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Nuit Blanche des Chercheurs : L'imprévu dans l'art numérique avec Maotik

Arts numériques Labo Arts & Techs Publié le 04/02/2021

L'artiste Maotik, déjà croisé sur Scopitone et Electrons Libres, revient sur son processus de création d'œuvres numériques à l'occasion de la conférence "Algorithmes et art : rencontre du 3e type" sur laquelle il intervient dans le cadre de la Nuit Blanche des Chercheurs, jeudi 11 février en direct sur Youtube

Comment exploitez-vous les algorithmes dans vos créations ? 

Mes créations sont générées à partir d'un système informatique qui utilise des fonctions mathématiques, aussi nommées "algorithmes", afin de générer des éléments d'image. L'utilisation de la technologie numérique offre la possibilité de reproduire des données à l’infini selon des combinaisons diverses. L’animation visuelle évolue alors sous la forme d'un hasard contrôlé et d’une esthétique générative à forte composante architecturale.
Mes outils sont basés sur une architecture qui suit une certaine logique de fonctionnement, pouvant réagir à des données tels que l'analyse sonore lors de mes collaborations avec des musiciens, ou bien des données récupérées sur internet souvent liées à l'environnement et aux phénomènes naturels. L'idée est de créer une sculpture audiovisuelle qui peut réagir de différentes manières à chaque fois. 


Flow

Qu’est-ce qui vous a motivé à rapprocher algorithmes et art ? Et quel est l’impact de cette démarche sur la création artistique ? 

Depuis mon Master en arts numériques, mon inspiration principale a toujours été ce livre d'Umberto Ecco, L'œuvre ouverte. Cet ouvrage parle de l’ acte d'improvisation créatrice lorsque  la narrative de l'œuvre n'est pas figée et reste pour l’auteur un champ de possibilités à exploiter selon sa sensibilité. Utiliser des algorithmes dans mes projets me permet de créer des œuvres ouvertes. L’auteur et le public participent à l'œuvre et ce, de façon active, avec une collaboration nécessaire. L'idée est aussi de représenter artistiquement le monde qui nous entoure. En injectant des données réelles dans le système, celui-ci s'adapte et réagit en fonction de ces paramètres créant une sorte de vie synthétique. 


Bloom

Quelle part laissez-vous à l’imprévu ? Pouvez-vous nous donner un exemple d’un imprévu qui a abouti sur une belle surprise ?

J'utilise beaucoup de données aléatoires dans mon travail, ce qui permet au système de créer une composition visuelle assez imprévisible. Par exemple, quand je collabore avec des musiciens, je connecte une piste sonore à un effet visuel qui est aussi connecté à d'autres paramètres qui sont déclenchés d’une manière aléatoire. Les itérations qui en résultent sont illimitées et chaque expérience devient alors unique. Le but est de ne jamais avoir deux fois la même image. C'est vraiment une de mes obsessions. C'est une maîtrise de l'art de montrer l'imprévisible et de comprendre l'impact de l'accidentel. C’est toujours une surprise de contempler un système audiovisuel évoluer sans avoir totalement son contrôle, on arrive toujours à des résultats imprévus.