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FEMMES, JE VOUS ÊÊÊME....

Musique Publié le 18/03/2016

Le Festival Les Femmes s’en mêlent c'est le rendez-vous incontournable de la scène musicale féminine indépendante.
– Entretien avec le directeur artistique Stéphane Amiel. 

Le succès d'une artiste comme Christine and The Queens, programmée dans de nombreux festivals, cache une réalité bien moins glorieuse. Selon Stéphane Amiel, Directeur artistique et fondateur des Femmes S'en Mêlent, « malgré la présence de plus en plus importante des artistes féminines sur les différentes scènes musicales, leur visibilité dans les festivals européens ne représente pas plus de 15% de la programmation ».

UNE VISION GLOBALE DU FESTIVAL?

Nous ne sommes pas là pour tout juger, tout voir. En tant qu’organisateur, on veut aussi se laisser des surprises. Après, l’idée c’est de tenir, et de préférence pour de bonnes raisons. Je me pose parfois la question, d’ailleurs : comment a-t-on réussi à en arriver là ? La réponse m’échappe un peu. Disons qu’on essaie vraiment de sortir du lot et qu’il y a beaucoup de projets artistiques que j’écoute en amont et qui, chaque année, me donnent envie de continuer. A l’arrivée, cela donne un événement qui finit par compter pour pas mal de gens, y compris des artistes - comme Feist qui garde un souvenir précis du festival grâce auquel elle a pu, pour la première fois, aligner autant de dates de concerts en France. Ou le groupe anglais Electrelane, qui a fait une des plus importantes dates de sa carrière avec nous, à la Cigale.

EXISTER EN MARGE DES GROSSES KERMESSES TIENT-IL DU SACERDOCE?

Nous sommes un festival indépendant qui, pour exister, doit trouver des partenaires, or, ceux-ci veulent des noms, que nous n’avons pas. Financièrement, chaque édition est donc précaire, alors qu’on aimerait bien pouvoir souffler un jour. Mais nous continuons à investir pas mal de moyens, avec une compilation gratuite, un gros effort promotionnel… Au moins, nous avons l’impression de servir à quelque chose et de ne pas être des usurpateurs. En outre, en province, énormément de salles nous suivent. Il y a des villes où cela ne prend pas, comme à Montpellier ou à Marseille, mais chaque année de nouvelles apparaissent. De Vendôme à Laval ou Riorges, on note un engouement chez des programmateurs qui nous offrent un soutien quasi militant, sans doute en réaction au formatage ambiant qu’on a l’habitude de voir. Ils savent qu’ils ne feront pas une grosse recette, mais participent ainsi à ce qui a pris l’allure d’un petit mouvement de résistance artistique.

AVEZ-VOUS LE SENTIMENT QUE LA SCÈNE FÉMININE MANQUE DE TÊTES D’AFFICHE?

C’est compliqué. Nous n’avons pas les moyens de faire venir PJ Harvey, Marianne Faithfull ou Patti Smith, qui, du reste, tournent énormément et n’ont que faire d’un festival comme le nôtre. Nina Hagen, Siouxsie ou Blondie, ça n’aurait plus grand sens aujourd’hui. Quitte à me battre pour un retour, ce serait encore celui du Tigre. Et puis il y a aussi des noms que je considère comme historiques mais qui ne parlent plus à grand monde, comme Maria McKee ou les Raincoats. L’aspect positif de notre positionnement, c’est qu’on est constamment obligés d’aller de l’avant, là où il y a de la vivacité.

Source : Gilles Renault