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Archipel, retour sur 18 mois de "création partagée" avec Jack in my head sur l'Île de nantes - interview

Pendant dix-huit mois le musicien, violoncelliste et producteur de musique électronique Erwan Martinerie aka Jack In My Head est parti à la rencontre des habitant·e·s de l'Île de Nantes pour y récolter des images et des sons. Ces échanges, ateliers et productions seront restitués sous la forme d'une création musicale et vidéo le 10 janvier 2020 à Stereolux. Avant de clôturer ce projet, l'artiste partage quelques découvertes et souvenirs issus de cette "création partagée".

 

Comment est né le projet Archipel ?

Depuis quelques années je mène, en collaboration avec Sébastien Bouclé (régisseur vidéo) des créations basées sur des territoires (les villes de Saint-Herblain, Rezé et bientôt La Chapelle-sur-Erdre). Ces créations ont souvent été participatives : on s’est appuyé sur les habitant·e·s pour constituer la banque d’images et de sons à partir de laquelle on a créé les spectacles.

Répondre à l’appel à projet des « créations partagées » (qui est un dispositif de la Ville de Nantes) nous a paru être dans la continuité de notre démarche. Ca a aussi été l’occasion d’avoir plus de moyens pour mener le projet sur une plus longue durée.

 

 

Pourquoi avoir choisi de travailler sur l'île de Nantes ? 

C’est un quartier que je fréquente depuis que je suis enfant. Il m’a toujours fasciné. Je trouve que c’est un endroit à part, à Nantes. Et puis le fait qu’il soit si varié et en constante évolution m’a semblé être une bonne source d’inspiration !

 

 

Quels sont les partenaires et intervenants qui ont rejoint ce projet ? Et combien de participant·e·s ont été mobilisé·e·s au cours des différents ateliers ?

Il y a eu de nombreux partenaires : les établissement scolaires (les écoles Louise Michel et Gustave Roch, le collège Aristide Briand, le lycée Mandela), l’École nationale supérieure d'architecture de Nantes, École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, l’ACCOORD (à travers la Maison de quartier de l’Île de Nantes et le Studio 11/15), le Conservatoire de Nantes, le Restaurant social Pierre Landais, l’IME, L’association Exil, Rencontre et Mouvement, le CCAS, l’équipe de quartier, la Adelis (FJT et restaurant), Trempolino, les Ateliers Bonus, SAMOA, la conciergerie du Parc, le Wattignie Social Club, L’association des Eaux Vives, la Nantaise d’Habitation, Résidétape, le centre commercial Beaulieu.

Il y a eu également plus de 200 participant·e·s !



Pouvez-vous nous partager quelques découvertes que vous avez faites sur l'île de Nantes ? 

Un lieu dans lequel je n’étais jamais allé avant de commencer ce projet, c’est la pointe est de l’Île, au delà de la voie ferrée. C’est un endroit incroyable, le seul lieu encore un peu sauvage sur cette île ! Sinon, des endroits un peu alternatifs comme le Wattignies Social Club, très actif, ou La Grande barge, ou encore dans un autre style, la Conciergerie du Parc.

 

 
Wattignies Social Club     /    Coin sauvage à l'est de L'Île de Nantes

AVEZ-VOUS quelques anecdotes vécues lors de ces moments de partage avec les habitant·e·s de l'île ? 

Oui par exemple, un échange avec une élève de l’école Louise Michel :
« - Monsieur, monsieur, t’es youtubeur, toi ?
- Heu, non. Plutôt musicien.
- Ben si, je t’ai vu en vidéo sur youtube ! (La maitresse leur avait montré la vidéo d’appel à participation où je me suis filmé dans différents endroits de l’île)
- Donc t’es youtubeur !
- Ah, ben d’accord ! »

Ou moins léger, mais révélateur, une anecdote qui m’a été rapportée par le directeur du restaurant social Pierre Landais, à propos d’un de ses « passagers » (usager du resto), qui était fan de Djamel Debouze. Un jour le directeur récupère quelques places pour le spectacle de Djamel au Zénith de Nantes (le restaurant social s’évertue à proposer tout un tas de services à ses usagers pour leur permettre de retrouver un lien social, et l’accès à des spectacles en fait partie). Il propose donc une place à son passager, qui la prend, fou de joie ! Le lendemain, le passager rend la place au directeur en disant « vu l’heure à laquelle se termine le spectacle, je n’aurai plus accès à aucun hébergement pour la nuit… ». Mais quelques jours plus tard, le même passager retourne voir le directeur et reprend sa place pour Djamel et dit « tant pis, ce soir là je dormirai dehors ! »



Quelle sera la forme de la restitution du 10 janvier ? 

Ce sera un concert avec création vidéo d’environ 1h15. Nous aurons une toute nouvelle scénographie concoctée en collaboration avec des élèves de l’Ecole de design de Nantes Atlantique. Je serai rejoint sur scène par des musicien·ne·s élèves au Conservatoire en classe de musiques actuelles, et par des danseur·se·s.