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Visibilité, marketing, créativité... Les défis du jeu vidéo indé

Si l’on est désormais loin des jeux vidéo créés au fin fond d’un garage sur un iMac premier du nom, les studios indépendants font aujourd’hui face à d’autres enjeux liés à l’arrivée de nouveaux canaux de diffusion - web, mobile - et de plateformes. Le développement du cloud gaming, des boutiques sur mobile et consoles ou l’afflux constant de nouveaux projets sur internet sont autant de défis auxquels les développeurs doivent faire face pour vivre de leur métier.
 

L’indiepocalypse, ou la saturation du marché du jeu vidéo

Aujourd’hui, que l’on sache coder ou non, tout le monde peut créer un jeu vidéo. Les facilités techniques et logicielles ont permis à un grand nombre de passionnés de se lancer dans la création vidéoludique. Depuis quelques années maintenant, les studios et les vocations de développeurs fleurissent un peu partout dans le monde, et se réunissent sur la toile. Cette tendance naissante crée ainsi un afflux important de jeux disponibles sur internet et notamment sur Steam, la plateforme en ligne de jeux sur PC qui rassemble des millions d’utilisateurs par jour, tel un Facebook du jeu vidéo.
 


Création du studio bordelais Shiro Games, Northgard s’inspire de la mythologie nordique
 

Très vite, le revers de la médaille se révèle : des centaines de jeux voient ainsi le jour, au point qu’il est devenu impossible de bénéficier d’une mise en avant sur la page d’accueil de Steam. Le manque de visibilité se fait sentir. En 2016, ce sont 4207 jeux qui ont vu le jour sur Steam, soit 38% du catalogue total depuis sa création en 2003. Parmi ces milliers de titres qui tentent tant bien que mal d’appâter le chaland, comment se démarquer ? Impossible, selon certains, qui prophétisent l’arrivée de l’indiepocalypse, la fin du jeu vidéo indépendant, bien trop petit pour gagner de la visibilité.
 

Des enjeux techniques mais aussi créatifs

Souvent associés à une liberté créatrice et aux nouvelles expérimentations, les développeurs indépendants doivent aussi garder en tête qu’ils créent un produit de consommation, destiné à être vendu. Il est parfois difficile pour certains de trouver cet équilibre entre exploration artistique et nécessité marketing.


Avec sa direction artistique reprenant les traits des dessins animés des années 30, Cuphead a séduit une large communauté de joueurs


Le jeu vidéo est un monde de tendances, de modes. Aujourd’hui, les joueurs se passionnent pour les MOBA - ces arènes de batailles en ligne multijoueur - et les mécaniques battle royal de PlayerUnknown's Battlegrounds (PUBG) qui connaît un succès sans précédent. Alors qu’hier, ils passaient des heures entières sur des jeux militaires multijoueurs. Le zombie a pendant longtemps grignoté le cerveau des créateurs dans le monde culturel. Il faut savoir moduler avec ces tendances. Soit s’y engouffrer et proposer sa propre vision d’un concept en vogue, soit ramer à contre-courant pour donner l’opportunité aux marginaux d’emprunter d’autres chemins.
 

Le cloudgaming et les consoles peuvent-elles sauver les indés ?

Devant la détresse des développeurs et l’échec avéré de Steam à mettre correctement en avant les jeux de ses créateurs, d’autres constructeurs semblent décidés à reprendre le flambeau. Nintendo avec la Switch s’ouvre pleinement aux créateurs et éditeurs tiers, marchant ainsi dans les pas de feu-XBLA, abandonné par Microsoft.
La console a notamment pour particularité d’être très accessible pour les développeurs sur le plan de la programmation comme sur les technologies embarquées.
Le cloudgaming, s’il a comme première ambition de fournir un accès facilité à des jeux de plus en plus gourmands technologiquement, est aussi un moyen de proposer une sélection de jeux indépendants et de leur offrir une visibilité. C’est le cas, par exemple, de Blacknut qui délpoie un catalogue éditorialisé. La plateforme rennaise n’a en effet pas la prétention d’être exhaustive mais sélectionne au contraire un contenu qualitatif en partenariat avec de nombreux indépendants.



La plateforme Blacknut propose en cloud gaming un catalogue fourni de jeux, indés ou non

Sur internet, la plateforme Itch.io a pour ambition de ne proposer que des jeux indépendants, allant du simple projet étudiant au véritable produit issu d’un studio, en passant par des prototypes créés à l’occasion de game jams. Loin de l’idée de concurrencer Steam, Itch.io permet d’offrir une meilleure visibilité et offre l’occasion aux plus curieux de découvrir un grand nombre de pépites méconnues.

 

Article écrit par Cyrielle Maurice