Rencontres HACNUM
Éco-responsabilité et arts numériques : une relation paradoxale ?
Loin d’avoir été épuisée, la question des enjeux environnementaux dans le champ des arts numériques reste plus que jamais d’actualité. Bien que les méthodes et les approches puissent parfois varier, la nécessité pour les arts numériques d’intégrer ces enjeux semble être partagée et abordée par un nombre croissant d’acteur·rices. Cela peut néanmoins engendrer des difficultés, susciter de l’inconfort et nécessiter de se confronter à de nombreux paradoxes. Afin de poursuivre et renforcer cette dynamique, HACNUM et Scopitone s’associent pour proposer une journée dédiée à la question de l’éco-responsabilité dans le champ des arts numériques.
Pensée comme un temps de partage de témoignages, d’expériences et de ressources, cette journée aura pour objectif principal de nourrir les réflexions sur la façon dont les différent·es acteur·rices du secteur peuvent s’emparer de ce sujet et l’intégrer concrètement dans leurs pratiques. Elle abordera plus particulièrement les paradoxes auxquels ces acteur·rices sont confrontés dans la mise en œuvre de leurs engagements environnementaux, qui peuvent parfois sembler difficilement conciliables avec leurs pratiques artistiques.
Journée pensée par le groupe de travail Éco-responsabilité d’HACNUM - Réseau national des arts hybrides et cultures numériques (Juliette Bibasse, Louise Sebes, Jean-François Jégo, Léa Conrath, Martin Lambert) - www.hacnum.org
Programme
Matin - Conférences
09:30 - 09:45 : Accueil et introduction
Présentation du groupe de travail “éco-responsabilité” du réseau HACNUM, de ses objectifs et de son mode de fonctionnement.
09:45 - 10:00 : Conférence - Paradoxes entre éco-responsabilité et arts numériques, quelques pistes pour se situer et s'en emparer
Un vaste chantier s’ouvre pour que la création numérique s’inscrive dans une durabilité au regard des enjeux écologiques. En tant qu'acteurs et actrices des arts numériques - que l'on soit dans la création, la production ou la diffusion - nous pouvons ressentir indifférence, inconfort voire impuissance face aux paradoxes soulevés. Nous proposons de les approcher et de s'en emparer de façon adaptée au moyen d'actions et de ressources illustrées d'œuvres et de démarches d'artistes. Au-delà d'amener à changer profondément les modes de création, de production et de diffusion, nous explorerons aussi - et surtout - un autre champ des possibles pour de nouveaux imaginaires.
Jean-François Jégo, maître de conférences à l’Université Paris 8 et artiste-chercheur au sein du laboratoire INREV
10:00 - 10:30 : Conférence - Etude d’impacts et action
Après avoir découvert les ravages de la plus grande mine de charbon à ciel ouvert d’Europe, à seulement 1h30 de son studio à Bruxelles, l’artiste visuel Joanie Lemercier a entamé un travail de recherche autour de sa pratique artistique. Lors de cette conférence, il partagera une partie de son apprentissage concernant les impacts liés aux pratiques numériques: audit énergétique, réduction des consommations, changements de modes de diffusion et de transport. De nombreuses pistes qui lui ont permis de développer une pratique plus raisonnable et un changement radical dans la façon de produire et diffuser ses œuvres.
Compagnies Aériennes, marques de voitures, promoteurs des énergies fossiles utilisent de plus en plus les Art numériques et les festivals comme un vecteur marketing. Au-delà des pratiques individuelles, comment le milieu de l’art et de la technologie pourrait contrer le “Art washing” très répandu dans l’art contemporain ?
L’artiste partagera également son engagement de terrain au travers de projections avec les groupes d’activistes comme Extinction Rébellion et les Soulèvements de la Terre.
Joanie Lemercier, artiste visuel et activiste environnemental
10:30 - 12:00 : Témoignages : Comment concilier engagement écologique et création, production et diffusion d’œuvres d’arts numériques ?
Quatre intervenant·es aux profils différents (artiste, producteur·ice, diffuseur,...) viendront témoigner de la manière dont ils intègrent les enjeux environnementaux dans leur pratique, des paradoxes et tensions que cela peut engendrer, et des solutions qu’ils et elles ont pu mettre en place pour tenter de les résoudre.
Avec :
> Marylou Petot, artiste sonore/électronique et hackeuse
> Marguerite Courtel, historienne de l’art et commissaire d'exposition (Les Augures)
> Camille Pène, historienne de l’art et codesigner (Les Augures)
> Barthélemy Antoine-Loeff, artiste et éleveur d’icebergs
> Romain Tamayo, chargé de projet Fête des Lumières
12:00 - 12:30 : Discussion collective
Une discussion libre et ouverte avec les intervenant·es pour revenir sur ce qui a été dit dans la matinée, poser des questions, et partager points de vue et expériences autour de l’éco-responsabilité dans les arts numériques en général, et des problématiques que cette notion soulève en particulier.
