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LA LUMIÈRE A-T-ELLE UN POIDS ? - INTERVIEW DE MARTIN HESSELMEIER ET ANDREAS MUXEL

Arts numériques Publié le 03/03/2020

Comment représenter le poids de la lumière ? Avec l'installation the weight of light, les artistes allemands Martin Hesselmeier et Andreas Muxel déjouent les lois de la physique pour nous proposer une autre perception de la réalité. Il nous amène à faire l’expérience d’un espace imaginaire où lumière, gravité et son constituent les ingrédients d’une fiction. Une proposition immersive et poétique, qui flirte avec un monde irréel et trouve toute sa place dans la programmation du temps fort IN·VISIBLE(S). 

Du 12 mars au 5 avril - Vernissage jeudi 12 mars à 18h30
 

Comment avez-vous imaginé The weight of light

Nous sommes partis d'une simple question : la lumière a-t-elle un poids ? Pendant nos recherches nous sommes tombés sur une discussion intéressante sur un forum de l'université de l'Illinois. Nous avons alors appris que la lumière a un poids comme toutes les formes d'énergie. Mais dans les conditions terrestres, le poids de la lumière est insignifiant comparé à d'autres poids. Nous sommes partis de cette idée comme point de départ et nous nous sommes demandés comment des points lumineux réagiraient s'ils étaient sujets aux lois de Newton.

 

 

 

Comment avez-vous ensuité créé cette installation ? 

Dans the weight of light les points lumineux semblent se comporter comme une masse, avec de l'élan et de l'énergie cinétique. Un moteur physique fabriqué sur mesure simule le comportement attendu sur une piste courbe. Pendant les premières expérimentations, nous avons réalisé que c'était assez simple de changer la direction de la gravité en ajoutant un moins dans l'équation mathématique. Nous avons décidé d'inverser la gravité sur une deuxième piste pour souligner le fait que le mouvement n'est qu'une donnée définie dans l'algorithme. Dans le célèbre livre Computer Power and Human Reason: From Judgement to Calculation, Joseph Weizenbaum dit "Écrire un programme, c'est légiférer un monde que l'on doit d'abord créer dans notre imagination."

Chaque point lumineux en mouvement est souligné par une représentation auditive dans la gamme des basses fréquences. Ces phénomènes d'ondes sonores suivent les formes de la structure ondulée. Ainsi, un espace immersif se crée où le mouvement de la lumière est également représenté par des d'ondes sonores oscillantes. Pour réaliser ce projet nous utilisons de bandes de LED maniables, controllées par un système éléctronique et informatique fabriqué sur mesure.


 


Quelles questions cette installation soulève-t-elle ? 

L'installation joue avec notre sens du temps et de l'espace. Il souligne la matérialité des éléments immatériels, surmontant le dualisme du "virtuel" et du "réel". Qu'est-ce que la réalité, qu'est-ce que la simulation ? L'installation se comporte aussi de manière inhabituelle et crée un espace lumineux fictif.
 

Quel est le parcours de The weight of light ?

the weight of light a gagné le premier prix à International Light Art Award en 2015. Le président de ce prix est le fondateur du groupe ZERO, Otto Piene. Il a décrit notre installation comme "une zone de silence et de possibilités pures pour un nouveau départ". Nous avons ensuite présenté l'installation dans différents instituts (comme Centre for International Light Art / Unna, Humboldt Universität zu Berlin, Kunsthaus Rhenania / Cologne) et des festivals internationaux d'art numérique (Virtualities and Realities RIXC Art Science Festival / Riga, Ars Electronica / Linz and Gesellschaft für zeitgenössische Kunst Osnabrück). 


Quelles réactions avez-vous pu observées de la part du public devant The weight of light

L'installation crée son propre silence à travers son apparence. Les mouvements simples et répétitifs de la lumière vous font oublier le temps et l'espace, laissant place à la réflexion. La complexité de l'installation n'est pas visible au premier regard et les spectateurs aiment sa simplicité. Lors d'expositions passées, nous avons observé que le public reste longtemps devant l'installation et a même peur de parler à haute voix.


the weight of light / Martin Hesselmeier (DE), Andreas Muxel (AT), Credit: vog.photo