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Nouveau départ pour Vincent Dupas - interview

Musique Publié le 19/02/2019

Vincent Dupas est loin d'être un inconnu sur la scène nantaise. Après quinze ans sous le nom My Name Is Nobody, en groupe avec Fordamage, Binidu, Hawaïan Pistoleros ou encore avec le projet Serpentine, il explore des registres musicaux différents et complémentaires, acoustiques ou électriques. Mais ce nouveau projet sous son nom s'annonce comme un premier album, où la pop nimbe sa folk lumineuse et en français dans le texte ! Une release party le 9 mars fêtée en famille avec le folk de l'Américain Lonesome Leash (Dark Dark Dark), celui des Bordelais de Queen of The Meadow et du Nantais Teenage Bed. Son nom n'est plus personne, c'est Vincent Dupas. 

 

Comment l’idée d’un premier album signé “Vincent Dupas” a-t-elle muri ?

Cela faisait quelques temps que je commençais à délaisser l’alias My Name Is Nobody. Le nom n’apparait pas sur la pochette du dernier album, il est suggéré dans le titre The Beast in My Name Is Nobody (2017). C’était un enregistrement studio, à la façon d’un concert à la fin de la tournée Safe Travel, on y retrouvait des morceaux des 6 albums précédents, interprétés différemment, comme un best of, une belle conclusion.

En novembre 2016, la femme de Mark Trecka (de Pillars & Tongues et Dark Dark Dark) m’a invité à jouer dans l’université où elle enseigne à Poughkeepsie, au nord de New York. On m’a alors demandé de chanter quelques titres en français au milieu de mon répertoire, et j’avais repris quelques titres de Catherine Ribeiro, Le Coq, ou encore Brel. Le passage d’une langue à l’autre se faisait naturellement, l’audience en était ravie. Cela a été comme un déclic et le début du travail autour de Longue Distance.
J’ai repris un ensemble de maquettes sur lesquelles je travaillais depuis 2014, après l’enregistrement de Safe Travel . J’ai traduit en français les textes de certains d’entre eux et écrit de nouvelles chansons. Je voulais chanter en français comme je chante en anglais, et pour cela, il m’a fallu m’enregistrer, m’écouter, me défaire de mauvais réflexes, trouver la singularité et le bon équilibre entre les deux langues.
Au même moment, nous tournions pourThe Beast in My Name Is Nobody en trio avec Pierre Marolleau et Hugo Allard et consolidions sérieusement le socle instrumental de Longue Distance. Nous en jouions déjà certains morceaux, nous les faisions évoluer chaque soir pour aller vers la version enregistrée. 

 

As-tu travaillé différemment sur la composition de cet album que pour les précédents ?

Le processus de composition a été plus long. Jusqu’ici j’avais toujours privilégié des enregistrements live, sans trop de répétitions au préalable pour capter des moments, ce qui a toujours donné des disques chaleureux, une lo-fi de qualité, une impression d’être avec le groupe au coin du feu.
Les nouvelles chansons ont pris une direction plus pop, et j’avais vraiment envie de les mettre en valeur avec une production plus aboutie. C’est ainsi que nous avons pensé l’album avec les musiciens qui m’accompagnent, Pierre, Hugo, Emilie Rougier (claviers/choeurs) et Mathieu Pichon à la guitare. En studio, Frédéric Ozanne est venu nous aider à réaliser l’enregistrement, j’en ai profité pour le convier au Wurlitze (piano électrique) sur certains titres.
Nous étions au Studio Corner Box à Rocheservière avec Antoine Lacoste, l’ingénieur du son avec qui je travaille depuis plus de 10 ans.
C’est entouré de cette équipe bienveillante que Longue Distance a vu le jour après quatre ans de travail.

J’ai envoyé les pistes à Theo Karon à Hotel Earth Studio à Los Angeles, j’avais enregistré un 45t avec lui en 2009 lorsqu’il était encore à Chicago. Il a depuis déménagé en Californie et travaillé avec Rob Schnapf, M Ward, Julia Holter, Mavis Taples, produit un de mes albums favoris de ces dernières années (End Dances de Pillars & Tongues). Je savais qu’il allait emmener les morceaux dans une nouvelle dimension grâce à un mixage audacieux.

 

 

 

Peux-tu nous raconter en quelques mots une anecdote sur chacun de tes projets et nous dire quel élément de chaque projet on pourrait retrouver dans ton nouvel album ?  

Fordamage - On y retrouve Pierre à la batterie. Nous jouons ensemble depuis 15 ans maintenant, je ne peux donc conter toutes les anecdotes tant je ne peux compter le nombre de concerts… rien que pour Fordamage, cela représente 400 concerts un peu partout en Europe et Amérique du Nord, et on doit pas être très loin du même nombre pour My Name Is Nobody. C’est aussi lors de ces tournées que nous avons rencontré Emilie, car nous avons partagé l’affiche de nombreuses fois avec son groupe Marvin. 
> Musicalement, on trouvera un reste de cette noise dans le morceau Distance.

