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Vietnam Records : sur la route des indés - interview

Musique Publié le 31/05/2017

Le label monté par Franck Annese de So Press et sa bande d’agités du bocal est bien plus qu’une émanation sonore de cette florissante entreprise de presse. Entretien avec celui par qui tout a commencé.

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Bon, j’ai pas beaucoup de temps, mais j’en ai jamais beaucoup, donc allons-y”. On ose à peine imaginer le taux de remplissage de l’agenda de Franck Annese. Patron de presse avisé, éditeur de So Foot, Society ou So Film, producteur d’images et fondu de musique indé, il a voulu réaliser un rêve d’ado en se lançant lui aussi dans l’aventure d’un label, presque par accident. Vietnam Records, s’il fait bien partie de la “galaxie So Press” car porté par les mêmes mains, réussit pourtant à vivre sa vie comme il l’entend, avec l’identité qui lui est propre. Même si son papa est un type un peu occupé.

Comment tu trouves le temps de plancher sur un label avec tout ce que tu fais ?

Franck Annese : Bonne question (rires). C’est la passion. J’ai toujours voulu monter un label. Pendant très longtemps je n’avais pas les moyens pour ça. Quand je passais mes entretiens pour les écoles de commerce, je disais que je voulais devenir patron de label, comme Alan McGee qui avait fait émerger Oasis en son temps. Les mecs en face de moi ont compris que c’était le type qui avait réussi à faire vendre la boisson du même nom. Bref, il s’est passé ce qu’il s’est passé avec So Press, du coup aujourd’hui c’est possible, le label existe depuis 2011 et c’est une de nos priorités de porter ça, parce que ça nous tient à coeur. Même si c’est là qu’on perd tout notre argent. (rires)
 

Comment les énergies de So Press et le travail que vous effectuez là-bas peuvent alimenter Vietnam Records ?

On se met des barrières éthiques autant que possible. On évite scrupuleusement de parler des groupes développés par le label dans nos publications, même si nous avons de l’excellente musique à disposition lorsque nous produisons des vidéos !
 

Comment on se dit “c’est le moment de créer un label au sein d’un groupe de presse” ? C’est assez inhabituel...

On s’est dit ça de manière bien plus simple et hasardeuse que ça. On a fait un clip pour un groupe qu’on aimait bien, H-Burns. Le feeling passe bien, les mecs nous expliquent qu’ils veulent partir à Chicago enregistrer chez Steve Albini et qu’ils ont besoin de sous pour ça… Et avec Stéphane (Régy, ndlr), on s’est dit “allez, on leur donne ce coup de main”. Et paf, on décide de monter un label en 17 secondes, de manière non-préméditée.

Tout ça s’est donc passé à la table d’un restaurant vietnamien, pour la petite histoire.

Quel est l’objectif de Vietnam, tel que tu te le définis avec tes propres mots ?

C’est un label indie dans le plus pur sens du terme : très artisanal, dans la mesure où on va vraiment essayer de travailler avec des artistes qu’on aime “à partir de zéro” pour les développer. C’est la partie la plus excitante de l’aventure selon moi. C’est aussi une vraie famille, qui fonctionne avec le plus d’interactions possibles entre les talents  au sein de groupes, pour la réalisation de clips par exemple. Après, stylistiquement, on se balade dans le rock et la pop indé, et dans la musique d’expression française de qualité. Des trucs que je kiffe depuis longtemps d’ailleurs. Du coup, ça donne dans le désordre H-Burns, Pharaon de Winter, Ô, Cedarwell, 51 Black Super, Kakkmaddafakka… Des groupes dont on peut se dire qu’ils n’ont pas toujours un truc qui les relie, mais qui ont vraiment cet esprit artisanal et cette envie de pousser l’écriture à un grand niveau de qualité.

 

Le plus fou, c’est que la musique a l’air de traverser tout ce que tu fais, mais que vous n’avez jamais lancé de titre de presse dans ce domaine...

J’ai toujours été un grand fan de musique. Je ne me vois pas ne pas en parler, mais nous n’avons en effet jamais tenté le coup. Parce qu’on trouve ça plus intéressant d’en parler dans le cadre d’une interview dans So Foot, et que ça nous fait plaisir d’avoir de grands artistes qui parlent de leur histoire personnelle avec leur club favori, ou de la culture musicale des footballeurs. Society est un bon terrain pour parler musique également, on développe régulièrement des enquêtes, des reportages en immersion, qui nous permettent de voir la musique comme un fait de société. Elle est mieux mise en valeur de cette manière-là selon nous !

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