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Lumière noire : un terrain de jeu et d'exploration pour la productrice Chloé (Interview)

Musique Publié le 17/03/2022

Le label parisien créé par Chloé aime sortir des sentiers balisés et mettre en avant des artistes singulier·es et différent·es, entre expérimentations et electro dansante. Le label défend une certaine idée de la musique électronique à la fois fonctionnelle, taillée pour la danse, mais qui dévie aussi vers des mélodies singulières qui filtrent comme un rayon de lune au travers d’un son dark. Comme quoi, c’est parfois dans la pénombre qu’on entrevoit le mieux la lumière...

En amont de la soirée Le Beau Label I Lumière Noire qui aura lieu jeudi 31 mars, nous avons pu poser quelques questions à Chloé !

Le Beau Label I Lumière Noire : Chloé & Vassilena Serafimova • Sutja Gutiérrez • Jacques Bon


Le label existe seulement depuis 2017, mais vous êtes dans le milieu musical depuis bien plus longtemps. La création de Lumière Noire a-t-elle changé votre manière de travailler ?

C. T. : J’ai créé le label par nécessité de fédérer mes coups de coeur dans une seule et même entité, à travers les soirées Lumière Noire, mais aussi les sorties. C’est un prolongement naturel de ce que je fais depuis plus de 20 ans à travers mes sets DJ : trouver des morceaux de talents de la scène émergente ou des plus confirmés, et les faire découvrir et entendre haut et fort en les jouant.

Lumière Noire sort des EP clubs, ou pas, mais aussi des albums (Iñigo Vontier, Sutja Gutierrez, Destiino…). J’aime bien cette idée que le cadre de Lumière Noire est en constante évolution, qu’il reste un espace de liberté pour les artistes, pour moi. C’est certainement une façon de redéfinir un espace de jeux.
« J’aime bien cette idée que le cadre de Lumière Noire est en constante évolution, qu’il reste un espace de liberté pour les artistes, pour moi. »

Vous parlez de Lumière Noire en tant qu’« entité créative ». Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C. T. :  En réalité Lumière Noire ne se limite pas à un label à proprement parler. Ce sont aussi des soirées qui ont lieu dans des clubs (d’ailleurs le nom Lumière Noire vient à l’origine d’une résidence que j’avais au Rex Club à Paris) ou des lieux plus originaux comme le Centquatre à Paris ou le musée Guggenheim à Bilbao.

Il y a aussi une dimension graphique avec la contribution de Dune Lunel Studio qui s’occupe de l’identité visuelle de Lumière Noire. L’expression « entité créative » permet de regrouper tout cela, et de laisser le champ des possibles ouvert à d’autres choses.

 
© Dune Lunel Studio - Artwork pour "counting stars with you (musiques femmes)"

Comment choisissez-vous les artistes du label ? Pouvez-vous nous dire 2 mots sur Sutja Gutiérrez & Jacques Bon tous deux à l'affiche de cette soirée ?

C. T. : Je fonctionne vraiment au coup de coeur. Ce qui compte avant tout est que l’artiste ait un univers à lui, une couleur particulière, mais sans forcément ressembler à un style précis.

Sutja Gutierrez a un univers singulier, entre l’électronique lo-fi et la folk, légèrement dissonant ce qui rend sa musique et ses concerts particulièrement puissants. Il m’avait envoyé ses demos quand j'étais en train de monter le label, c’est tombé au bon moment !

 

 

Je connais Jacques Bon depuis longtemps, c’est un artiste qui a une identité singulière également, proche du label Smallville de Hambourg (label fondé par Lawrence). Smallville est un disquaire devenu label. Jacques avait ouvert un shop à Paris du même nom avec Pantha du Prince. Aujourd’hui le shop a fermé, mais Jacques reste plus que jamais le représentant d’une scène musicale que j’affectionne particulièrement, proche de Pantha du Prince, Efdemin ou Lawrence.

« Je fonctionne vraiment au coup de coeur. Ce qui compte avant tout est que l’artiste ait un univers à lui, une couleur particulière, mais sans forcément ressembler à un style précis. »

 

 

 

Le 31 mars, nous aurons aussi la chance d’écouter sur scène votre dernier album en collaboration avec la percussionniste bulgare Vassilena Serafimova. Comment est apparu ce projet, qui n’avait d’abord qu’une vocation éphémère ?

C. T. : Effectivement ma rencontre, presque fortuite, avec Vassilena s’est transformée depuis en vraie collaboration. On s’est rencontrées pour un concert autour d’une relecture du répertoire de Steve Reich il y a quatre ans, et puis il y a un coup de foudre musical et amical en quelque sorte. On a donc décidé de monter un duo et de faire nos propres compositions qui se sont étoffées live après live.

© Alexandre Guirkinger - Photo de Chloé & Vassilena Serafimova

Ce qui nous a animé depuis le début, et nous anime encore aujourd’hui d’ailleurs, c’était cette volonté d’explorer l’univers de l’autre et d’expérimenter ensemble toutes les possibilités qu’offrent nos palettes artistiques respectives. C’est un véritable échange, un va-et-vient continu entre nous deux, qui s’est concrétisé par quatre années de tournée et un album sorti en octobre dernier !