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(Un)related to God, une alchimie humaine et artistique : Apollo Noir & Thomas Pons (interview)

Arts numériques Publié le 30/11/2021

Le réalisateur et dessinateur Thomas Pons et le musicien Apollo Noir présenteront lors du rendez-vous Electrons Libres (Un)related to God, leur dernier projet protéiforme. Avec un live scénique vendredi 10 décembre, une exposition de réalité augmentée du 3 au 19 décembre, mais aussi un objet d'édition physique et numérique, le duo explore la fabrique de la foi, incarnée ici par des expérimentations sonores mêlant allègrement drum & bass, ambient, noise, et des cadences visuelles mécaniques et cycliques. Comme pour mieux faire sentir les turbulences existentielles qu'éveille l'idée même de Dieu, ce grand « peut-être ». Les deux artistes ont répondu à nos questions.


Apollo Noir & Thomas Pons par © Clément Moussière.
 
 

(Un)related To God, c’est la rencontre de deux univers. Comment s’est déroulée cette collaboration ? 

Apollo Noir : On s’est rencontré grâce à Instagram, pour la faire courte : j’ai eu un énorme coup de coeur pour le travail de Thomas. Je cherchais depuis longtemps à collaborer avec un·e illustrateur·trice et j’ai de suite su que je voudrais bosser avec Thomas. On a fini par se rencontrer en vrai et là aussi gros coup de cœur humain. La collaboration a réellement débuté à travers la création du clip (Un)related To God. Ensuite, on a voulu aller plus loin et avons imaginé un projet protéiforme multimédia.

 

Thomas Pons : Il y a une véritable osmose et un respect de nos pratiques respectives dès nos premiers échanges. Le clip nous a permis de tester un rapport son/image assez empirique. J’avais produit une banque d’assets animés et de décors sans storyboards et sans grande préméditation. La musique a permis de donner une colonne vertébrale à cet ensemble pour en dégager une portée narrative. Je pense que ça illustre un peu notre processus : on produit des images / des sons…. On s’organise autour d’un temps de rendu ou de résidence avec ses impératifs et ses contraintes qui nous dictent un agencement particulier sur ce que l’on a pu produire au préalable. L’alchimie du clip s’est ensuite déclinée sur le format du live où l'enchaînement des titres d’Apollo m’a aussi guidé pour mettre en place les médias graphiques. Enfin, l’exposition nous a donné l’occasion de faire le chemin inverse : la mise en espace de mes images et la réalité augmenté à donné une autre forme de contrainte créative pour la musique d’Apollo Noir. Le live scénique est plus du domaine d’Apollo et l’exposition m’est peut-être plus familière, je pense que nous sommes assez curieux d’adapter nos productions à différents formats dont nous pouvons être, à tour de rôle, les ambassadeurs.  


La création se décline avec une performance live audiovisuelle et une exposition en réalité augmentée, qu’est ce qui vous a donné l’envie de développer un projet protéiforme ?

Apollo Noir : c’est venu super naturellement suite à nos discussions, nos envies. (Un)related to God est un projet sans limite de format. C’est le postulat de départ. L’un et l’autre sommes passionnés par tant de choses que ces déclinaisons étaient inévitables ! Qui sait ce que nous ferons dans un an ou deux !

Thomas Pons : Il y a un côté immédiat et ludique dans notre façon de travailler. Je vois Apollo évoluer à l’instinct sur ses compositions et ses performances live et il s’en dégage un élan libérateur. Les synthétiseurs modulaires offrent sûrement cette possibilité de triturer la matière sonore en déambulation perpétuelle. De mon côté j’ai toujours été fasciné par cette capacité qu’avaient les musicien·nes à faire vivre leur création sur la durée, à les manipuler, à les ré-invoquer ou à les réinterpréter. En comparaison, l’animation 2D est souvent rendue une fois pour toute dans un format de diffusions figé (série/court métrage/clip/long métrage). Je pense que j’avais aussi envie de vivre avec mes images comme un·e musicien·ne peut vivre avec ses créations. Nos envies et nos pensées sont en mouvement, les créations d’Apollo s’inscrivent dans le temps comme mes images m’accompagnent à différentes étapes de ma vie. La déclinaison sur (Un)related to God  permet d’appliquer ce processus organique aux images comme aux sonorités, c’est ce qui nous à très vite concernés dans nos échanges. Et puis il y a la curiosité pour les nouvelles formes de diffusions et de technologie... Je pense qu’on est assez geek lui et moi !


C’est une réelle invitation à nous questionner sur notre rapport aux croyances. Qu’est-ce qui vous a motivé à explorer cette thématique ? 

Apollo Noir : Là aussi encore une fois, cette thématique est venue très naturellement à nous. Nos parcours personnels ont certaines similitudes et ce thème de la croyance a été omniprésent dans nos vies. Je pense aussi qu’il est omniprésent dans le quotidien de beaucoup de personnes et important à aborder.

Thomas Pons : C’était déjà présent dans nos créations avant notre rencontre et dans nos vies respectives. De mon côté, je n’ai pas de croyance dogmatique, plutôt une passion pour le rituel, religieux ou profane, comme un temps d’échange, de recueillement et de création.
J’ai une tendance à travailler par cycle, par répétition, et la rencontre avec Apollo, sa méthode de travail et les thématiques qui le travaillent à donner un écho particulier à tout ça. La façon dont on s’est croisé, puis rencontré, puis notre collaboration complice relève déjà un peu du heureux hasard, donc on a déjà dû se questionner là-dessus avant de passer à la suite. Je pense qu’il y a un vrai lien entre croyance, méthode et habitude de travail. Nos créations nous accompagnent dans nos doutes et j’espère que l’exposition, comme le live, peuvent rendre compte de ce processus de réalisation et de réflexion.

L'exposition (Un)related to God proposera à Stereolux en Plateforme intermédia une expérience nourrie de nappes sonores, de dessins originaux et de réalité augmentée.
 

Cette soirée s’appelle « Électrons Libres », qu’est ce que cela vous évoque ? Vous considérez-vous comme des électrons libres ?

Apollo Noir : J’adore cette expression car elle s’applique autant à la science qu’aux personnes marginales. Pour moi, cette expression invite au rêve, au dépassement de soi et à la compréhension de soi. Penser par soi-même, faire ses propres recherches, être autodidactes, etc. Je crois que Thomas et moi partageons bien cela aussi !

Thomas Pons : Comme Apollo, j’aime beaucoup cette expression qui flirte avec les sciences, l’imaginaire et l’intime. Il y a l’idée d'essayer de comprendre un mécanisme qui peut nous échapper. 

 

Rendez-vous le vendredi 10 décembre pour la performance (Un)related to God, et du 03 au 19 décembre pour l'exposition (en accès libre en Plateforme intermédia).