 
 

My Name Is Nobody - À changer de nom de scène, je ne pourrai plus retourner à Don Benito dans la région du Badajoz en Espagne en ayant les clefs de la ville. Le Maire m’a remis une plaque en argent en février 2010 pour avoir nommé un 45t Here, in Don Benito, endroit où nous avons vécu des concerts incroyables devant un public souvent improbable…  Pour vous donner une image, le Rincon Pio Sound serait comme avoir une oasis qui reçoit le meilleur de la musique indie au milieu du désert.
> Sinon, de MNIN, vous retrouverez la voix, et toujours quelques morceaux lors de mes concerts.

 

Hawaïan Pistoleros - Vassili Caillosse qui m’a accompagné sur plusieurs albums de MNIN, m’a demandé de venir chanter ce répertoire intimement lié aux racines de la musique américaine.
> On y retrouve la justesse dans la voix, et le plaisir de chanter des beaux morceaux. Malheureusement, vous ne retrouverez pas mon costume de lumière.

 

Serpentine - C’est d’abord un hommage à un album de chevet Mi Media Naranja de Labradford qui s’est transformé en collaboration instrumentale avec mes amis chicagoans Evan Hydzik, Mark Trecka et Adam Wozniak de Minneapolis. Le dernier concert regroupait cependant deux Nantais, Mathias Delplanque et Simon Puiroux, avec Dimitri Manos et Ryan Eggelston de Tucson. Je leur avais préparé des partitions et nous avons improvisé de 6h à 8h du matin autour des pièces de Serpentine lors de la nuit du Van, sous les nefs, entre fin de nuit, réveil brumeux, une apesanteur. J’espère pouvoir bientôt refaire l’expérience.
> On retrouve la lenteur et la profondeur de la guitare baritone, sur le morceau Mon Pays que je chante en duo avec Nona Marie de Dark Dark Dark.

 

Binidu - Le trio que nous formons avec le duo Pneu (Jean-Baptiste Geoffroy et Jérôme Vassereau). Notre second album Nouvel Ancient  est sorti en octobre dernier, et nous avons pris les gens à contre pied, après un premier album écrit en quelques répétitions, enregistré en une journée et demie avec une énergie et un optimisme à toute épreuve. Il nous a fallu quatre ans pour écrire le second, et nous avons eu une réflexion toute autre sur ce qui nous entoure. Nous tournons l’album en ce moment, et laissons le public un peu perplexe ! On est loin de ce qui se passe sur les radios françaises.
> On y retrouve cette envie d’aller plus loin dans la production, Antoine Lacoste qui a enregistré, et JB a réalisé les illustrations et la pochette de l’album, ainsi que l’affiche de cette release party !

 

Peux-tu nous donner le ton de la soirée du 9 mars à Stereolux ? Qui sont les groupes qui t’entourent ? 

J’ai rencontré Helen Ferguson aka Queen Of The Meadow lors d’un concert à Bordeaux en février 2010 il me semble, et depuis, nous y avons joué ensemble ou nous nous sommes vus à chacun de mes passages. Elle est accompagnée par son compagnon Julien Pras, de Mars Red Sky, mais il y a plus longtemps encore, de Calc. Leurs chansons sont d’une finesse incroyable où l’intemporalité de la musique folk prend toute son ampleur. 

 

 

 

Lorsque j’ai remplacé le bassiste de Dark Dark Dark pour une tournée au printemps 2011, j’ai fait la connaissance de Walt Mc Clements qui y joue l’accordéon, la trompette, et parfois le piano. Sous le nom de Lonesome Leash, il est seul mais joue tous ces instruments agrémentés d’une petite batterie… Il a passé une partie de sa vie à La Nouvelle Orléans, avant de partir pour LA, on y retrouve la folie bringuebalante de l’une et la modernité de l’autre !! Il passe la plupart de son temps sur la route et nous en raconte les histoires. Son dernier album a été produit par Theo Karon, et dernièrement vous avez aussi pu croiser Walt au côté de Weyes Blood. 

 

 

 

Etant très souvent hors de Nantes, je me suis éloigné de la scène, et j’étais un peu largué par la multitude de nouveaux groupes… Il m’est tout de même arrivé de traîner quelques soirs et j’ai discuté avec Nathan, j’étais assez étonné d’avoir des références communes, je me pensais vieux mais finalement pas tant. J’ai adoré Teenage Bed, un peu désinvolte, un peu Lou Barlow, lo-fi et sincère. Il revient de quelques mois aux Etats-Unis avec un nouvel album dans ses valises, j’ai hâte d’entendre ça !