Logo Stereolux

Quand l'art révèle les secrets de l'univers

Quand les arts numériques et la science fricotent autour de l'astronomie, la médiation scientigique se pare d'atouts inédits. Revue des réjouissances à venir pendant le festival Scopitone avec le projet ExplorNova [immersion]. 

Marier arts numériques et sciences spatiales. Tel est le challenge du projet ExplorNova[immersion], porté par le CEA Irfu et Stereolux dans le cadre plus large de la collaboration ExplorNova1. L’objectif de ce projet, qui sera présenté en septembre lors du festival Scopitone, est de développer des technologies numériques afin de valoriser et de transmettre les connaissances scientifiques liées à l’astronomie. « Nous voulons faire sortir la science du laboratoire et la rendre accessible à des personnes dont ce n’est pas forcément le métier ni la passion », dévoile Vincent Minier, coordinateur de la collaboration ExplorNova au CEA.

Vu de l’extérieur, le monde scientifique peut sembler difficile d’accès pour les non-initiés. Le vocabulaire, souvent technique, le champ de connaissances immensément vaste et l’apparence très élitiste peuvent en effet rebuter même les plus courageux. Aujourd’hui, nombreux sont les acteurs de la médiation scientifique qui militent pour sensibiliser un public le plus large possible aux problématiques de la recherche, et ce par des moyens divers : expositions, magazines, films ou encore conférences. Le projet ExplorNova[immersion] s’inscrit dans cette démarche de diffusion des savoirs, mais sous un angle très novateur.

Plutôt que transmettre les connaissances scientifiques en suivant un schéma scolaire typique, dans lequel le savant explique aux novices, l’idée est de faire vivre au visiteur plusieurs expériences immersives. 

Ce sont ces dernières, résultats d’une coopération entre artistes et scientifiques, qui seront exposées durant le festival Scopitone.

« L’astronomie est un sujet tellement inspirant pour tous. Les passerelles entre chercheurs, artistes et ingénieurs se sont faites assez naturellement », développe Lucile Colombain, du laboratoire Arts & Technologies de Stereolux.

Ainsi, les visiteurs seront invités à découvrir les secrets de l’Univers en se plongeant dans différentes installations numériques, basées sur l’état actuel des savoirs dans le domaine spatial et dont certaines sont de véritables oeuvres artistiques.


Nuage moléculaire et mapping

La première oeuvre est une expérience d’immersion dans une gigantesque usine à étoiles : un nuage moléculaire. C’est dans ces immenses nébuleuses de gaz qu’est contenue la matière qui, une fois condensée, servira à fabriquer des nuées d’étoiles. « Grâce aux observations, nous connaissons la structure interne de ces nuages, qui s’organisent à la manière d’un réseau de filaments, explique Vincent Minier. Pour mimer cette composition, un système de cordes sera installé dans une salle, cordes sur lesquelles seront projetées des lumières dévoilant les secrets de la formation des étoiles. » Cette gigantesque toile d’araignée représente le grand dynamisme caractéristique de ces nuages interstellaires.

Dans la deuxième installation, le public se retrouve comme plongé à l’intérieur du télescope spatial Herschel. Les concepteurs utilisent ici une technique de mapping interactif, à savoir la projection d’images sur des surfaces en relief, pour dévoiler au visiteur le cheminement de la lumière dans un télescope. Passage par les différentes optiques, refroidissement des instruments, fabrication d’une image à partir de données : chaque étape est détaillée dans cette technologie vidéo.

Atmosphères, atmosphères

Plus immersive encore, la troisième installation a pour thème les planètes du système solaire. Le but est de faire ressentir aux visiteurs les différentes atmosphères des planètes qui nous entourent. Pour cela, deux sens sont particulièrement sollicités : l’ouïe et le toucher. Les visiteurs pourront manipuler des sphères représentant les planètes et vivre simultanément une expérience sonore de la traversée de leur atmosphère. « L’idée était très inspirante, une véritable ouverture pour nous », s’exclament en choeur deux artistes ayant travaillé sur le projet, Pascaline Marot et Grégoire Gorbatchevsky, de la compagnie nantaise Digital Samovar.
Ils détaillent : « Avant de créer nos sons, nous sommes allés voir des planétologues et les avons interrogés sur le côté sensible de leurs connaissances, cela sort vraiment de l’ordinaire ». Si l’expérience est par nature artistique, les sons ont été conçus en lien direct avec des données recueillies par les planétologues sur l’atmosphère des planètes : température, pression, densité…

Le public découvrira en outre, lors de Scopitone, trois autres dispositifs créés par des partenaires du projet. Il pourra s’imaginer en voyage dans le système solaire, manipuler une copie du rover Curiosity qui sillonne actuellement la planète rouge, ou simuler une vue à 360° des sols martiens grâce au casque de réalité virtuelle Oculus Rift.

« Au travers de ces modules, nous espérons créer un véritable objet de dialogue et de recherche entre le grand public et le monde scientifique », conclut Lucile Colombain.

 

1 ExplorNova[immersion] bénéficie du soutien du CNES et de la Région Pays de la Loire. Outre le CEA Irfu et Stereolux, de nombreux partenaires sont associés au projet : Laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes, IRCCyN/Ecole Centrale de Nantes, Centre François Viète de l’Université de Nantes, Société d’Astronomie de Nantes, Planétarium de Nantes et iRéalité/Capacités SAS. www.explornova.fr