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Le "Renouveau du mobilier urbain connecté", c'était comment ?

Le mardi 27 mai 2014 a eu lieu la journée du renouveau du mobilier urbain à Stereolux. Cet événement avait pour objectif de découvrir les enjeux du mobilier dans l'espace public intérieur/extérieur afin d'imaginer de nouveaux usages, en plaçant l'humain au centre de la réflexion. / Bastien Kerspern

DE QUOI LES VILLES RÊVENT-ELLES ?

À l’heure des discours enthousiastes sur les villes se voulant intelligentes et connectées, le mobilier urbain entame lui aussi sa petite révolution par le numérique. En tant que porte-étendard de l’identité et du caractère innovant d’une ville, le mobilier urbain se connecte au réseau et se pare de nouvelles interactions. Les aménageurs de l’espace urbain doivent alors répondre aux défis de la mutation des usages, composer avec les nombreuses normes en vigueur et éviter le risque de gadgétisation.

TECH IN THE CITY

Le renouveau du mobilier urbain est porté par des évolutions technologiques qui sont venues transformer la façon dont s’est bâtie la ville ces dernières années. De nouveaux matériaux comme le béton tactile ou les plastiques intelligents accompagnent l’arrivée de l’Internet des objets dans le monde du mobilier urbain. Les aménagements se connectent entre eux pour consommer et produire des données, à l’image de Renew, la poubelle connectée et controversée.

                                           

« L'iGirouette : interface publique autonome connectée aux réseaux sociaux »

Au-delà de la multiplication des écrans dans l’espace urbain, l’innovation s’incarne également par l’ajout de nouvelles technologies sensorielles. C’est le cas, par exemple, avec la sonorisation directionnelle dans l’espace public, tel que l’expérimente Bruno Suner au sein de l’École d’Architecture de Nantes.

Les avancées techniques autour du mobilier urbain ont également évolué avec le développement des technologies de prototypage rapide, notamment par l’utilisation des systèmes Arduino. Ces initiatives donnent lieu à la création de mobiliers expérimentaux et de pièces uniques ancrés avec une nouvelle pertinence dans leur contexte urbain.

DU PRATIQUE AU DIVERTISSANT

Alors, du mobilier connecté oui, mais connecté à quoi et surtout connecté pourquoi ? Si le mobilier urbain est avant caractérisé par son aspect pratique, visant à faciliter l’expérience de la ville, ses utilisations évoluent. Le mobilier gagne en connectivité pour s’interfacer avec les périphériques des usagers. De l’intégration d’une prise électrique à l’arrêt de bus pour recharger son smartphone, au hub d’information sur les transports en commun, la société Abri Services insiste sur l’interconnexion entre les périphériques individuels de l’utilisateur et le mobilier urbain.

En se connectant, le mobilier peut aussi s’adresser à d’autres usages plus inattendus et parfois divertissants. Bel exemple de ludification de la ville, le projet AR Sign Battle, porté par des étudiants de l’École de Design Nantes Atlantique, propose d’utiliser la signalétique urbaine comme support de jeu en réalité augmentée !

Dans un autre ordre d’idée, le mobilier urbain pourrait assumer de nouvelles fonctions et ainsi créer de nouvelles pratiques contemplatives, quelque part entre la poésie et l’apaisement urbain, comme l’ont montré les balançoires musicales de Montréal. Amusant ou reposant, le mobilier de demain pourrait donner lieu à des expériences sensibles, venant en rupture de notre quotidien.

PASSER À L’ÉCHELLE, LA (RE)CONSTRUCTION DU MOBILIER URBAIN

La production d’un mobilier nativement connecté doit découler d’une prise en compte des nouveaux usages en amont de sa conception. Si cette méthode peut sembler un choix pertinent, elle n’en reste pas moins une démarche qui s’expose à un risque accru d’obsolescence, risque inhérent à tout développement technologique. À ce titre, Brieuc Saffré, du réseau Wiithaa, souligne les possibilités d’upcycling qui offrent une seconde vie au mobilier jugé obsolète.

Se pose alors la question de savoir qui imagine et qui vient produire ce nouveau mobilier urbain ? Le principe de commande publique s’oppose aux interventions du hacking urbain. Ce dernier est sûrement l’exemple le plus marquant de la réappropriation de l’espace urbain par des initiatives citoyennes, comme l’a pointé le géographe Philippe Gargov de l’agence pop-up urbain.
Indissociables du mouvement Do It Yourself, les bidouilleurs interviennent dans les interstices de l’espace urbain pour détourner le mobilier et l’ouvrir à de nouveaux horizons.

Si l’on imagine difficilement une ville sans mobilier urbain, il est tout aussi inconcevable d’imaginer que, demain, la construction de ce mobilier ne se fasse sans une dimension de collaboration entre usagers, collectivités et entreprises.