Ez3kiel + Graceful

Voilà presque trois décennies à présent que le combo tourangeau fait de son mieux (et y réussissant très bien) pour ne pas être piégé dans sa zone de confort. Quand d'aucuns le cataloguaient un peu vite comme groupe d'electro-dub, ou comme groupe instrumental et expérimental, lui faisait déjà autre chose, se trouvait ailleurs : un art du contre-pied comme une marque de fabrique. C'est ainsi que pour élaborer le tout nouveau La Mémoire du feu, il lui a fallu, mutatis mutandis, bouleverser son line up, introduire de nouvelles influences, déplacer encore son horizon. D'abord en s'associant avec l'auteur de romans noirs Caryl Ferey, ensuite en invitant plusieurs musiciens pour donner à ce nouvel album une dimension proprement organique, avec percussions, guitares, chœurs – car La Mémoire du feu (assumé parfaitement comme concept-album), de par sa dimension littéraire, accorde une place bien plus importante que par le passé au chant, à la langue, aux mots.

Évolution, mutation, progression logique, hasard des rencontres ? Sans doute tout cela, mais l'important n'est-il pas, plutôt que d'arriver quelque part, de sortir de là où l'on est ?

De la folie à la contemplation, de la brutalité au lyrisme, Graceful livre un langage à la fois simple et complexe. Une identité artistique violente et douce qui questionne, joue sur l’ambiguïté, brouille les pistes, sans jamais perdre pied.

Quand on fouille dans leurs discothèques, on tombe sur des groupes tels que Radiohead, Queens Of The Stone Age, Mars Volta, Pink Floyd, At The Drive-In et bien d'autres. Autant d'artistes qui fusionnent les genres et leur ont donné le goût de creuser, toujours plus loin, la tête la première, les yeux fermés pour étouffer les réflexes.

Graceful sort actuellement son deuxième album intitulé Demiurgia. Coproduit et édité par Vlad, enregistré au studio Black Box, celui-ci fut mixé par Arthur Lauth (Brown Bear Recording) et masterisé par Magnus Lindberg (Cult of Luna).