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Lee Fields, la vérité de la soul

Musique Publié le 02/11/2017

Les années 2000 ont été celles du retour de flamme d’une certaine soul à l’ancienne, qui semblait avoir perdu le combat durant la décennie précédente contre le R&B désincarné. On a pu savourer les nouveaux albums d’artistes historiques – Solomon Burke, Al Green, ou plus récemment Don Bryant et William Bell – mais aussi quelques révélations, comme les regrettés Sharon Jones et Charles Bradley, qui ont fait leurs débuts discographiques dans les années 2000 après des décénnies dans l’obscurité et qui avaient tous deux foulé la scène de Stereolux.


Près de cinquante ans au service de la soul

Au sein de ce « revival », Lee Fields est une figure à part. Découvert par le public européen grâce à une série d’albums brillants (les excellents My World de 2009 et Faithful Man de 2012), Fields a pourtant débuté sa carrière au milieu des années 1960. Originaire de Caroline du Nord, il monte à New-York à 17 ans et commence à se frotter aux demi-vedettes de la scène locale, devenant même, pour un temps, chanteur pour un Kool and the Gang encore débutant. Très inspiré par James Brown, avec qui il cultive une certaine ressemblance physique, c’est une reprise du répertoire de celui-ci, « Bewildered », qu’il grave pour son premier 45 tours, sorti en 1969. Bien qu’il ne rencontre aucun succès, ce disque est suivi, tout au long des 70's et jusqu’au début des 80's d’une série de singles entre soul et funk pour différents micro-labels et même d’un album, le très recherché Let's Talk It Over. Son label de l’époque est tellement fauché que c’est une image de fleurs empruntée à une banque d’image qui sert de couverture au disque !

Au premier rang du revival soul et funk

L’arrivée du disco et le remplacement des orchestres par des DJs dans les clubs sont des catastrophes pour beaucoup de musiciens, et Fields renonce, à peu de choses près, à sa carrière musicale dans le courant des années 1980. Il se réinvente cependant dès le début de la décennie suivante et se lance dans une nouvelle carrière, largement autoproduite, sur la scène soul sudiste, pour un public afro-américain souvent âgé et resté fidèle à une certaine idée du genre. Toujours à l’écoute des tendances, il est un des premiers à partir à l’aventure du renouveau funk et soul de la fin des années 1990, d’abord chez Desco, les ancêtres de Daptone, puis directement chez Daptone – le deuxième disque du label est un de ses 45 tours. Mais c’est la rencontre avec les producteurs Jeff Silverman et Leon Michels – un ancien de Dap-Kings de Sharon Jones, comme par hasard - et leur label Truth & Soul qui va lui permettre de se faire remarquer d’un public plus large ;  ses chansons (« Honey dove », « Faithful man »…) se fraient même un chemin vers les playlists des radios généralistes, de Nova à France Inter… Son dernier album, Special Night  (salué de la note maximale dans le magazine spécialisé Soul Bag), continue dans la même lancée et a été suivi d’une série de concerts qui confirment que, à 66 ans, Fields n’a pas l’intention de laisser retomber l’intensité de ses prestations. Le public nantais peut donc se préparer à passer une « nuit spéciale »…

par Frédéric ADRIAN
Collaborateur de la revue Soul Bag (http://www.soulbag.fr/)
Auteur des biographies d’Otis Redding, Marvin Gaye et Stevie Wonder parues au Castor Astral (http://www.castorastral.com/auteur/frederic-adrian/)