement des nouvelles technologies, l’éclairage public est devenu un sujet d’innovation et de réflexion dépassant largement sa dimension fonctionnelle originelle. Nous sommes allés à la rencontre d’un expert en la matière, l’urbaniste et philosophe Marc Armengaud, de l’agence AWP. L’auteur de Paris la nuit, chroniques nocturnes (Pavillon de l'Arsenal, 2013) voit en la fée électricité une « culture civilisationnelle majeure » en mouvement, passant de support de vie urbaine à « matière artistique ».
// Gwendal Le Ménahèze


L'éclairage d'une ville modifie-t-il la vie de ses habitants?

La nuit, les oppositions se floutent. Quand il apparaît, sous Louis XIV, l'éclairage public est vu comme un prodige, une rupture dans l'histoire de l'humanité. Subitement, la nuit appartient à tous, plus seulement aux nobles qui ont les moyens de s'éclairer. Le travail ouvrier passe en 24/24, impliquant un éclatement de la famille, mais fleurissent aussi restaurants, spectacles, bals... Cette obscurité surmontée est une révolution.

Santé, environnement, perte du ciel étoilé... L'éclairage public est sujet à critiques.

Toutes les technologies suscitent des critiques vis-à-vis d'un équilibre antérieur déstabilisé. Il est possible que ces débats marquent le début d'un retour à plus de nuit profonde. Mais demander à des métropoles d'être à la fois championnes de l'écologie, polarités touristiques, lieux où il fait bon vivre, où on peut s'amuser et travailler, accueillir des riches et des pauvres... On ne peut pas tout faire partout. Après-guerre, les technologies d'éclairage routier ont été utilisées sans discernement par les services techniques des villes. On s'est retrouvé avec des rues de 3,5 mètres de large équipées de mâts d'autoroute de 25 mètres ! C'est ça, la vraie pollution lumineuse : utiliser des moyens sans rapport avec la situation, qui font qu'on éclaire trop, mal, avec du matériel agressif, laid...

Comment remédier à ces nuisances ?

Les LED offrent une lumière qualitative et beaucoup moins impactante. On peut ainsi garder la culture de l'éclairage, sans qu'il soit diffusant, sans gâchis de projection lumineuse. Ça a l'air génial, mais on vit un manque d'inventivité. Avant, certains concepteurs d'éclairage venaient du cinéma, du show-business... Maintenant, il n'y a que des techniciens. Le créatif doit contribuer à l'émergence de nouveaux langages lumineux.

Quels peuvent être ces nouveaux langages lumineux ?

Selon les moments de la nuit, on varie les intensités et les modes d'éclairage. Cela va jusqu'à l'extinction des feux, avec des capteurs qui les rallument quand vous passez. Il faut aussi explorer le spectre de la lumière. Jusqu'à présent, les LED privilégient des couleurs primaires, très intenses. Il faut de la nuance, de la finesse. On progresse dans l'optique, les LED seront vite périmées. D'ici quinze ans, on ira vers de nouveaux systèmes d'information lumineuse. Internet, lumière, son, tous les médias sont développables par le numérique. Vous aurez une application pour déclencher tel ou tel programme lumineux : de l'éclairage saisonnier, de l'éclairage « soirée festive », de l'éclairage « j'ai rencontré une femme qui me plaît »...

Les nouvelles technologies ont donc un rôle primordial.

L'association de la lumière au son ou à d'autres sens, olfactif par exemple, est à ses tout débuts. Votre téléphone vous géolocalise et propose des informations liées à l'endroit où vous vous trouvez. L'interaction entre le lieu et des dimensions périphériques qui peuvent s'actualiser là où vous êtes s'applique aussi à la lumière, qui peut devenir une composante essentielle de ces expériences augmentées. Il faut tester toutes les initiatives. On a besoin de plus d'expérimentation.

Les animations son et lumière se multiplient. La lumière devient-elle un medium artistique à part entière ?

Au XIXe siècle, la nuit urbaine inspire déjà poètes, peintres, compositeurs, qui y voient un moment poétique majeur, où les choses se révèlent sous un autre aspect et où on perd pied, où les logiques du jour s'épuisent. Aujourd'hui, des pistes viennent du multimédia, comme les façades lumineuses et la programmation, qui permet une écriture de la lumière en mouvement, des scénarios lumineux dans lesquels on se déplace. Les boulevards ne seront plus sculptés par des fontaines ou des statues, mais deviendront des espaces lumineux quasi tridimensionnels. Les villes sont de plus en plus construites, saturées. On est obsédé par le patrimoine, mais on veut des expériences nouvelles. La lumière va devenir un champ d'expérimentation, une matière. Elle peut être vue non plus comme un support pour communiquer, se déplacer ou faire la fête, mais comme un espace de création, d'expression, d'invention.

Éteindre la lumière, c'est tuer la ville ?

Non, elle se réinventerait. Mais ce serait un déni de réalité. La ville est un organisme complexe, multi-couches. Qui n'est pas d'accord avec la modération de l'impact de l'éclairage ? Mais on ne résout pas les problèmes en appuyant sur un seul bouton. C'est infantile. Nous devons résister à ces formes de simplification et y répondre par des projets.