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Après-midi - Rencontres et atelier
14:00 - 16:00 : Rendez-vous participatifs : parlons paradoxes !
Que vous soyez engagé.es dans des projets de transition environnementale ou simplement curieux.ses, acteur.rices des arts numériques ou non, venez rencontrer seul·e ou en petit groupe les intervenant·es de la matinée pour échanger autour des enjeux environnementaux des arts numériques.
Organisés sous la forme de mini rendez-vous participatifs de 20 minutes, ces temps d’échanges privilégiés permettront de partager interrogations, visions, mais aussi pratiques, difficultés, conseils… Chaque intervenant·e proposera un échange autour de la thématique qu’il ou elle aura abordée dans la matinée, tout en restant bien entendu ouvert·e à d’autres sujets.
À la fois temps de discussion, mais également de co-construction de réponses aux enjeux d'éco-responsabilité dans les arts numériques, ces rendez-vous participatifs viendront alimenter les réflexions des participant·es tout comme des intervenant·es et enrichir les travaux menés au sein du réseau HACNUM.
Les inscriptions pour les différents créneaux se feront le jour même. Jusqu’à 3 participant·es pourront s’inscrire sur un créneau identique, afin de profiter d’une pluralité d’expériences et de points de vue. Si toutefois vous avez des contraintes particulières et souhaitez pré-réserver un créneau spécifique, merci de nous le signaler en écrivant à : pros@stereolux.org
Avec :
> Jean-François Jégo - Arts numériques et durabilité : échanges de ressources et de pratiques
> Joanie Lemercier - Etude d’impact : discussion de l’impact de vos projets ou événements et des leviers d’action possible
> Marylou Petot - Hacking : créer des éco-systèmes dans l'art électronique
> Marguerite Courtel et Camille Pène - Augures Lab Numérique Responsable, formation et sensibilisation : les actions du collectif Les Augures pour accompagner les acteur.rice.s culturel.le.s sur la sobriété numérique
> Barthélemy Antoine-Loeff - Réintroduire la lenteur comme système de pensée ou comment concilier les principes à la création
> Romain Tamayo - Transition écologique et coproduction entre festivals
> Juliette Bibasse - Déclinabilité et variables : comment développer des projets soutenables sur le temps long
16:00 - 17:00 : Atelier - Synthèse et perspectives
En conclusion de la journée, cet atelier participatif proposera de revenir collectivement sur les enseignements de la journée et d’ébaucher des perspectives de chantiers et d’actions à mener par le groupe de travail dédié à l’éco-responsabilité du réseau HACNUM et, plus largement, par les acteur·ices l'écosystème des arts numériques.
Que retenir de cette journée ? Comment concilier approches, visions, points de vue des différents acteur·ices des arts numériques pour tendre vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux ? Quelles suites à donner à ces échanges ? Autant de questions qui permettront de guider les discussions et orienter les réflexions des participant·es.
Les intervenant·es
Jean-François Jégo
Jean-François Jégo est maître de conférences au département Arts & Technologies de l’Image de l’Université Paris 8 et artiste-chercheur dans l’équipe INREV du laboratoire Arts des Images et Art Contemporain. Il élabore et analyse au regard de l'écosophie des installations et performances scéniques interactives hybridant la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.
Joanie Lemercier
Joanie Lemercier est un artiste visuel et activiste environnemental dont le travail explore la perception visuelle à travers la manipulation de la lumière dans l'espace. Travaillant principalement avec la projection de lumière et la programmation informatique, il transforme l'apparence des objets et des formes.
Ces dernières années, sa pratique personnelle et professionnelle intègre de plus en plus les questions climatiques et environnementales. Il met ses compétences aux services de groupes militants. Il développe également un nouveau corpus artistique autour de ces questions. Slow Violence ou bien View from the Moon sont des projets artistiques récents qui donnent à voir les effets dévastateurs de l’homme sur son environnement naturel. En parallèle, de nouveaux projets proposent une relecture du réel. Avec Solar Storm par exemple, le soleil devient le medium principal d’une installation low tech.
Juliette Bibasse
Depuis 2009, Juliette Bibasse met ses compétences au service de la scène culturelle numérique, créant liens et opportunités entre les artistes, les festivals et les acteurs du monde artistique.
