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mer. 17 avril 2024 20H30

Le Beau Label I Figures Libres : Gablé · Mossaï Mossaï · OPAC

Terminé
STEREOLUX Salle Micro Placement libre Debout
Organisateur : Stereolux

Créé à Vendôme comme une déclinaison du festival défricheur les Rockomotives, le label Figures Libres porte parfaitement son nom, défendant des artistes qui n’en font qu'à leur tête, préférant le vent sonore tourbillonnant aux lignes parfaitement tracées. Petit tour d’horizon avec les génies bricoleurs de Gablé et leur pop-electro-folk imprévisible, le rock noisy et poétique de Mossaï Mossaï et la folk très Nick Drakienne d’OPAC.

Le Beau Label : Figures Libres

L’ADN truffier du festival vendômois Rockomotives trouve sa déclinaison “à emporter” avec le label Figures Libres, qui en seulement cinq ans d’existence compte déjà une trentaine de références (Karkwa, Meule, Crenoka, Bacchantes, Ropoporose…), qui en plus du savoir-faire de la maison-mère exhibe une Appellation d’Origine Protégée : les artistes défendu·es par Figures Libres Records sont presque tous·tes issu·es du terroir tourangeau, qui comme chacun·e le sait produit des profils “très ouverts, fruités et aromatiques”.

Gablé (FR)

La légende raconte que les plus sophistiqués des algorithmes californiens ont renvoyé une “erreur 404” au moment de traiter le cas Gablé pour le ranger dans l’une ou l’autre des playlists d’ambiance que vantent les plateformes en tête de gondole. Trop tarabiscotée, trop anguleuse, la musique des Normands a surtout trouvé sa place, au fil des ans et des tournées, dans les plus aventureuses programmations des tiers-lieux qu’on n’appelait pas encore ainsi. De la tiers-pop, donc ? De la serendipity folk ? Ce serait ne pas faire suffisamment honneur au périmètre insensé ratissé par le trio depuis 2008 avec les moyens du bord et dans la plus échevelée des approches DIY : vents, bidouillages électroniques, percussions schizo et voix azimutées… Des ingrédients qui n’auraient jamais dû se retrouver dans le même bocal et qui pourtant donnent naissance à de fascinantes symphonies de poche.

Mossaï Mossaï (FR)

Dans Cérébral, porte d’entrée du premier LP de Mossaï Mossaï, la scansion du mot-titre fait presque atteindre la satiété sémantique, ce phénomène qui fait perdre leur sens aux mots répétés inlassablement : déjà, en un peu moins de dix minutes, on en a pour la tête et l’abdomen, le conscient et l’inconscient. C’est cet effet quasi-synesthésique qui en a amené certain·es à comparer le rock noisy des Tourangeaux à un carrefour entre Sonic Youth et Brigitte Fontaine. Les Inrocks, eux, ont écrit “le bruit et l’apaisement”. Il y a certainement quelque chose du mitan dans la musique des quatre Mossaï, entre les échos troubles et répétitifs et le signifiant total. Du groove dans le bruit, quoi ! Une équation finement calculée qui place son point d’impact pile au niveau du plexus.

OPAC (FR)

Dès l’entame de Songs For A Second Grace, troisième album de Pierre-Alexis Cottereau sous le nom d’OPAC, l’esprit de Nick Drake vient taper au carreau. En temps normal, on serait surpris·e, effrayé·e même (un mec mort il y a 50 ans qui s’invite pour l’apéro…), mais la magie de la musique folk ne serait-elle pas précisément d’invoquer des fantômes ? Les guitares du Tourangeau expriment une certaine lascivité, mais aucune lassitude : ce n’est pas le passé que vise OPAC mais ce délicat territoire, autrefois reluqué par l’illustre Britannique, entre les cieux et la terre. C’est en partie à Ouessant que Cottereau et trois compagnons ont atteint ce lieu mystique en même temps que la seconde grâce qui fait office de promesse-titre. En novembre 2024 on célèbrera les 50 ans de la disparition de Nick Drake : avec son album et sa tournée, OPAC lui offre comme une seconde vie. Ça vaut bien un petit apéro pour fêter ça.