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RETOUR SUR LE DOCU "STRAIGHT TO YOU" SUR NICK CAVE, L'INTERVIEW DE NANNI JACOBSON

Musique Publié le 26/10/2020

Le film est sorti en 1994 et a été diffusé sur plusieurs chaînes TV et présenté dans des festivals de film dans plusieurs pays, en Allemage, Australie, Italie, Autriche, Etats-Unis et France (sur Arte). 

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Pouvez-vous commencer par nous dire quelques mots sur vous ? 

Je suis née en Californie d'une mère allemande et d'un père américain. Mes parents se sont séparés quand j'avais 2 ans et j'ai été élevée en Allemagne. L'allemand est ma première langue. 

Ma mère a eu une grosse influence sur mes goûts musicaux. J'ai grandi en écoutant Bob Dylan, Leonard Cohen, Joan Baez, Eric Anderson, Cat Stevens, Van Morrison, Edith Piaf, Donovan, Billy Holiday, Georges Moustaki et beaucoup d'autres. Ma mère voyageait beaucoup et revenait toujours à la maison avec un vinyle de groupes locaux, donc on écoutait aussi beaucoup d'artistes moins connus.

Quand j'ai eu 15 ans j'ai eu aussi ma période plus rock où j'écoutais Patti Smith, Talking Heads, Joy Division, Iggy Pop, The Fall, Wire etc. Puis j'ai commencé le DJ'ing quand vers 16 ans et j'ai emménagé à Berlin à 18 ans. 

J'ai commencé à écouter Nick Cave au début des années 80 et j'ai immédiatement été fan de sa voix et de son univers. La première fois que je l'ai rencontré et que j'ai échangé avec lui c'était à l'occasion de sa tournée pour son premier livre.

Puis j'ai commencé à travailler à Music Television au début des années 90 et j'ai décidé de contacter Nick pour lui dire que j'adorerais réaliser un film avec lui. 
À l'époque Nick se méfiait beaucoup des journalistes, mais comme il m'avait déjà rencontrée et connaissait mes intentions, il a accepté. Straight to You a donc été le premier film autorisé sur lui.

J'ai déménagé à LA au milieu des années 90 et continué à travailler en tant que correspondante freelance pour la télévision allemande. 

Comment est né le projet Straight to you ? Que vouliez-vous raconter à travers ce documentaire ? 

J'avais le sentiment que Nick était un artiste unique, fascinant et intense, qui avait besoin d'être davantage montré. C'était avant la généralisation d'Internet et à l'époque, nous n'étions pas trop saturés d'informations sur les artistes.

Je ne voulais pas réaliser un film de fan, je voulais donner à quelqu'un qui n'aurait jamais entendu parler de Nick Cave, une idée de l'artiste et la personne qu'il est. Je ne souhaitais pas non plus ajouter un narrateur ; les protagonistes sont les personnes filmées. 
 


 

Comment avez-vous réalisé ce film ? combien de temps cela vous a-t-il pris ? 

La réalisation s'est étendue sur quelques années. À l'époque j'étais employée par une société de production télévisuelle indépendante et j'avais de bonnes relations avec mon patron. Je lui ai parlé de ce projet de documentaire et il m'a soutenue.

J'ai souvent filmé quand j'avais une équipe disponible sur place. Pour le tournage au Brésil par exemple, j'y étais initialement pour réaliser un film sur le groupe brésilien Sepultura. Je suis restée un peu plus longtemps et embaucher une équipe locale pour filmer Nick à Sao Polo. Bien sûr, je ne connaissais pas la qualité de travail de l'équipe et j'ai eu beaucoup de problèmes avec le son des interviews réalisées au Brésil.

Ensuite le choix des archives exploitées et des personnes interviewées a été un processus très intuitif dicté par nos conversations avec Nick et son entourage, et ce que j'ai pu dénicher et négocier.
 

 
 

Quelle était votre rélation avec nick cave et comment s'est passé le tournage ?

Quand j'ai rencontré Nick pour la première fois, j'étais fan. Une fois que j'ai appris à le connaître et qu'il a commencé à me faire confiance, j'ai pu être plus objective et le voir comme la personne complexe qu'il est.

J'ai senti qu'il avait une façon incroyable de voir le monde et de s'exprimer. Je ressens toujours cela 25 ans plus tard. Il a toujours été fidèle à lui-même.

Pendant le tournage, j'ai aussi pu passer beaucoup de temps avec le groupe et l'équipe. Ce sont des personnes incroyablement uniques et talentueuses, je suis très attachée à cette équipe. J'ai eu le cœur brisé quand Conway est décédé.
 

Vous nous PARTAGEZ une anecdote de tournage ? 

Je ne sais pas si cela compte comme une anecdote, mais pendant que je l’interviewais au Brésil, il m’a parlé d’une chanson qu’il avait écrite dans laquelle une femme chante son meurtre de son propre point de vue. Il essayait de trouver une chanteuse pour chanter ce duo avec lui.Je lui ai suggéré Kylie Minogue.
J'ai tout cela sur bande ! Je ne l'ai pas mis dans le film mais c'est documenté ! Finalement Where the Wild Roses Grow avec Kylie Minogue a été un de ses plus grands succès. Mais il ne m'a toujours pas donné le mérie de lui avoir suggérée. ;-)​

 

 

AVEZ-VOUS RÉALISÉ D'AUTRES DOCUMENTAIRES MUSICAUX ? Quelle a été cette expérience pour vous ? 

J'ai contribué à de nombreux documentaires et séries musicaux au fil des ans. L'un des aspects les plus difficiles de la réalisation de documentaires est tout ce qui touche aux droits et usages. J'étais assez naïve quand j'ai réalisé Straight to You. J'ai pensé que c'était simple; si l'artiste approuve, tout devrais bien se passer. Il s'avère que je me suis vraiment trompée à ce sujet. Cette partie du processus est assez frustrante, tout comme les limites qui l'accompagnent.

Je n'ai pas fait Straight to You dans le but de gagner de l'argent, je voulais juste le faire pour les gens et les fans curieux d'en savoir plus sur Nick Cave, mais même ça s'est avéré être difficle.