Le Beau Label : Pain Surprises

C'est le label qui a fait découvrir Jacques au monde ébahi, mais aussi Jabberwocky, Grand Soleil... Collectif appréciant la fête et les impromptus, placé sous le saint patronage de Jo-la-Bricole et Dédé-la-Débrouille, qui a donné ses lettres de noblesse au management horizontal et au burrito tofu-rillettes, et a repris à son compte l'utopique adage « Fais ce que voudras », Pain Surprises c'est, en sus du label, un agrégat apparemment foutraque de jeunes gens qui-n'en-veulent – réalisateurs, ingés son, vidéastes, graphistes et on en passe, qui aiment s'amuser, expérimenter, inventer, (se) surprendre. Un mélange fantasque donc, un précipité chimique détonnant, incongru et insolite – comme un pain surprise, quoi.

Il est un peu à lui tout seul le David & Jonathan (ou le Stone & Charden, au choix, tout dépend de ton âge et des tes goûts, ô lecteur) de la génération Z. Il apprécie les randonnées en montagne, la Saint-Valentin, le ski nautique et les pantalons trop courts ; fut producteur de house dans une autre vie ; partagea un temps sa salle de bain avec Jacques ; apprécie les esthétiques rétro et les tagliatelles à la carbonara ; professe une naïveté qui serait presque régressive si elle n'était rehaussée d'une salutaire dérision ; s'apprête à sortir un premier album après un EP justement intitulé Petit Garçon ; compose, enfin, une pop électronique légère, à l'allure faussement bricolée et bringuebalante. Donc, en guise d'ordonnance : une grosse cuillerée de Miel de Montagne chaque matin.

Il est l'homme de l'ombre de Pain Surprises (dont il est l'un des fondateurs), à la fois producteur et ingé son, mais, du mercredi midi au dimanche soir, il compose pour lui-même une pop synthétique rêveuse, douce et ingénue, intimiste et solaire, luxueuse dans ses arrangements, suscitant des envies de vacances (son nouvel EP s'intitule d'ailleurs Je vous embrasse, comme une signature de carte postale) et d'amours concomitantes. Une pop sensuelle, poétique à la manière de Petit Fantôme ou de Flavien Berger, finement psychédélique et douce-amère, au goût d'éternité (presque) retrouvée entre mer et soleil.

UTO, c'est un duo mixte parisien, déjà repéré et mis à l'honneur en ce début d'année par plusieurs magazines spécialisés ; un couple bohème et moderne, que l'on compare déjà à Broadcast, autre couple, anglais celui-ci (brutalement séparé en 2011 par la mort de la chanteuse, Trish), autre duo pratiquant une musique soyeuse et sophistiquée. Émile et Naysa (au chant) tricotent un trip-(pop)-hop surréel, aux atmosphères brumeuses, inquiétantes même parfois, noctambules et somnambuliques, traversées de vives percées, mais douces pourtant ; une musique d'orfèvrerie, ciselée, faussement fragile, à la folie lovée. Accessoirement, UTO est également le nom d'une ville de la préfecture de Kumamoto, au Japon, et celui d'un île au large de Stockholm – un cours inopiné de géographie ne fait jamais de mal.