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La relève du rock et du hip hop prend son envol au Catapult Festival

Publié le 03/11/2023

Il ne leur manque plus qu'une impulsion. Plus qu'un clin d'œil au Pitchfork Festival de Paris, dont il partage une partie de la programmation, le nouveau festival de Stereolux est l'occasion de découvrir en avant-première celles et ceux qui écriront les prochaines pages du rock et du hip-hop. Et cela commence par des propositions scéniques toutes plus puissantes les unes que les autres, à découvrir les 9 et 10 novembre.

Catapult Festival : Fat Dog · cumgirl8 · Gurriers · Girl And GirlCatapult Festival : Dumb Buoys Fishing Club · Khakikid · Bawo · Mercury


Le talent ne suffit plus. S'il n'a jamais été l'unique facteur de succès, ce constat est d'autant plus vérifiable aujourd'hui. Entre la surabondance de sorties, l'inflation et le Brexit en ce qui concerne le Royaume-Uni, les jeunes artistes ont bien besoin de coups de pouce pour se lancer - et apporter du sang neuf. C'est bien là le but du Pitchfork Festival depuis ses débuts, et c'est dans la même optique que se lance le Catapult à Stereolux. Bien plus que des jeunes pousses, ce sont déjà de belles plantes qui y seront propulsées.

Un premier constat s'impose : si le rock mainstream cherche toujours un nouvel équilibre, le genre se porte mieux que jamais dans l'underground. Car c'est là qu'on retrouve ce que le rock fait de mieux : la rage et l'énergie brute. Celles-ci ne s'expriment jamais mieux qu'en live, et ce sont bien quatre remarquables propositions scéniques que l'on retrouve pour la première soirée du Catapult. Cumgirl8 nous a tapé dans l'oeil avec son revival riot grrrl, mêlant humour féministe revendicatif et tenue de scène en doigt d'honneur au slut shaming. Mais qu'on ne s'y trompe pas : cette attitude flamboyante n'est pas un cache-misère pour des morceaux faiblards. Leur post-punk à la new-yorkaise est parfaitement ciselé, et ne laisse jamais retomber l'énergie.

 

 

La même chose pourrait être dite de Gurriers, jeune quintet prêt à montrer qu'il n'y a pas que Fontaines D.C. en Irlande. Plus lourd dans le son, le groupe s'avère surtout remarquable sur scène, en injectant dans son bouillonnement sonique un groove idéal pour pogoter sans fin. Au milieu de cette furie, le trio australien Girl And Girl fait figure d'exception dans cette soirée, avec son garage rock délicieusement rétro. Plutôt que la brutalité, le groupe préfère miser sur un songwriting de toute beauté, gardant de l'esprit punk l'esprit dandy élégant et désinvolte d'un Paul Weller. Qu'on se rassure : l'énergie reste bien présente, notamment grâce à la précision rythmique de la batteuse Liss James (qui n'est autre que la tante du chanteur Kai James).

 

 

Une belle manière de reprendre son souffle sans perdre en excitation, avant l'arrivée de Fat Dog, véritable clou de la soirée. Bien que n'ayant publié qu'un unique titre pour l'heure, le nouveau chien fou du rock anglais a su convaincre le label Domino et son flair infaillible (Arctic Monkeys, Franz Ferdinand, pour ne citer que les plus connus). Cette hype croissante, et qui commence déjà à toucher la France, s'explique extrêmement simplement : ce sont des bêtes de scènes. Tour à tour équipés d'un superbe masque de chien, les musiciens sont capables de croiser la furie du rock avec la densité d'une musique de club. Le tout avec un charisme qui convoque Viagra Boys ou Fat White Family dans leur capacité à faire de leur live un show sauvage et inoubliable. Tout est réuni pour en faire les futurs rois du punk anglais.

 

 

Avec une deuxième soirée axée rap et RnB, on pourrait penser que le Catapult prend moins de risques. Mais le simple choix de porter son regard sur ce qui y fleurit permet de prendre la mesure de l'incroyable diversité de cette scène. Et de tout ça, le festival garde le meilleur des pays anglo-saxons, à commencer par Bawo, très bon représentant de la scène londonienne. Malgré ses origines nigérianes, on ne peut s'y tromper : il vient du Sud de Londres, et reprend les sonorités qui ont fait de cette scène un incontournable. Classique dans son approche, il manie le style avec élégance et douceur, avec une vibe soul toute bienvenue.


C'est dans cette même réinvention des codes qu'opère Mercury, venue de l'infatigable vivier rap d'Atlanta. Du haut de ses 22 ans, elle a déjà connu un premier parcours de skateuse reconnue, avant d'embrasser musicalement la vague de nostalgie des années 2000. Gorillaz, Kid Cudi ou surtout OutKast, elle assume ses influences tout en parvenant à se les réapproprier avec une technique parfaite et un charisme indéniable. Même âge, même charisme mais autre pays, le jeune Khakikid vient parfaitement compléter cette démarche avec son hip hop plein de soul. Sa voix versatile semble toujours cacher un sourire, rappelant Loyle Carner par sa chaleur et sa technique - avec, osons le dire, un peu de Kendrick Lamar dans l'esprit. Dans le sillage d'un Rejjie Snow ou du collectif Narolane, le MC dublinois compte bien prouver que l'Irlande peut aussi être une terre de rap.


Mais on ne peut s'y tromper : c'est bien Dumb Buoys Fishing Club qui occupe la tête d'affiche de la soirée. Si les sonorités du duo londonien peuvent rappeler les penchants les plus electro et RnB de Gorillaz, leur attitude scénique ne laisse aucun doute : ils doivent quelque chose aux Beastie Boys. Dans l'attitude, dans la manière de conquérir le public. Dans l'intensité. Derrière ce rap très électronique se cache une pure démarche punk, et deux amis dans une complémentarité parfaite qui en font déjà des bêtes de scène. Douceur et agressivité, ils ont déjà tout pour décoller.
 

 


Article rédigé par Antoine Gailhanou