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Où sont les femmes ? Le programmateur du festival Les Femmes S'en Mêlent répond

Musique Publié le 28/02/2018

Stéphane Amiel programme le festival itinérant et 100% féminin "Les Femmes S'en Mêlent" depuis 20 ans. Toujours précurseur, opiniâtre et libre, ce rendez-vous fait la part belle aux femmes, de tous horizons musicaux indépendants. Alors que de nombreux autres programmateurs de festivals peinent à proposer une programmation paritaire, Stéphane Amiel revient sur quelques pistes expliquant la sous-représentation des artistes féminines. Une chance donc d'accueillir une affiche passionnante le 21 mars pour célébrer le Girl Power ! 

Comment se porte la scène musicale féminine indépendante aujourd’hui ? A-t-elle évolué ces 20 dernières années ?

Je pense qu’il faut d’abord parler "des scènes musicales féminines". Et c’est cela que veut démontrer le festival. Ce que je constate sur la période, c’est surtout lié à la montée en puissance des artistes féminines. C’est en effet beaucoup plus évident de faire une programmation féminine aujourd'hui que quand j’ai commencé il y a 10 ans ! Donc oui, j’ai assisté à l’explosion de la scène artistique, surtout avec la démocratisation des moyens de production et le nombre croissant de modèles féminins qui ont permis à de plus jeunes artistes de composer et de jouer live.

Certains festivals font des efforts pour respecter la parité dans leur programmation (ex Le Printemps de Bourges) mais pour la grande majorité, les progrès sont encore minimes. Selon une étude de Female:pressure, entre 2012 et 2017, les festivals français ont seulement programmé 11% de femmes. Comment expliquez-vous cela ?

Je pense que, malheureusement, la plupart des « grands » festivals ont avant tout une problématique économique. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas programmer des artistes féminines, je pense plutôt qu’ils sont soumis à des pressions financières et qu’ils recherchent avant tout des « têtes d’affiche ». Or, la plupart des « têtes d’affiche » sont masculines.

Il y a peu de place encore pour les femmes sur les plus « hautes marches » du podium dans les festivals.

Comme je le disais il y a beaucoup d’artistes féminines talentueuses, et ceci dans tous les domaines, ce n'est donc pas une question de "pénurie". 
Moi je suis sur l’émergence, la découverte, la diversité, je peux me permettre cela car je suis dans un environnement indépendant, la pression du « taux de remplissage » n’est pas la même. C’est aussi pourquoi la plupart du temps il y a un manque de diversité dans les festivals d’été car tout le monde programme plus ou moins les mêmes artistes. Donc même s'il y a des artistes féminines, ce sont souvent les mêmes que nous retrouvons  sur toutes les affiches.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la programmation LFSM nantaise : Mélissa Laveaux, Pink Kink, Lomboy ?

C’est un bon exemple de la diversité du festival. Une artiste canadienne d’origine haïtienne, un groupe de Liverpool avec aussi une Allemande, une Norvégienne, une Espagnole et une Américaine, et un groupe français avec une chanteuse autrichienne. Trois univers et parcours très différents qui prouvent la vitalité des artistes féminines. 

Pour finir, pouvez-vous nous partager vos dernières découvertes musicales ?

Pink Kink fait partie de ces nouveaux groupes (avec Dream Wife) qui font bouger l’Angleterre et qui donnent un nouveau souffle à la pop. Sinon la scène hip-hop rap féminine ne cesse de me fasciner. Sans oublier trois artistes exceptionnelles cette année au festival : Reverie, Blimes Brixton et Kt Gorique. J’y retrouve une énergie « punk rock » qui fait souvent défaut à de nombreux projets.

 

RSE