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jeu. 04 nov. 2021 20H30

Le Beau Label I Vicious Circle : Shannon Wright · Troy Von Balthazar · Elias Dris

Terminé
Tarif sur place : Guichet 16€
STEREOLUX Salle Micro Placement libre Debout
Placement libre debout
Organisateur : Stereolux

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Une soirée hommage au fondateur du label Vicious Circle, Philippe Couderc, disparu en juin dernier. Créé en 1995 par ce héros du rock indépendant, activiste militant de la structuration et de la défense des labels indés, il vibrait pour son label sans frontières, sans frime et sincère (Mansfield Tya, The Ex, Psychotic Monks…), tout à son image. 

Le Beau Label : Vicious Circle

La liste (non exhaustive) des artistes à avoir été hébergé·es par le label bordelais est en soi éloquente : The Notwist, Chokebore, Young Gods, Sexy Sushi, The Bellrays, Mansfield.TYA, Puppetmastaz, The Psychotic Monks... C'est là le signe irréfutable de la haute tenue d'un label récemment endeuillé par la disparition de son fondateur Philippe Couderc, par ailleurs à l'origine du fanzine Abus Dangereux (qui, mine de rien, paraît depuis 34 ans !), et lui-même dangereux activiste, sur tous les fronts de la cause musicale indépendante. 

Plus de 160 albums parus en bientôt 30 ans d'activité : une signature, une patte, une marque de fabrique ; un cercle de fidélité et d'engagement, bien plus vertueux que vicieux – à moins que le bonheur soit dans le vice. Mais c'est un autre sujet.

illustration -> Olivier Chaos

Shannon Wright (US)

Cela pourrait être, pour paraphraser Nabokov, le titre d'un ouvrage – Shannon ou l'ardeur. Cette ardeur, ce feu ardent, qui consume peut-être, mais fait ressentir plus intensément. Cette ardeur qui ne veut rien ignorer des tempêtes émotionnelles, des bouleversements intérieurs. Cette ardeur qui exacerbe l'élan créateur, exclut les compromissions, entraîne toujours ailleurs. De ce feu ardent, Shannon Wright est tout entière habitée. Grande prêtresse de l'indie folk-rock et artisane besogneuse, pythie vengeresse à la guitare et fée soupirante derrière un piano, la Floridienne incarne, avant toute chose, l'absolue liberté de création, qui se déploie en même temps qu'elle se creuse dans des interstices de lumineuse pudeur et de tranchantes ténèbres, dans l’urgence de l'expression de soi. Artiste versatile, Shannon Wright ? Sans doute, mais la versatilité n'est-elle pas, par un mouvement oscillatoire entre désir et renoncement, entre rage et abandon, entre effort et attente, l'affirmation du sentiment qui s'exaspère, et de la création qui s'exalte ?

Troy von Balthazar (US)

Il y a quelque chose en lui d'océanique (ses origines hawaïennes y sont peut-être aussi pour quelque chose) : un calme apparent, une sérénité de surface qui cache de vastes espaces tourmentés, d'insondables abîmes émotionnels, qui sont, avec leur imperfection et leur mouvement, comme la matrice de son inspiration. Depuis qu'il a cessé de jouer avec son groupe Chokebore (au son autrement plus abrasif et dissonant), TVB se concentre sur l'écriture d'une folk intimiste, rehaussée parfois de beats electro rudimentaires et que transpercent de loin en loin des larsens lancinants ; une folk traversée de fulgurances poétiques, portée par une voix fragile, profondément touchante à l'instar de celle d'Elliott Smith, et tout entière parcourue, soutenue par une gravité aimable, une humble distinction héritée du père spirituel (et ami) Leonard Cohen. Avec la compagnie de ces deux figures tutélaires, c'est toute l'aristocratie folk US qui est ici convoquée.

Elias Dris (FR)

Tout est bluffant : l'accent et les intonations, la science des arpèges, la sensibilité idoine. C'est en banlieue parisienne que le jeune Franco-Américain a grandi ; c'est pourtant l’imagerie d'une certaine Amérique, avec ses paysages démesurés, ses bourgades aux façades de briques, ses pick-up incendiés par la lumière féroce des néons de fast-foods, qui surgit et s'impose. Si sa folk paraît très référencée (dans la lignée de Dylan et de la galaxie Beat Generation), si elle se déploie, intranquille, dans les espaces intimistes chers à cette musique, elle se soucie néanmoins de modernité et de l'expression de ses propres idiosyncrasies, avec une légère coloration pop. Cela donne quelque chose d'actuel et d'intemporel, de profond et de décontracté, de grave et de badin, d'introspectif et d'ouvert. Une musique sans fard ni ostentation, jouée simplement avec la lumineuse et troublante certitude de sa présence au monde.