Les femmes s'en mêlent, côté image aussi ! - interview de l'illustratrice

Le festival Les Femmes S'en Mêlent donne carte blanche à de jeunes illustratrices afin de mettre en avant, via son affiche, leur regard et leur démarche artistique. Pour cette 22ème édition, c'est Marie Baudet aka Hyperbaudet qui signe un visuel coloré. Formée au graphisme aux Gobelins et au cinéma à Nantes, elle explore les thèmes du souvenir avec ses Albums de famille, des toiles qui questionnent l’intime en réveillant nos propres émotions. Une série qui fait parfaitement écho aux Femmes s’en Mêlent, le festival s’envisageant lui aussi comme une famille, une communauté partageant les mêmes valeurs.

Qu'est-ce qui t'a motivée à travailler pour ce festival et comment as-tu été impliquée dans ce projet ?

C'est Stéphane Amiel, le fondateur du festival, qui m'a contactée pour me proposer de réaliser l'affiche de l'édition 2019. Son message avait atterri dans mes spams, j'ai bien failli passer à côté. Il avait aimé la pochette de Le Modeste Album que j'avais créée pour Ricky Hollywood. Je connaissais le festival, quelques beaux noms sont passés par là et le fait qu'il ne se joue pas seulement à Paris mais dans le reste de la France et au Canada me plaisait. J'ai immédiatement eu une idée de visuel, ce qui m'a motivée, même si cette première idée n'a finalement pas été retenue !

Comment t'es-tu emparée du sujet de la création féminine au coeur du festival ?  

L'idée était de représenter une bande de filles. En en discutant avec Stéphane, on trouvait intéressant d'intégrer à ce crew féminin un homme ou un personnage non genré. Ce festival a été créé il y a 20 ans car il y avait besoin d'un espace revendiqué par les femmes dans le paysage musical. Cependant, bien que la programmation soit féminine, les groupes comme l'équipe sont mixtes, le public aussi, c'est un festival qui s'adresse à tout le monde, l'idée n'est pas de cloisonner les genres. En y repensant, c'est assez marrant que je me retrouve à créér l'affiche de ce festival car j'évolue dans mon travail dans un milieu particulièrement masculin.
 

Sur l’affiche, quatre silhouettes, installées dans la rue comme dans leur salon. Elles évoquent un groupe, une bande d’amis, le public au sens large.

Cet instantané, ce moment qui passe trop vite mais reste précieux pour toujours, incarne à merveille le festival : il reflète l’idée d’une sororité épanouie et ouverte aux autres, réunie le temps d’un concert ou d’une tournée.

L’image fait également référence à toutes celles, omniprésentes dans notre inconscient collectif, de groupes occupant la rue. Mais là où ces dernières étaient essentiellement masculines, c’est le féminin qui, cette fois, investit l’espace public.  Lieu hautement symbolique, il est, comme la scène, un territoire à s’approprier avec force et conviction. Un credo que Les Femmes s’en Mêlent défend depuis maintenant 22 éditions.

Quelles sont les femmes graphistes / illustratrices qui t'inspirent ? 

Je trouve les peintures de Maïté Grandjouan très belles et poétiques, les dessins de Marion Fayolle malins et bien vus, tout comme ceux du couple Mrzyk & Moriceau. J'aime le traitement de la couleur chez Aline Zalko.

Maïté Grandjouan

Marion Fayolle

 
Mrzyk & Moriceau
 

Aline Zalko

Quel serait ton plateau de rêve pour les Femmes s'en Mêlent ? 

"De rêve", c'est large, ça signifie qu'on a le droit aux morts ou aux gens dont ne sait ce qu'ils sont advenus, n'est ce pas ? :) 
Il y'aurait une scène synth/wave 80 avec des groupes comme Saada Bonaire, Mikado, Regrets ou Deux. La nuit Clubbing pourrait être assurée par Veronica Vasika et son label Minimal Wave avec une première partie électro par Eye (Laurène Exposito) et son label Waving Hands. Pour la scène canadienne, il pourrait y avoir (Jef) Ellise Barbara. De la chanson française avec Isabelle Mayereau, Brigitte Fontaine, Véronique Vincent, Jacqueline Taieb.
Pour la caution intellectuelle, il pourrait y avoir le dimanche une petite lecture de textes de Françoise Sagan sur un accompagnement musical de Musique Chienne.