Indigènes : carte blanche à Jacques

Il serait dommage de limiter le projet Jacques à une coupe de cheveux. Car si l'apparence compte dans cette proposition musicale, l'intrigue se poursuit également sur le fond. Cette musique, abstraite et concrète à la fois, fabriquée avec les sons de la pluie, du vent ou d'une vague, confirme que l'on peut trouver bien de la beauté dans les éléments du quotidien. Inclassable, véritable personnage à la Duchamp, Jacques ne laissera personne insensible.

La biographie de Témé Tan est une fantaisie. Une fantaisie qui explique parfaitement sa musique. Lui, c'est un Belge qui a grandi au Congo. Il pense la musique avec rythme et vigueur. Comment faire autrement lorsque l'on a été biberonné à la rumba congolaise ? Le musicien a ensuite tracé sa route, notamment au Japon. Toutes ses escales, on les retrouve, fiévreuses, dans chaque note de sa musique. Une belle odyssée sonore en perspective !

Salut, c'est cool ! On retrouve James Darle plus tôt que prévu ! Échappé de la nef des fous, justement intitulée Salut c'est cool !, le jeune homme propose une poésie techno de l'absurde nommée La Vida Es Una Paella. Un aphorisme à la hauteur de ces compositions électroniques bizarres et contemplatives, qui lorgnent sévèrement du côté d'Aphex Twin. Enregistré du côté de Majorque, ces morceaux sont aussi intrigants que le sable noir d'une plage volcanique des Baléares.

UTO est un duo à la poigne sévère. On les a connu grâce à leur relecture du morceau déjà atypique de Jacques : Dans la radio. C'était une approche fiévreuse et indocile - du style fièvre tropicale. AvecThe Beast, UTO continue de travailler ce son ample et épileptique à la fois. Une musique dance en pleine arythmie, portée par une voix suave et énigmatique. Couple à la scène comme à la ville, UTO possède tous les ingrédients pour devenir rapidement indispensable !

Voilà un personnage qui a organisé une prestation scénique d'une dizaine d'heures et cela, dans une chambre d'hôtel. On l’aura compris, Basile di Manski est un grand loufoque. Sur la pochette de son disque, on peut admirer une étrange créature : un dauphin-banane. Pas banal. Côté musique, la description semble vaine. Mais on peut dire que le tout colle comme une bande originale de film érotique des années 80. Une pop alanguie, un brin pute et totalement naïve. Ce personnage iconoclaste et charismatique sera, sans doute, un grand moment du festival.

Ça ressemble à une grosse blague, mais au bout du compte Pain Surprise est une entité assez sérieuse, où on travaille dur à se libérer de tout ce grand bordel qui nous environne. Étienne Piketty et Félix de Givry, les têtes pensantes de ce projet, ont plus d'un atout dans leur besace : l'inénarrable Jacques, le dandy façon Minitel rose, Basile di Manski ou encore les étranges et fantasques Jabberwocky. Un plein de surprises donc, à ne surtout pas manquer !