Après dix ans comme productrice et agent, à accompagner de nombreux artistes internationaux, elle est devenue curatrice indépendante et directrice artistique du Studio Joanie Lemercier.
Marguerite Courtel (collectif Les Augures)
Historienne de l’art et commissaire d'exposition, Marguerite Courtel a évolué au sein de plusieurs secteurs professionnels : communication et digitale, art contemporain, transition écologique. Elle défend les mécanismes de co-création entre les écosystèmes et s’est formée aux techniques du co-design. Elle anime régulièrement des rencontres et ateliers autour des enjeux de la transition écologique. Elle a travaillé pour l’association Art of Change 21 en tant que secrétaire générale, la Galerie Eric Mouchet, l’agence Communic’Art. Marguerite est membre du réseau international Women4Climate du C40 et membre fondatrice du collectif Les Augures.
Camille Pène (collectif Les Augures)
Historienne de l’art et codesigner, Camille Pène accompagne les organisations afin de répondre aux défis des transitions numérique, sociale et écologique en concevant des dispositifs d'innovation collaborative et animant des communautés.
Sa passion pour l’avant-garde l’a conduite du monde de l’art contemporain au secteur de l’innovation. Elle a travaillé pour le MoMA, La 27e Région, Paris & Co et Cap Digital, notamment en tant que directrice des festivals d'innovation technologique Futur en Seine et Futur.e.s in Africa.
Elle est administratrice du Social Good Accelerator et membre fondatrice du collectif Les Augures.
Les Augures
Fondé en avril 2020, Les Augures accompagnent les organisations culturelles dans leur transition écologique et sociale et leur capacité d’adaptation et d’innovation. En parallèle de ses actions d'écoconseil, de sensibilisation et de formation du secteur, des Augures Lab fédérant le secteur sur des enjeux stratégiques de la transition tels que l'économie circulaire (avec l'Augures Lab Scenogrrrraphie) et la sobriété numérique (avec l'Augures Lab numérique responsable). Ce dernier a été cofondé avec le studio de design Ctrl S. Marguerite Courtel et Camille Pène du collectif Les Augures seront présentes pour présenter les actions du collectif pour former le secteur et plus précisément les expérimentations de l'Augures Lab Numérique Responsable.
Marylou Petot
Marylou Petot est une artiste sonore, électronique et hackeuse. Après 5 ans aux Pays-Bas marqués par un passage à la Design Academy Eindhoven et à l’Institut de Sonologie de la Royal Conservatory de La Haye, Elle s’installe à Paris où elle vit et travaille depuis 2021. Sa recherche confronte nos modes de perception à la perte des interactions sensibles entre espèces, conséquence actuelle de la disparition de la biodiversité. Passionnée d'électronique et de nature, son travail se déploie à la fois dans les champs de la sculpture, de l’installation et de la performance pour mener une réflexion sur le potentiel d'un outil technologique au service de l'écologie. Utilisant l'électronique comme principal intermédiaire, elle vise à mettre en évidence les similitudes entre écosystèmes brisés et interfaces électriques.
Barthélemy Antoine-Loeff
Barthélemy Antoine-Lœff est un plasticien dont les créations d’œuvres d’art optique et numériques, parfois interactives, souvent immersives, expriment des univers oniriques traversées par une relation contemplative et écologique de la nature et des éléments. L’artiste réalise des espaces de partage de son ressenti face aux « forces » du monde : onirisme, énergies, matières, technologies. Se refusant à se placer dans le champ du sublime kantien, il se positionne à l’endroit de l’émerveillement et de l’engouement enfantin, comme pour revendiquer la part du rêve que nous développons enfant et qui reste à jamais notre « moteur désirant » tout au long de notre vie. Résolument axés sur des questions écologiques, ses recherches actuelles l’amènent à questionner la rentabilité d’une réparation du climat, non sans ironie, de la disparition de la cryosphère et de son impact sur nos modes de vie, ainsi que du coût energétique de ses travaux exposés.
Romain Tamayo
Né en 1988, basé à Lyon, France, Romain Tamayo a étudié la communication et le management, a fondé et collaboré pour des labels de musique électronique et des événements locaux ou internationaux pendant une décennie.
Il travaille depuis plus de dix ans pour la ville de Lyon en tant que commissaire et chef de projet pour la Fête des Lumières et la Fête de la Musique (jusqu'en 2020). Il accompagne les artistes, les villes, les institutions et les réseaux professionnels dans l'espace public, la curation et la gestion de projets nationaux et internationaux.
Toujours curieux et passionné par l'art, qu'il s'agisse d'art lumineux, d'art numérique et de nouveaux médias, de jeunes talents, d'artistes expérimentaux ou de signatures internationales.