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J'ai testé : Electrons Libres

Arts numériques Publié le 17/11/2016

Nicolas Houel, adhérent à The Crew a testé, ce 4 novembre 2016, la première édition d'Electrons Libres, nouveau rendez-vous trimestriel, autour d'artistes et de collectifs œuvrant dans le live AV (performance auduivisuelle). Et pour ce lancement, cap vers la bouillonnante scène française qui ne semble pas avoir laissé notre aventurier indemne ! 

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Bon, soyons honnêtes, Electrons Libres pour sa première, ça a tabassé !

Au départ de l'event pourtant, j’étais un peu en reste, comme si j'avais perdu la foi en nos contemporains de la création numérique. J'étais là, en totale errance, réfléchissant furieusement à la qualité de ce que les artistes digitaux ont à nous proposer actuellement, et j'estimais à brûle-pourpoint les propositions un tantinet légères.

L'idée n'étant pas de faire un bilan critique de chacune des six productions mises à l'honneur mais plutôt d'aller chercher l'essence de la soirée, calée sur une boucle Micro – Maxi qui laissait à peine le temps de souffler, tournons-nous plutôt sur les fondamentaux :

Back dans les basses

Ce qu'il y a de plaisant avec les artistes numériques actuels, c'est l'énergie qu'ils mettent à vous percuter avec la musique (qui n'est pas sans rappeler Frequencies, de Nicolas Bernier), vous, imprudents que vous êtes à pointer le bout de vos oreilles dans les salles sombres de Stereolux. Ils sont là les artistes. Vous n'êtes pas prêts ? Ils s'en cognent, et, clairement, ils vous cognent.

Ça attaque sévère, c'est radical, bestial même pour certains et, en un inévitable syndrome de Stockholm, vous n'attendez qu'une seule chose, la frappe de décibels supplémentaires, qui vous arrachera peut être quelques fréquences, mais qui vous mettra tout plein de petits papillons dans le ventre.

Concernant la partie visuelle, la courtoisie m’invite à évacuer un soupçon de déception, brève parenthèse qui nous ramènera très vite à l’essentiel.

 

« #Particular »

Les guillemets, c'est pour la cotation. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le jeune homme à la casquette derrière, et il fait rire tout le monde, moi compris.

Particular, pour les non-initiés, c'est un plug-in disponible dans le logiciel After Effects qui permet de réaliser une grande, grande variété d'animations à base de particules -CQFD- qui se paramètrent à qui mieux-mieux dans un viewer 3D. Bien pris en main, ça peut amoureusement vous décoller les rétines, mais si l'on devine qu'il est utilisé, l’œuvre perd radicalement de sa saveur. La raison est évidente : reconnaître la technique de traitement numérique revient à prendre conscience que l’artiste en a fait un usage basique. Vilain comme pas deux, le fade s’invite alors à dîner.

Heureusement l’incident reste isolé et, pour la majeure partie des spectateurs, l’expérience fut réussie.

Fini de dégoiser, passons aux choses sérieuses :

Il est de certaines œuvres qui vous interrogent (GANGPOL & MIT / KUALA LUMPEN FRENCH INSTITUTE LIVE)

 

 

d’autres qui vous émeuvent (PIERRE BASTIEN / QUIET MOTORS)

 

 


d’autres, encore, qui vous captivent (FRANCK VIGROUX & KURT D'HAESELEER / CENTAURE

 

 

L’expérience

Et là, sans crier gare, Stereolux fait carton plein. La programmation est variée, les artistes se produisent sans aucun faux-pas, et à l’instant où l’inconnu assis à côté de vous commence à balancer de la tête en rythme sans s’en rendre compte, vous savez que les créateurs ont gagné la partie. D’ailleurs, inconsciemment, vous avez commencé à vous trémousser aussi, chenapans.

Quand finalement vous émergez de l’expérience, des rémanences plein les yeux et des vibrations plein les tympans, c’est pour mieux vous rendre compte que vous venez d’assister à quelqu’un chose d’inattendu, d’indéchiffrable, mais qui va continuer de vous secouer pendant un petit moment.

Pour sa première donc, Electrons Libres a su voir les choses en grand et capturer quelques-unes des meilleures graines de la scène digitale. A voir de quelle façon ils sauront nous surprendre à la prochaine édition, forcément féroce.

On s’y retrouve en février...

Par Nicolas Houel
Photos : ©Margaux Martin's et ©Aleksadra Danzanta