Logo Stereolux

Rob’autisme Comment Nao aide de jeunes autistes à communiquer

De novembre 2014 à juin 2017, des ateliers culturels initiant de jeunes autistes à la manipulation du robot humanoïde Nao ont été mis en place par Stereolux, le Centre psychothérapique Samothrace (CHU de Nantes) et l'association Robots! en partenariat avec l'École Centrale de Nantes. Ce projet a permis une rencontre entre le monde de la psychothérapie, le monde de la robotique et celui des arts, initiant une expérimentation inédite.

Les origines du projet

Depuis plusieurs années, le CHU de Nantes (et plus précisément son hôpital de jour, le Centre psychothérapique pour grands enfants et adolescents) propose un atelier sonore auprès de jeunes autistes mené par l’orthophoniste Rénald Gaboriau. En 2012, suite à la rencontre avec Stereolux, espace de création et de diffusion destiné aux musiques actuelles et aux arts numériques, cet atelier a intégré l’intervention de l’artiste sonore Cécile Liège.

La rencontre avec Sophie Sakka, chercheuse et professeure à Centrale Nantes, a permis d’amplifier ces ateliers sonores en novembre 2014, en proposant aux adolescent·es une découverte du monde de la robotique. En charge de l’association Robots! qui a pour objet la démocratisation de la robotique, Sophie Sakka a animé l’atelier autour de Nao, en lien étroit avec le travail de réalisation sonore déjà amorcé les années précédentes. Centrale Nantes est alors devenu partenaire de ce projet, oeuvrant activement pour proposer ses compétences en ingénierie au service de la santé.

L’équipe de l’hôpital de jour et Sophie Sakka se sont donc retrouvé tous les quinze jours à Stereolux pour ces ateliers visant à initier des adolescents souffrant de troubles autistiques à la manipulation du petit robot humanoïde français Nao. En six mois, leurs progrès ont été spectaculaires et ont dépassé les espérances des professionnels de santé. Ces ateliers étaient aussi l’occasion d’une sortie, de la découverte d’un lieu de création et de rencontre avec des artistes.

> Découvrez notamment, le reportage réalisé par France Inter en mars 2016 (à partir de 10’)

Une expérimentation inédite

Sophie Sakka, chercheur en robotique à Centrale Nantes et responsable de l’association Robots!, a appris à six adolescent·es souffrant·es de troubles du spectre autistique à utiliser le logiciel qui permet de gérer les mouvements et la voix du petit robot. Les adolescent·es ont tout d'abord appris à découvrir Nao et les possibilités qu'il offre - le faire parler, se déplacer… - puis l’ont programmé eux-mêmes pour l'amener à s'exprimer :

« Ils l’ont très vite pris en main. Dans un premier temps, ils faisaient dire à NAO ce qu’ils ne pouvaient pas exprimer. Petit à petit, ils se sont mis à se parler par l’intermédiaire du robot. »

Connu du grand public pour ses prestations dansées, le robot Nao était piloté directement par ces adolescent·es. Il les entraînait par le jeu, la musique et la danse dans une expérience sensorielle et sonore. Dans le cadre de cet atelier, les enfants ont produit en juin 2015 un spectacle sur la base de l'œuvre Une histoire à quatre voix d'Anthony Browne : ils ont enregistré les voix qu’ils allaient prêter à Nao et imprimé les mouvements correspondants. En juin 2016, leur deuxième année d’ateliers a été clôturée par un spectacle encore plus complet où les enfants ont écrit eux-mêmes l’histoire qu’ils ont ensuite mise en musique, en bruitages et en mouvements. En juin 2017, ils ont adapté le livre Au Secours ! de François David pour un spectacle raconté par les enfants et joué par les Nao.

   

C'est la première fois qu’un public spécifique était acteur·ice même du processus de création et de programmation du robot. Les enfants programmant eux-mêmes le robot et décidant ce qu’il·elles allaient lui faire dire, ressentir ou faire comme mouvement.

" Le côté ludique est important pour ces jeunes
qui ne jouent pas forcément beaucoup.
Pendant les séances, il·elles communiquent, il·elles sont présents."

Nao : un support de médiation dans la thérapie de l'autisme

Dès les premières séances, l’équipe médicale a constaté l’impact à plusieurs niveaux sur l'adolescent·e : sa capacité à expérimenter, à communiquer au sein de son groupe et la fierté de pouvoir montrer ses compétences. Elles ont également constaté une évolution de séance en séance (tous les 15 jours) et une nette amélioration durable du quotidien du jeune autiste, même en dehors des séances.

"Le résultat a été inespéré sur eux, phénoménal. On a constaté une évolution de séance en séance sur leur capacité à communiquer. Au bout de six mois, on avait affaire à des adolescent·es qui ne hurlaient plus pour se faire entendre, se concentraient mieux et réussissaient à communiquer entre eux", s'enthousiasme Sophie Sakka.

Le robot est un support rassurant et ludique pour porter l’appel à l’autre, l’investir et le développer. Le personnel du CHU de Nantes qui suit ces enfants depuis des années est également agréablement surpris par ce résultat :

“ Cela a fonctionné sur eux grâce au phénomène de transfert. Le robot est devenu leur extension, il parle à leur place. Tout le monde le regarde quand il s'exprime, et pas la personne qui le manipule. Il·elles sont donc 'caché·es' derrière et peuvent alors exprimer des choses qu'il·elles n'oseraient pas dire. Ils se sentent en sécurité". 

Une réelle appétence pour l’outil informatique a été depuis longtemps observée chez ces jeunes porteur·euses d’un trouble envahissant du développement. Il amène de la créativité, de la spontanéité et ouvre à de nouvelles interactions dans le groupe. Le travail se faisait en binôme autour d’un ordinateur et d’un robot, ce qui nécessite d’écouter l’autre, de lui laisser une place, mais aussi de « prendre soin » de l’outil lui-même.

Au-delà d’un jouet sophistiqué, Nao pourrait bien être un précieux support thérapeutique qui facilite le langage, le dialogue et permet aux enfants une meilleure prise en compte de l’autre en leur faisant prendre conscience qu'il leur faut collaborer pour programmer le robot.

Ce projet a été permis grâce au partenariat hors du commun entre Stereolux, le CHU de Nantes, l’association Robots! et Centrale Nantes.  

 

Il a révélé une grande complémentarité des différents partenaires pour porter cette expérimentation à la croisée entre l’action culturelle et la recherche scientifique. Cette mise en réseau de différents secteurs a permis de faire émerger un projet qui est à la fois artistique, technique mais également un support thérapeutique.

Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Pays de la Loire, et de l’Agence Régionale de Santé Pays de la Loire, dans le cadre du programme " culture-santé ".

   


RMA est mécène de Rob'Autisme