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J'ai testé : le festival Indigènes 2017

Musique Publié le 02/06/2017

Quand on vous annonce Thee Oh Sees, Nursery, James Darle, Show Me The Body, Le Villejuif Underground, Tau, Témé Tan et Jacques (qui avait son matos cette fois !) pour ne citer qu’eux, l’ensemble gentiment réparti sur quatre soirs de festival dans un des lieux culturels emblématiques de Nantes, vous faites quoi ?...

Indigènes, l’expérience

Indigènes, clairement, ce n’est pas "juste" une succession de concerts comprenant son lot de têtes d'affiche. Indigènes, c’est la possibilité de découvrir les figures montantes de scènes musicales tellement variées que d’un soir à l’autre, au rythme du ballet millimétré des roadies, vous voilà propulsé dans une succession de loops musicaux (le petit enchaînement Témé Tan – James Darle du vendredi soir par exemple) propre à vous donner le tournis ! Vos oreilles bourdonnent, votre sens de l'équilibre prend la tangente, vos semelles collent et vous faites définitivement le deuil de vos huit heures de sommeil (en même temps, il n'est que 1h du matin, allons !). Mais demain, à la machine à café, vous aurez le sourire, car qu'est-ce que quelques heures de sommeil en moins face à de telles soirées ? 

 

Indigènes, la richesse

Micro / Maxi.  Selon la programmation, on change de salle. Il y a la grande et la petite, pas besoin de vous faire un dessin. Une salle dédiée par soir de festival, et un sans-faute sur toute la ligne. Le son est calibré au décibel, les plans de feux frôlent le génie et les quatre soirées s’enchaînent sans se ressembler. Seul le public varie, et pas franchement besoin d’être un fin observateur pour comprendre que chaque soir rassemble une famille différente. 

Aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est bel et bien le mercredi soir que les plus furieux étaient de sortie. En même temps, quand la soirée commence par Nursery et s’enchaîne avec un Julian Cashwan Pratt (chanteur de Show Me The Body) descendant dans la foule pour donner une leçon de bonne conduite façon scène underground, ça remet définitivement en cause le fameux mercredi-c’est-le-jour-des-enfants.

On avance dans la semaine et on continue à faire de belles découvertes. Encore une fois, la variété des artistes est aussi riche qu’inattendue. Imaginez l’enchaînement Gaye Su Akyol – Tau – Thee Oh Sees, c’est comme une douce berceuse aux accents orientaux qui monte irrémédiablement en puissance pour terminer en pogo au rythme des deux batteries de Thee Oh Sees (damn, ces deux batteries, inoubliables !), et vous, impuissant, vous êtes juste bon à prendre une succession de claques gauche-droite-avant-arrière. C’est d’ailleurs sûrement ça qui vous fait balancer la tête dans tous les sens.

  
 

Difficile de parler de richesse sans s'arrêter sur le vendredi soir. Pour faire simple, on reprend le schéma de la veille, et on l’amplifie, solide. Tout commence tranquillement avec UTO, puis on grimpe en chaleur avec Basile Di Manski pour retrouver ensuite un soupçon d'apaisement avec Témé Tan (chapeau bas à lui d’ailleurs, et à son flegme lorsqu’il a disparu derrière une nuée de sauvageons à chasubles jaune fluo). Et puis ça dévisse. Vous entrez dans la troisième heure de concert, vous en êtes au troisième soir, autant dire que ça tire des talons à la nuque, et que vous accepteriez volontiers une chaise.

Mais James Darle va vous prouver le contraire. Bien décidé à vous faire oublier les premières lueurs de rhumatismes précoces, il vous remet d’aplomb en un tour de platine et vous sort un live ahurissant, petit bijou techno/électro qui vous replonge la tête dans les basses. Le réveil est fait.

Puis Jacques arrive. Le tant attendu. L’inimitable. Que dire, mis à part que la tension dans la salle est montée de plusieurs crans d’un coup ? Que toute la foule s’est amassée face à la scène, que tout le monde veut le voir, l’entendre, l’observer, malgré les 3 écrans qui affichent son mix en direct ?  Son dj set est évidemment complètement barré, il vous embarque dans son fameux vortex et vous flatte les tympans avec ses instruments venus d’ailleurs. Si vous êtes du genre à clamer de façon intempestive avoir fait le tour de la scène musicale actuelle, taisez-vous et écoutez Jacques.
 

Indigènes, la logistique

Eh ouais, l’envers du décor.

Au-delà de la qualité de la programmation et de l’ambiance ultra canon de Stereolux, le festival a cartonné pour une simple et bonne raison : il était bien ficelé. En détachant un peu le regard de la scène pour checker ce qui se passe pendant que tout le monde se trémousse, on aperçoit rapidement l’envergure organisationnelle que représente le festival. Le bar est blindé du début à la fin, la régie son et lumière pilote en direct les synchros pour chaque artiste, et la sécurité a les yeux partout pour être sûre qu’il ne vous arrive rien pendant que vous, les yeux, vous les avez fermés pour vous concentrer sur la musique.

Vous l’aurez compris, Indigènes c’est l’occasion nantaise annuelle d’offrir un marathon musical à votre corps et votre esprit. Alors lâchez tout et venez, de toute manière vous aurez les jours fériés pour récupérer.

 

 

Par Nicolas