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ATTRACTION + RÉPULSION = FASCINATION : Rencontre avec Irène Drésel (Interview Scopitone)

Musique Publié le 14/09/2022

Irène Drésel nous promet un live bouillant ce vendredi soir 16 septembre, pour la première Nuit Electro. Nous avons pu lui poser quelques questions. Tour d'horizon sur son nouvel album Kinky Dogma, sa vie à la campagne et sa passion pour l'image.

NUIT ELECTRO #1 : DANIEL AVERY · IRÈNE DRÉSEL · DECIUS · u.r.trax · PALOMA COLOMBE · ASNA & AnyoneID · ATOEM · JULIANA HUXTABLE · SÉBASTIEN GUÉRIVE · ZONE ROUGE


1. Diplômée des Beaux-Arts, tu as travaillé sur le rêve et la dichotomie du corps et de l’esprit. As-tu aussi infusé ces thèmes dans ton travail musical ? Si oui, dans quelle partie de ton travail les retrouve-t-on ? Plutôt la composition ? La scénographie ? La narration des albums ?

Pas de manière littérale, non, mais le fait d'avoir un univers visuel en décalage avec la proposition sonore répond à cette dichotomie. Certains clips aussi appartiennent au domaine du rêve, comme le clip "Chambre2" par exemple. Lorsque je me produis sur scène, j'aime aussi l'idée que le·la spectateur·rice bascule dans un univers qui le·la transporte quelque part. Les mouvements du corps physique libèrent les pensées du cerveau.

 

2. Kinky Dogma. C’est le nom de ton dernier album, composé de 14 titres. Kinky, pour le vicieux, le pervers, le frivole. Dogma, pour la croyance, le dogme, l’opinion. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Il s'agit d'un concept quasi antinomique... tout du moins d'un rapprochement inattendu. Comme une doctrine basée sur des fondements pervers. Une dualité sacré-profane. Les titres des morceaux en attestent : "Vestale" : les vestales sont des prêtresses de la Rome Antique qui font voeu de chasteté durant 30 ans ; "Stupre" : qui signifie en français littéraire la débauche, la luxure ; "Kinky" : terme anglais qui signifie "vicieux", "coquin", "pervers", "frivole" ...

"attraction + répulsion = fascination"

3. D’ailleurs, l’ensemble de ton œuvre va dans le sens de cet oxymore, de cette dualité ; de l’agencement de tes albums jusqu’aux univers que tu crées. Pourquoi ce paradoxe est important pour toi ? Aurais-tu envie d’explorer de nouvelles complexités, de nouvelles manières d’aborder ton œuvre ?

Depuis mes débuts dans l'art visuel en 2003, l'ensemble de mon travail artistique répond à la formule "attraction+répulsion = fascination". Je joue depuis sur cette tension entre deux extrêmes.

4. Les fleurs sont omniprésentes dans ton projet ; scéno, pochette, clips, … Quelle symbolique souhaites-tu faire passer par elles ?

Dès mes débuts sur scène je me suis entourée d'une scénographie florale. La table sur laquelle sont posées mes machines est recouverte de fleurs, comme un autel. J'avais envie de m'écarter du caractère austère de la techno en abordant ce style musical avec une approche beaucoup plus sensuelle et colorée. La recherche de plaisir fait partie des motivations premières qui poussent les individus vers la musique techno. J'estime qu'il y a bel et bien de la sensualité dans la techno. Ces fleurs qui m'accompagnent sont principalement constituées de roses. La rose est une fleur noble. C'est la reine des fleurs. C'est aussi le symbole de l'amour. Elle sert aussi bien d'ornement pour les cérémonies nuptiales que funéraires. J'habite à la campagne et chez moi il y a des roses partout. C'est donc aussi un lien avec le lieu dans lequel je vis.

5. JUSTEMENT, La pochette de ton album, est-ce une invitation à vivre tous·tes à la campagne, comme tu l’as fait ? Comment a-t-elle été pensée ? 

J'ai pensé le dessin dans son ensemble, son intention, mais c'est l'illustrateur Emmanuel Picq qui l'a réalisé pour rendre à la perfection ce que j'avais en tête. Je ne sais pas si c'est une invitation à vivre à la campagne. C'est plus une invitation à me suivre dans un univers parallèle, via un chemin de lumière et de fleurs. L'inspiration m'est venue en voyant le film "Midsommar" d'Ari Aster. Des jeunes se rendent à un festival célébrant le solstice d'été. Les gens sont tous vêtus de blanc, coiffés de couronnes de fleurs. Il les accueille avec un large sourire inquiétant. Sur la pochette, le personnage démultiplié accueille de cette même manière le·la spectateur·rice, avec ce même air de lui souhaiter la bienvenue (en référence au premier morceau de l'album "Bienvenue").

"Je crois que l'image ne me quittera jamais."

6. Quels sont tes projets en cours et à venir ? La scénographie a changé sur tes sets, on y retrouve des jeux de lumière très travaillés et de l’image. Est-ce un objectif pour toi de revenir à l’image ? Peut-être même jusqu’au cinéma ?

Dès qu'on le peut la vidéo est là lors des concerts, mais hélas selon la configuration des salles et des festivals ce n'est pas toujours possible. Je crois que l'image ne me quittera jamais. J'ai même une grande envie de me remettre à la peinture ! En parlant de cinéma, j'ai eu ma première expérience de musique à l'image avec le film "À Plein Temps" d'Eric Gravel sorti en mars 2022 pour lequel j'ai composé la musique. C'était une super expérience.

7. Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Avant de nous saluer, pourrais-tu nous partager ton top 3 des labels électro qu’il faut suivre de près en ce moment ?

Le label de Chloé "Lumière Noire Records", "Pain Surprises Records" et "Deewee" !