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J’ai testé : l’atelier stop motion sur le thème de l’écologie

Action culturelle Publié le 16/12/2019

La vidéaste Marie-Pierre Groud a encadré ce samedi 7 décembre un nouvel atelier d’animation en stop motion où parents et enfants ont pu créer une scénette sur la question des déchets en ville.

Le lieu

Une salle à l’étage. En soit ce n’est pas très important puisque c’est l’aménagement de l’espace qui compte : une tablée où produire les éléments à filmer et une zone de photographie avec ordinateur. Travailler face au bâtiment d’Atlanbois pour l’occasion ? Sûrement une simple coïncidence.  
 

Le but 

Produire en deux heures un court-métrage sur le thème de l’écologie via le médium de l’animation en volume, aka le ‘stop motion’, le déplacement progressifs d’objets fixes. Ici la variante ‘cut out’, animation à partir d'objets papier. Nous sommes plus du côté pythonesque de Terry Gilliam que d’un Nick Park et ses argileux Wallace & Gromit.  

Comme indiqué par l'artiste-intervenante, là où nous sommes habitués à consommer de la vidéo à raison de 24 images/seconde (voire 25, 60, ou même 120 selon les cas), les animateurs traditionnels eux se débrouillent avec bien moins. Comme de la prestidigitation de fortune : on cherche avant tout à créer l’illusion du mouvement. Magie.


De quoi ça parle ?

Le pitch de départ accroché au thème de l’écologie est « une ville qui se transforme ». Une session de brainstorming à coup de paper board aura permis à une vingtaine d’enfants de se mettre d’accord — d’être mis d’accord (et sans conflit) — sur le sujet plus digeste des déchets en ville et comment les nettoyer. Avec comme mots proposés : nature, arbre, nucléaire/Tchernobyl, recyclé, animaux, anguille, électricité,  science(-fiction), vert, moto… 
 

Comment ça marche

Tout commence par la mise en situation : le support de notre histoire est une ville remplie de déchets, il faut donc lui donner naissance. Les enfants ont soit la possibilité d’utiliser des éléments prédécoupés, soit de faire les leurs. La ville est composée de pièces préexistantes et représente un archétype de l’urbain construit de logements collectifs (et d’architecture contemporaine avec des maisons sur les toits, évidemment), d’une usine (qui pollue), de monuments historiques (une tour Eiffel, plus une horloge arrachée à Westminster), d’hélicoptères et d’avions dans le ciel...

L’effort de création est immédiat. Tous les enfants se mettent à produire très vite et avec enthousiasme. Les outils sont simples : du papier, des crayons, de quoi découper et coller. L’ambiance côté parent est plus mitigée allant de nombreux regards perdus à l’occasionnelle poussée d’intérêt « Et ta massue Alice, t’en fais quoi ? C’est moi qui l’ai découpée quand même ! ». (Parmi les principales solutions de nettoyage figurait un ogre mangeur d’ordures).

Notre décor est posé à plat sur une surface à peine plus grande qu’un A3, au-dessus de laquelle lévite une caméra. À partir de là, c’est tout un ballet qui se met en place. Les enfants se relaient autour de la table bougeant machinalement leurs confections ne sachant pas réellement où ils en sont. Plusieurs se passent la main pour la capture photo qui rythme les vagues successives. C’est pourquoi la présence de Marie-Pierre Groud est essentielle : elle nous guide car il est difficile de savoir ce que l’on a réellement accompli. Sans elle, facile d’imaginer la situation finir en Sa Majesté des Mouches.
 

La morale

Après une heure et demie d’effort, c’est huit secondes de vidéo qui auront été produites avec plus de 120 captures effectuées et des dizaines d’objets légèrement translatés à répétition. Avec bruitages maison lors de la projection : on ne peut pas tout faire en deux heures.

S’il était impossible d’apprécier réellement ce qu’il se passait pendant le chaos machinal orchestré par Marie-Pierre Groud, force est de constater que le résultat aura su impressionner la totalité des participants. Globalement le décalage entre la phase de production et de visionnage apporte énormément de saveur au résultat final qui devient une véritable surprise. Cela souligne le bazar heureux qu’est l’atelier où l’important c’est de faire en s’amusant.

Alors oui, par souci de complétion la ville a été nettoyée en 7 secondes. Les solutions pour y parvenir étaient soient magiques, soient technologiquement aventureuses. Tout est bien qui finit bien, l’usine est détruite, les arbres repoussent et les animaux reviennent, le reste est « à suivre »… Certains diront qu’on est bien loin de la réalité et même d’un peu d’enseignement sur le thème choisi. Était-ce le propos de l’atelier ? Non. L'événement remplit sa tâche de faire découvrir un moyen d’expression artistique facile à mettre en œuvre : tout le monde peut faire ça chez soi en peu d’effort et avec beaucoup de plaisir.

Cela ne nous empêche pas pour autant d’interroger à part la manière dont est transmise la problématique environnementale aux enfants (des villes et des champs) et la manière dont eux s’expriment à ce sujet. Le cinéma d’animation est d’ailleurs un terreau fertile pour y parvenir.