MONIKA + RHUM FOR PAULINE + YUKO YUKO

C'est son album américain (et le troisième de sa carrière), qu'elle est allée « conquérir » elle-même en poussant les portes du label Daptone, en faisant écouter ses maquettes aux maîtres des lieux, les Dap-Kings – musiciens d'Amy Winehouse et de Sharon Jones –, et en parvenant à les faire enregistrer avec elle. Ce beau tour de force s'accompagne d'un changement de cap artistique : la jeune Grecque, qui n'avait plus envie de chanter des chansons chagrines, délaisse les ballades folk qui l'ont fait connaître dans son pays pour des compositions aux tonalités autrement plus modernes et roboratives.

Orchestrations luxueuses, groove énergique, voix suave et plutôt grave : avec Secret in the Dark, Monika rejoue les marivaudages de l'ancien et du moderne, en habillant de sonorités électroniques des compos disco-funk dignes des grands noms du genre, et qui ont parfois des allures de fête triste et sexy – un peu comme le regard de Debbie Harry quand elle chantait Heart of Glass sous la boule à facettes d'un club déserté.

Après trois EPs (2010, 2012 et 2015) la formation emmenée par Romain Lallement (Lenparrot) aura mis plus de 5 ans avant d’offrir ce long format. Si la voix cristalline, la basse envoûtante, la batterie énergique et la guitare 80’s, sont immédiatement associés au son des Nantais, le quintet a fait mûrir ses constructions instrumentales. Les compositions se font précises, instinctives, naturelles et inventives.
Ce premier album pourrait bien être l’ultime bande son pour sillonner les plaines du sud-est des Etats-Unis entre Miami et Cuba. Un vrai archipel floridien téléporté sur le Vieux Continent.

Avec un lyrisme épuré évitant le piège de la mièvrerie, le groupe se libère des règles pesantes des références (soul, classic rock, pop et R'n B). Sa riche culture pop, ses envies de secousses futuristes et ses instantanés créatifs vous enivrent sans aucune gueule de bois.

Yuko Yuko est le projet du seul Elias Elgersma, un garçon à peine âgé de dix-neuf ans et originaire du nord du Pays-Bas. En plus de sa déjà prolifique discographie en solo, Elias fait partie de nombreux projets en parallèle et vient aussi de créer son propre label, Purple Noise Record Club. Les chansons de Yuko Yuko font penser à quelques artistes américains dont la lo-fi est hantée par le souvenir de la pop des années 80 (Toro Y Moi, Ariel Pink...) alors qu’Elias préfère définir la sienne comme “graveleuse et obscène mais parfois très douce”, citant des influences qui semblent peu conciliables : A$AP Ferg, The Velvet Underground, Madonna, Echo And The Bunnymen ou la Motown.

Le jeune néerlandais montre l’étendue de son spectre de bricoleur génial, concepteur de mélodies similaires au chewing-gum : addictives et dont on ne pourra jamais vraiment échapper.