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G5, réunion au sommet entre humain, minéral, animal, végétal et machine - interview de Rocio Berenguer

Arts numériques Publié le 13/02/2020

Et si l’espèce humaine était perçue à égalité avec les autres espèces, que se passerait-il ? Le 26 février, participez au premier G5, réunion au sommet représentatif d'un nouvel ordre mondial ! Inspiré du G20, emblématique de la posture politique de l'Homme moderne, l'artiste espagnole Rocio Berenguer met en scène un mythe post-anthropocène dans lequel l'humain est contraint de dialoguer avec les représentants des autres règnes (minéral, végétal, animal, machine) au sujet de l'avenir de la planète. Cette pièce de science-fiction, au carrefour des arts et des sciences, prend la forme d'une performance théâtrale. 

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Comment est né ce projet G5 ?

Je cherchais un recit, une vision du futur qui dépasse l'utopie/dystopie. Je me suis demandée quelle pourrait être une politique du futur, mais un futur dans lequel j'aimerais vivre.
 

Quelles questions soulève-t-il ? 

Comment imaginer un monde dans lequel l'humain n'est pas au centre ? Comment communiquent les minéraux entre eux ? Et un minérale avec une plante ou un animal, une machine ? Quel système ou langage universel pour rendre possible un débat entre toutes ces entitées ? Quelles seront les revendications du règne végétal ? Et celles des autres ? 

"Il y a une arrogance dans la conception de l'humain qui est en train de se briser par obligation. Cette fissure-là pour moi est une terre fertile. Elle est un nouveau terrain des possibles."
- Rocio Berenguer dans Le Monde le 08/02/2020

Comment avez-vous construit ce G5 ? Avec quels profils de chercheurs/experts/scientifiques avez-vous échangé ? 

Il y a eu plusieures étapes de recherche pendant trois ans. J'ai rencontré une vingtaine de chercheurs issus de domaines très différents : éthologie, astrophysique, biologie, design, minéralogie, sciences de la terre, experts du noyaux terrestre ou des météorites, philosophes, chercheurs en linguistique...
Tout·e·s ont été impliqué·e·s dans ce travail de recherche préparatoire au spectacle, soutenu par un financement du consortium ARTificial Intelligence Lab, de l'Union européenne, qui invite artistes et scientifiques à échanger sur les enjeux humains et philosophiques du développement de l'intelligence artificielle.
Tout au long de cette période je me suis imprégnée de connaissances sur des sujets très divers sur les minéraux, les êtres vivants, le fonctionnement de la mémoire, du langage... La merveille du champ magnétique terrestre, ses mystères et ses mouvements m'ont notamment fascinée.
 

 

 

Comment avez-vous ensuite adapté cette phase de recherche en narration puis en spectacle ? 

Il y a eu une grande phase d'écriture, puis de recherche formelle sur le plateau, puis d'écriture à nouveau, puis d'écriture finale au plateau. C'est vraiment un va-et-vient entre écriture sur le papier, toute seule avec mon imagination, et tests avec les éléments sur le plateau pour voir comment cela prend vie. 
 

Finalement, Quelle forme prend cette performance ? 

Traiter d’un sujet tel que la survie des espèces, notamment de l’espèce humaine, de sa capacité à dialoguer avec d’autres formes d’intelligence et de vie a nécessité un long parcours qui s’est découpé en plusieurs étapes :

  • une phase de recherche : travail de recherche avec des scientifiques, développement technologique…
  • une phase d’expérimentation : quelle forme pourrait rendre le plus fidèlement l’intention artistique initiale ? Comment répondre par une forme spectaculaire à des questions contemporaines et futures sensibles ?
  • et une phase de création : par quelle forme, quel champ disciplinaire, quel rythme ?

Au fil de ces différentes étapes, les questionnements et tentatives de réponse ont été multiples : question de la présence du texte, des temporalités au plateau, de celles des espèces (comment faire interagir une temporalité « humaine » au plateau avec une temporalité minérale qui par essence sont extrêmement différentes etc).

Un premier scénario a été pensé, écrit et éprouvé lors de résidences de création, qui prenait la forme d’une fable contemplative dénuée de texte et qui mettait en jeu l’interaction, le jeu de différents corps au cœur du dispositif. Mais la réponse à l’intention ne semblait pas aller dans ce sens.

Un second scénario a donc été écrit et mis en forme lors de la création du spectacle en janvier 2020, et le texte a été remis au cœur de la proposition, répondant aux enjeux artistiques initiaux. Le spectacle a été présenté, pour la première fois le 9 février 2020 au Centquatre lors de la Biennale NEMO, avec une approche théâtrale, même si, la question du corps, sujet qui est au cœur de ma démarche artistique et qui a traversé l’ensemble de mes créations, reste un chemin à explorer dans une seconde étape de travail du spectacle G5.

 

  

 

Vers quelles réflexions/réactions souhaitez-vous amener le spectateur ? 

J'aime plutôt découvrir les réactions et réflexions du public au sortir de la pièce ;)