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Covid-19 et culture : pour une solidarité de proximité

Publié le 04/06/2020

Crise sanitaire sans précédent, la pandémie du Coronavirus n'aura pas épargné le secteur culturel, qui fut l'un des premiers à être impacté. Pendant et au sortir de cette période hors norme, durant laquelle la "distanciation sociale" était de mise, Stereolux s'est engagé à la fois financièrement et humainement dans le soutien aux acteurs de la filière culturelle, très fragilisés. Avec la prise de conscience que les salles, artistes, techniciens et prestataires multiples forment un écosystème précieux sur notre territoire. 

"In·Visible(s)". C'est un événement au titre étrangement prémonitoire qui se tenait à Stereolux à la mi-mars, et qui fut subitement interrompu le samedi 14, suite à l'allocution du Premier Ministre et la mise en place des mesures sanitaires contre le Covid-19. Depuis cette date, une soixantaine de spectacles, concerts, expositions et autres événements ont été annulés ou reportés, avec un manque à gagner pour l'association de près de 600 000 euros*. Invisible également cette année à Stereolux : la 19e édition de Scopitone, qui devait se tenir à la rentrée. Dès fin avril, l'équipe a annoncé à son plus grand regret son annulation, face aux incertitudes sur la circulation des artistes internationaux, la situation sanitaire et en prenant en compte le caractère par nature déficitaire de l'événement. 
 

 
IN·VISIBLE(S), dernier événement organisé à Stereolux - photos ©David Gallard


Solidarité sectorielle

"Depuis le début de la crise, le secteur culturel vit un véritable tsunami social et économique", explique Eric Boistard, directeur de Stereolux. C'est pourquoi, même si nous sommes fermés au public depuis plusieurs mois, nous tentons d'apporter à notre échelle notre soutien à la filière. Nous nous rendons compte à quel point celle-ci constitue un riche écosystème, en particulier sur notre territoire très créatif". Ce soutien est d'abord financier, avec le dédommagement des artistes et prestataires (techniques, de communication, de sécurité...) déjà engagés auprès de Stereolux et Scopitone, dont la situation est grandement fragilisée par l'annulation des spectacles. Il prend également la forme d'une réflexion collective menée au fil des semaines avec les autres salles de spectacles et festivals de la métropole nantaise. Il se concrétise, aussi, dans la participation au fonds de dotation "Mécènes pour la musique". Créé à l'initiative du Pôle régional de coopération pour les musiques actuelles, ce fonds vise à soutenir, notamment, les accompagnateurs d'artistes (développeurs, structures de diffusion...).
 


 

Des résidences d'artiste en juin

"Un lieu culturel est un lieu de rencontre et donc de rapprochement social par définition, il ne vit que par ce qu'y s'y passe", aime à rappeler Eric Boistard. À défaut de pouvoir accueillir du public, nous avons donc également décidé d'ouvrir nos espaces à des artistes en résidence, à partir de début juin, pour qu'ils continuent de créer, évidemment dans le respect des gestes barrières". Dans les salles Maxi et Micro ainsi qu’en Plateforme Intermédia et en salle Multi, huit artistes ou groupes vont se succéder pour 50 jours de répétition et création au mois de juin. La moitié d’entre eux initialement accompagnée par la ville de Nantes : DBStraße (chanson electro-pop), la compagnie Chute libre (danse hip-hop), la compagnie Système B (Bal de Bellevue, danses du monde) et 28Saphyr (electro-rock). Formé de la chanteuse Liz Cherhal et du guitariste Morvan Prat, 28Saphyr a vu sa première tournée "stoppée net" par le virus."Notre dernier concert, c'était la veille de la fermeture des salles, le 14 mars", se souvient Liz. "Nous étions très frustrés parce que, au-delà de l'annulation d'une dizaine de dates, quelques semaines plus tard, en plein confinement, nous devions faire une résidence à La Fabrique pour perfectionner notre son. C'est une sacrée chance qu'elle ait finalement lieu, et en plus ici à Stereolux, avec tous les équipements d'une vraie salle de concert !".​

 
Résidences en musique et arts numériques avec DBStraße et Guillaume Marmin


Vers une réouverture en septembre ?

Artistes numériques ligériens, Nathalie Guimbretière, Guillaume Marmin, Mickaël Lafontaine, Guillaume Cousin, Roman Bestion, Abraham Fogg, le collectif CELA et Laurent La Torpille se sont vus, eux, proposer d’investir les espaces de Stereolux pour présenter des créations, en cours de réalisation ou à imaginer. Leurs résidences devraient mener à des week-ends de restitution cet automne, à destination d'un autre maillon essentiel à la vie culturelle sur le territoire et dont toute la filière attend le retour : le public évidemment. La crise de la Covid-19 aura rappelé, à travers notamment le succès des concerts en ligne, combien celui-ci reste avide de découvertes. Pour lui rouvrir en douceur ses portes, Stereolux espère proposer également à la rentrée un week-end famille, avec des jeux et des lives en journée, ainsi que la reprogrammation de concerts de musiciens du territoire annulés au printemps, du post-black metal de Regarde les hommes tomber à la chanson solaire de Voyou ou la soul-pop arty de Lenparrot. Prenons les paris : dans le "monde d'après", la créativité des artistes du territoire sera plus visible que jamais !
 

Matthieu Chauveau

 

*recettes de la billetterie, du bar, locations de salles, partenariats privés...