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PETER HOOK - HOOKY LES BONS TUYAUX

Musique Publié le 10/01/2019

De passage à Stereolux le 17 janvier, juste avant le Blue Monday, Peter Hook, héroïque bassiste de Joy Division et New Order jouera sur scène avec The Light le répertoire des groupes qui ont fait sa gloire. L'occasion de résumer ici la vie fantastique d’un gamin punk de Salford, cloacale banlieue du nord de l’Angleterre, en une chanson, un album, un livre et un film.

La chanson : Love Will Tear Us Apart — Joy Division (1980)

Sorti le 18 avril 1980, un mois pile avant le suicide d’Ian Curtis, ce single conclut la brève carrière de Joy Division sur une illumination pop parfaite. Auparavant, en deux ans et deux albums, le groupe punk de Manchester — anciennement nommé Warsaw — a inventé avec l’aide du producteur maboule Martin Hannett un son nouveau et de plus en plus sophistiqué. Le batteur Stephen Morris joue comme une boîte à rythmes déglinguée, Peter Hook cogne au médiator des lignes de basse aussi simples qu’efficaces, Bernard Sumner tire de sa guitare des sons d’insectes, et Curtis, ce drôle de chanteur, est une sorte de crooner à la fois désincarné, épileptique (au sens propre) et totalement émouvant. Apogée, donc, ces 3 minutes 26 où le triste devient tubesque et où tout le monde — la basse, le synthétiseur et Ian Curtis — joue la même mélodie sur ce refrain au message pessimiste mais néanmoins universel. Les amours déchirantes...

 

 


L’album : Power, Corruption & Lies — New Order (1983)

New Order naît dans l’hébétude consécutive à la mort de Ian Curtis. Que faire ? Confusément, les trois autres décident : autre chose. Un nouveau groupe donc, avec une claviériste supplémentaire, Gillian Gilbert, et, surtout, une direction musicale différente. Le premier album soldait les dernières ardoises post-punk ; celui-ci, le deuxième, défrichera les territoires électroniques de la nouvelle décennie. Barney Sumner chante d’une voix douce, tout le monde expérimente avec des machines qu’il ne sait pas toujours faire fonctionner et l’ensemble donne une musique synthétique charmante. De la dance music mélancolique et humaine, emballée par Peter Saville, maître graphiste du label Factory (qui, pour cette pochette, sample une toile de Fantin-Latour). Paradoxe, pendant que la musique de New Order se fait de plus en plus en plus délicate et mystérieuse, ses membres se mettent à mener une vie de patachon de plus en plus incontrôlable. Dommage que ces épisodes des Lads à Ibiza n’aient pas été filmés...

 


 

 

Le livre : L’Haçienda — La Meilleure Façon De Couler Un Club (2012)

Généreux homme de scène, Hooky est aussi un conteur truculent. Il a, depuis la rupture amère avec New Order en 2007, publié trois livres autobiographiques, impeccablement traduits en France par Le Mot Et Le Reste : Unknown Pleasures — Joy Division Vu De L’intérieur, témoignage étonnamment joyeux sur le mythique quartette ; Substance — New Order Vu De L’intérieur, récit détaillé et croustillant, malgré quantité de passages censurés afin d’éviter tout procès. Meilleur encore, ce pavé consacré à The Haçienda, la boîte de nuit créée par Tony Wilson le mentor de Joy Division et New Order. Pour les musiciens mancuniens et tous les

 

PLAYLIST
 

Le film : Control — Anton Corbijn (2007)

Le Hollandais Anton Corbijn est l’un des rares photographes à avoir capté Joy Division sur pellicule argentique. En noir et blanc bien sûr, comme ce long-métrage, son premier, qui retrace 27 années après le drame, la brève existence d’Ian Curtis. Le film, foncièrement européen, a l’avantage d’éviter les codes lourdauds du biopic hollywoodien. La vie du chanteur, tiraillé à l’époque entre deux amours, prend ici la forme d’un drame intime filmé façon Nouvelle Vague. C’est fort beau, mais pas entièrement révélateur de ce qu’était Joy Division. Le groupe, révéré aujourd’hui comme une sainte icône coldwave, était de son vivant une bande de sympathiques lads venus à la musique grâce aux Sex Pistols. Pour une approche différente, on conseille aussi le visionnage de 24 Hour Party People, délirant et hilarant film sur la vie de Tony Wilson et la merveilleuse histoire de l’explosion punk, new wave et électronique à Manchester.

Par Basile Farkas

Retrouvez Peter Hook le temps d'une séance de dédicaces jeudi 17 janvier de 18h à 19h à la librairie Les biens-aimés, 2 rue de la Paix, Nantes