Pony Pony Run Run + Las Aves

Les voyages forment la jeunesse, comme le répétait volontiers tonton Roger à la fin des repas familiaux du dimanche à toute la marmaille rassemblée pour l'écouter – lui qui n'était jamais allé plus loin que la Meurthe-et-Moselle, où il avait fait ses classes. Côté voyages, les deux frangins de PPRR en ont, quant à eux, déjà eu plus que leur part, succès planétaire aidant ; voyages qui ont nourri leur musique, leur imaginaire.

Après une pause bien méritée, Maël et Gaëtan ont ressorti l'artillerie electro-pop qui leur a valu amour, gloire et beauté pour ciseler Voyage Voyage (on y revient), troisième album tout aussi hédoniste et chatoyant, ludique et sincère que les précédents – mixé de surcroît dans le studio perso de Damon Albarn, pour le plaisir. L'ambition, hautement louable, de PPRR demeure inchangée : faire danser les gens, les rendre heureux. Les amener dans un Ailleurs propice, « Plus loin que la nuit et le jour / Dans l'espace inouï de l'amour ».
Carrément, oui.

C'est sur les cendres encore fumantes de The Dodoz, combo rock, qu'est né Las Aves, combo « art pop / future wave » (dixit ses membres). Un changement d'identité qui correspond à la mutation musicale en profondeur des quatre Toulousains, désireux d'aller voir là-bas s'ils y étaient (ce qui était effectivement le cas).

Le fond, quant à lui, demeure inchangé : c'est la même énergie, la même colère positive, le même goût de l'inattendu, la même spontanéité. La preuve avec Die in Shanghai, premier album qui, à l'acidité electro, ajoute le côté « catchy », bondissant et entêtant, de la pop ; une construction futuriste, résolument stylée, produite par la moitié masculine de The Dø ; parfaitement décomplexée, mêlant divers rythmes et sonorités (hip-hop, rock, disco...), qui évoque, de loin en loin, M.I.A. ou Santigold ; cohérente et d'une vitalité propre à embraser les foules.