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Qui se cache derrière le Collectif Øpéra ?

Arts numériques Musique Publié le 08/01/2018

EVA&GREG (Moongaï) ont fondé le Collectif Øpéra en 2015 qui fédère de multiples talents au croisement de nombreuses disciplines. Ils nous parlent de cette aventure et de leur création, l'opéra transmédia Le Jeune Homme & la Nuit, présenté à Stereolux le 17 janvier, accompagné de l'exposition MILLENNIALS (du 17 janvier au 23 mars), vision panoramique des artistes visuels qui composent le projet.

Comment est né le projet de cet Øpéra pas comme les autres ?

EVA. « Après plus de 10 ans de tournée, de production discographique pour nous et d'autres artistes, de nombreuses collaborations aussi riches que décloisonnées, nous avons eu 30 ans et nous avons fait le point sur ce que nous voulions faire à présent. Quelle serait notre prochaine étape ? Qu'est-ce qui nous ferait rêver dans les 10 prochaines années ? Comment contribuer humblement à l'édifice de notre monde en tant qu'artiste ? En tant que créatifs, on est héritier d'une certaine vision du rôle de l'artiste. L'artiste, c'est celui qui est subversif, qui transgresse l'ordre établi, le système. Mais dans une société de moins en moins attestataire d'une vision précise de l'homme et du monde, est-ce que la vraie subversion aujourd'hui, ce n’est finalement pas de construire, de produire du sens, dans la cité, de participer à faire de l'art un outil de transcendance, de dialogue et de rencontre ? »

GREG. « Au moment où l’on posait les bases de cette réflexion, il existait un contexte de tension sociale très fort. Il y avait "l'affaire Dieudonné", un taux de chômage explosif pour les moins de 25 ans, les "Manif pour tous" qui se succédaient, la ZAD qui s'embrasait, des Anonymes qui s'érigeaient, une montée en puissance des extrêmes aux élections municipales et européennes, une montée en puissance de l'EI et un déchaînement d'opinions sur la toile, où chacun autoproclame sa vérité. »


EVA&GREG fondateurs du Collectif Øpéra

EVA. « A mon sens, ça a donné à voir le visage d'une jeunesse parfois paranoïaque, désoeuvrée, encline au désespoir, faite de Pour et de Contre, de "néotribus", et une multiplication de ce que le sociologue Jean-Paul Willaime a appelé "les petits entrepreneurs dans l'offre du Salut". On demande aujourd'hui aux jeunes gens aux portes de l'adultie de "devenir soi", mais dans un monde qui perd justement de sa permanence, qui est devenu flexible, comment fait-on pour se frayer un chemin vers une place, un but, et vers quel projet ? »

GREG. « Il y a eu pour nous une évidence, une nécessité en tant qu'artistes à parler de ces sujets-là dans notre nouvelle création. On a alors commencé à imaginer une histoire qui raconte la quête de sens d'un jeune homme de 25 ans et qui parle du vide intérieur, de l'obsession de soi, du religieux, du narcissisme et des nouvelles technologies. »

Pourquoi un "Øpéra Transmédia" ?

GREG. « Pour raconter Le Jeune Homme & la Nuit, nous avons eu l’idée de plonger le spectateur dans la tête du héros. Nous voulons faire vivre au public une expérience empathique immersive dans la vie d’un jeune homme de 25 ans. Pour réaliser cette intuition, il nous a paru naturel d’exploiter un maximum de sens et nous avons décidé d’utiliser musique, cinéma en vue subjective, voix-off, théâtre & dessin animé, le tout dans une scénographie particulière. Nous avons aussi pensé que faire appel à de jeunes trentenaires pour donner vie à tout cela avait du sens.

 

 

Vous êtes combien dans l’aventure ? Parlez nous des membres du collectif et des bénévoles.

GREG. « Au démarrage du projet, nous avons fondé le Collectif Øpéra qui regroupe une trentaine de jeunes artistes, de la musique de chambre à l’art numérique, du dessin-animé au cinéma et au théâtre. Il y a Simon Bonneau pour la partie cinema, et l’équipe du studio CHIVTEAM, qui navigue entre Nantes, Paris & Los Angeles. Ils travaillent régulièrement avec les pointures actuelles des musiques électroniques. Jon Hering, pianiste compositeur et chef d'orchestre de Liverpool. Damien Reynal et Maxime Bonnin, qui sont des comédiens et metteurs en scène nantais. Le quatuor à cordes Øpéra, avec Damien Vergez, Stéphanie Padel, Julia Robert et Paul Colomb. Tous sont de jeunes musiciens très talentueux issus des grands conservatoires européens et ils ont des parcours atypiques et décloisonnés. Thomas Pons et Julie Stephen Chheng, issus de l’école nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, et qui travaillent sur le dessin-animé et le papier en réalité augmentée. Ils étaient en résidence à la Villa Kujoyama au Japon l’an passé. Il y a les dessinateurs À deux doigts, prix de la ville de Nantes, la scénographe Lise Mazeaud, la conceptrice lumière Noémie Crespel, l’ingénieur du son Nicolas Houssin et Clara Frère notre assistante de mise en scène. Julien Tattevin, orchestrateur et copiste, ou encore Biorn Ivermark, docteur en sociologie, et qui incarne la Voix Off du spectacle.
Tous ces artistes sont des gens curieux, ouverts et ils ont dit "oui" les yeux fermés lorsqu'on leur a proposé cette aventure de fou. »

EVA. « Près de 250 bénévoles nous ont également accompagnés dans l'épopée. Que ce soit pour la figuration lors du tournage du film, pour cuisiner, pour piloter un drone, une péniche ! Il y a eut 25 jours de tournage dans 54 lieux, dont un zoo, une cathédrale, une étable, des barres d'immeubles dans le 93, la Cigale à Nantes, une station-service, le Musée de la Chasse et de la Nature à Paris, la forêt de Brocéliande etc. Pour l'Acte II du spectacle, nous avons créé de toutes pièces un village "cyber-punk" à Vallet à l'aide de nombreuses personnes. 500 repas ont été cuisinés ! Ça a été vraiment une aventure humaine et artistique incroyable.

Que verrons-nous à l’exposition ?

GREG. « Dans le hall de Stereolux et quelques recoins plus secrets, l'exposition dévoilera les travaux des artistes visuels du Collectif, à savoir À deux doigts, Simon Bonneau (Chivteam), Thomas Pons & Julie Stephen Chheng. »