APOPHÉNIES (DANSE MUSIQUE RHÔNE-ALPES & BONELLA HOLLOWAY) · High Season (Chloé & Ben Shemie) + Cascades

Le chaos est un horizon désirable pour Loup Gangloff, batteur, plasticien et guide-mécano de Danse Musique Rhône-Alpes. Échappé du duo noise Deux Boules Vanille, ce musicien issu d’une famille de vigneron·nes superpose percussions bricolées et synthétiseurs DIY pour composer une musique de fête digne de notre époque : à la fois âpre et entêtante, sombre et enivrante. La techno expérimentale de DMRA fait acte de sérendipité en accueillant volontiers les accidents rythmiques et autres trouvailles de l’instant. Elle dégage un supplément d’âme qui boute le sacro-saint BPM hors de ses cuves.

Illustrée par la musique accidentée de Loup Gangloff, l’installation Apophénies est une collaboration avec l’artiste plasticien.ne Bonella Holloway, dont le travail vidéo déplace l’image documentaire vers ce qu’elle propose en hors champs, là où se joue l’intrigue secrète, la matière que l’on ne maîtrise pas, le sublime discret des situations.
À deux ils reconstituent en Live des fragments de témoignages, dont le recueil fait partie de la performance, de situations paranormales : l’apophénie est en psychiatrie une propension à relier des événements entre eux pour y trouver des sens cachés. L’installation présente en vidéo certaines de ces découvertes piochées dans le monde professionnel. Éclairées par la musique électronique singulière de Gangloff, et le montage réalisé Hic et Nunc par l'œil de Holloway, elles semblent se nouer entre elles pour aboutir à la révélation d’une nouvelle vision du monde.

Pour quiconque est porté sur les textures moites et l’electro languide, l’union de la productrice et DJ Chloé et du chanteur de SUUNS Ben Shemie fait office de super-groupe : c’est le miracle High Season, qui marie enfin les deux représentant·es du dancefloor le plus poisseux de notre hémisphère. Avec Chloé, le kick fait toujours semblant de s’évanouir tout en imposant sa présence. La voix de Ben Shemie, quant à elle, simule sa fragilité tandis qu’elle inonde notre cerveau. Ensemble, ils font mine de jouer pour elleux mais produisent en réalité un langage qui s’adresse à la partie la plus enfouie du cortex, une musique électronique lancinante et hantée apte à capter la plus infime parcelle de notre conscience.

Les Cascades de Franck Vigroux et Antoine Schmitt, qui oeuvrent à la fois dans la musique expérimentale et le théâtre, consistent en un flux de pixels (Schmitt) et de sons (Vigroux) représentant à la fois le mouvement permanent et l’immuabilité des chutes d’eau, qui contrastent avec leur environnement naturel. Ils composent avec ce projet audiovisuel une œuvre synesthésique fascinante, aussi contemplative que sensorielle.