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Conférence Renversante "Le monde des coulisses" : 3 ŒUVRES / 3 ANECDOTES

Action culturelle Publié le 14/03/2022

Partez à la découverte de Stereolux d’une manière inédite. À travers plusieurs œuvres d’art détournées, suivez les conférencières des Têtes Renversantes pour (re)penser le lieu et (re)découvrir ses coulisses. Les œuvres sont le point de départ d’une visite imaginaire et ludique à travers les espaces méconnus de Stereolux mais aussi l’occasion d’aborder des anecdotes liées à l’histoire de l’art. Que se passe-t-il dans les loges ? Que voyons-nous sur scène ? Qui sont les usager·es du lieu ? Autant de sujets à découvrir à travers notre cycle de conférences renversantes de novembre 2021 à avril 2022.

Derrière les cintres et les pendrillons se cache le monde de l’entre-deux : ni vraiment la scène, ni vraiment la réalité. Soyez les bienvenu·es dans "Le monde des coulisses", dernière conférence du cycle. Dans cet espace sombre, mais riche d’images, s’entremêlent les artistes en costumes et les groupies attirées par la lumière. Depuis Degas et ses danseuses jusqu’aux murmures échangés chez Daumier nous illustrerons cet entre-deux qui fascine autant les artistes de scène que ceux de chevalet.

Avant de vous laisser guider par l'historienne de l'art Diane Gouard du collectif des Têtes Renversantes, découvrez 3 anecdotes sur 3 oeuvres qu'elle vous présentera !

Les conférences renversantes


 

Les Coulisses

André Steiner, 1939
24,3 x 17,4 cm, Photographie argentique
Centre Pompidou, Paris
 
Ils travaillent dans l'ombre, tandis que les artistes captent leur lumière. Au milieu des câbles et des manivelles, les techniciens s'adonnent à des tâches de précision, qui demandent une main précise et experte : la moindre erreur d'attention peut tout faire flancher ! Le photographe hongrois André Steiner, fasciné par les gestes techniques et l'esthétique dans les sujets quotidiens, s'adonne à un reportage dans les coulisses. Il avait le don de capturer l'ambiance d'un moment, avec toutes ses nuances - véritable challenge dans un espace sombre et encombré. André Steiner est célébré surtout pour ses clichés intimes où figurent sa femme et sa fille, certaines de ces photos sont visibles au musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône.
L'artiste explore le champ de la « Nouvelle Vision », genre expérimental émergent entre les années 20 et les années 30 : l'apparition de petits appareils facilement transportables comme le Leica permettent de repousser les limites de la photographie traditionnelle, recherchant des prises de vues plus décalées et inconventionnelles. 

Au Cirque : Entrée en piste !

Henri de Toulouse-Lautrec, 1899
Crayons sur papier, 21 x 20 cm
J. Paul Getty Museum, Los Angeles
 
Faufilons-nous derrière l'artiste, qui s'apprête à sortir de la pénombre et à mettre les pieds sur scène. Ce dessin aux traits bruts représente une femme vêtue d'un manteau de fourrure et d'un tutu bleu, probablement une voltigeuse accompagnée de son cheval dont on ne voit que l'arrière train. Bien qu'on n'apercoive son visage que vaguement de profil, les ombres qui s'étirent derrière elle laissent deviner une certaine fatigue ou lassitude. 
Henri de Toulouse-Lautrec a réalisé cette oeuvre lors d'un court séjour en clinique psychiatrique, non sans avoir une idée derrière la tête. Son internement à l'âge de trente-cinq ans était dû à un comportement violent causé par sa démence et son alcoolémie, mais lui-même refusait d'admettre cette situation et cherchait à démontrer sa stabilité émotionnelle. Quoi de plus sain d'esprit qu'une sage série de dessins circassiens ? À sa sortie trois mois plus tard, il déclare : "J'ai acheté ma liberté avec des dessins"...

Les Coulisses de l'Opéra

Jean Béraud, 1889
Huile sur toile, 38 x 54 cm
Musée Carnavalet, Paris
 
Ahhh, rencontrer les artistes... À peine sorti·es de la salle, on se presse pour échanger quelques mots avec son idole, demander une petite photo et un autographe à celui ou celle qui quelques instants plus tôt semblait si inatteignable sous le feu des projecteurs. Ce concept de rencontre "backstage" émerge au 19ème siècle : quelques riches privilégiés pouvaient se procurer un passe pour accéder à l'arrière-scène. Jean Béraud nous permet, avec ce tableau, de jeter un oeil derrière le rideau et les décors après la représentation d'un ballet à l'Opéra de Paris. Les hommes - véritables "groupies" de première heure - jouent de leur charme (peut-être un peu trop) et font des éloges aux danseuses, encore en chaussons et tutus sompteux.