The Black Lips + MNNQNS

Alive and well. Les fous furieux d'Atlanta, toujours au taquet, sortent leur huitième album, dont le titre est en soi une merveille, Satan's graffiti or God's art ? – et de nous étonner : est-ce là questionnement métaphysique, crise existentielle ou complet pédalage dans la choucroute ? Sans doute un peu des trois, mon bon monsieur. C'est en tout cas une plongée dans les abysses acides d'un garage rock où dérapent les guitares et fusent jusqu'aux cieux les envolées psychés (cieux que percent les stridences de Yoko Ono sur une des compos) ; avec, une fois n'est pas coutume, une touche expé – à la fois musicale et narrative (l'album, parsemé d'interludes, se présente avec une intro et un final). Le groupe ne déroge pas à sa réputation : brouillon, teigneux, grinçant, davantage à son aise dans l'audace que dans le confort. Reste à déterminer, dans ce bordel jouisseur (et jouissif), quelle est l’œuvre de Dieu et la part du diable...

Ne parlons pas, ici, d’une énième formation française appliquant le grimoire du rock mais de jeunes hommes élégants en prise directe avec la nécessité de vivre le rock jusqu’à l’usure, jusqu’à la perte de soi. L’humour du quatuor rouennais évite la lourdeur cathartique de la même façon qu’il envoie bouler le professionnalisme bien peigné. C’est sale, méchant, mais toujours à la cool, furieusement rythmique, dur dehors et souple dedans.