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LA ROUMANIE, 30 ANS APRÈS !

Musique Publié le 28/02/2019

Cette année, la Roumanie célèbre le trentième anniversaire de la révolution qui a fait chuter le régime communiste conduit par Ceaușescu. Trente année durant lesquelles le pays a évolué vers la libération de la parole et l'ouverture culturelle. Maria Toader, facilitatrice de liens franco-roumains à Nantes, revient sur cette effervescence créative, mise à l'honneur cette année dans le cadre de la saison France-Roumanie 2019, dans laquelle s'inscrivent, à Stereolux, la soirée Stereotrip Roumanie le 14 mars et le workshop Stop Motion les 2 et 3 avril. 

 

DE GOLANI EN 1990 À GOLAN EN 2019

En 1990, les Golani étaient ces milliers de manifestants qui, pendant 53 jours, ont protesté à Bucarest contre le gouvernement dit “néo-communiste”, installé après la chute de Ceaușescu. Leur devise "singura soluție, o altă revoluție" ("la seule solution, une autre révolution") poussa le président de l’époque à les traiter de “golani” ("vaurien").
Depuis 2016, des dizaines de manifestations contre la classe politique, accusée de corruption et de népotisme, se sont réitérées avec comme devise "vrem o țară ca afară" ("nous voulons un pays comme à l’étranger").
En 2019, le mot Golan renvoie à un groupe de musique, qui affiche complet à chacun de ses concerts en Roumanie ! Ils sont les représentants de cette nouvelle génération d’artistes roumains qui fait l'unanimité dans le pays et qui se produit même à l'international. Ainsi, hormis Golan, on peut citer Moonlight Breakfast qui, installé depuis quelques années à Vienne, revient régulièrement jouer en Roumanie. Leurs rythmes swingy, groovy et pop électro font toujours danser les foules ! 

 

 


Autre groupe qui incarne les tendances musicales actuelles en Roumanie : Subcarpati. Son fondateur, MC Bean, veut mettre à l’honneur le folklore roumain et les valeurs traditionnelles à travers un mélange moderne de hip-hop et d’électro. 

 

 

 

UN PATRIMOINE URBAIN ABANDONNÉ… AUX ARTISTES

Si autrefois Bucarest était connu sous le nom de Petit Paris, aujourd’hui la capitale roumaine ressemble plus à un nouveau Berlin. Des bâtiments et maisons aux styles néo-roumain et Art nouveau, abandonnés suite à la nationalisation du patrimoine pendant le communisme deviennent aujourd’hui des centres culturels investis par des initiatives indépendantes. Ces hubs éclectiques se transforment en espaces de restauration, d'entrepreneuriat ou encore de création (arts plastiques, musique, théâtre, danse...). 
On peut citer par exemple Palatul Universul, un palais construit dans le style néo-roumain, siège du journal éponyme au début du 20e siècle, qui accueille aujourd’hui un théâtre, un café, un studio de danse, un studio d’enregistrement et des cabinets d’architectes et d’ingénieurs.
 

 


Green hours est aussi un endroit emblématique de la culture à Bucarest. Cet ancien club de jazz accueille régulièrement des pièces de théâtre indépendantes et des expositions, ou des manifestations artistiques alternatives.

 

 

DE BUCAREST À NANTES

Mircea Cantor incarne aujourd’hui la génération d’artistes née et élevée dans l’esprit du communisme, qui découvre l’Occident dans sa jeunesse. Alors qu'il était peu connu dans le pays au début de sa carrière, il est aujourd'hui une star de l'art contemporain dans le monde. Ceci grâce à une possibilité d’études à... Nantes ! La confrontation à des contradictions sociales, culturelles et politiques entre ces deux mondes, à ce décalage imposé par l’histoire, deviennent sources d’inspiration : la mélancolie, l’illusion d’un passé faussement utopique le hantent toujours. 
Le public peut découvrir une partie de son oeuvre du 15 mars au 15 septembre au Musée d’arts de Nantes. D'ailleurs, ce n’est pas un hasard si la photo qui ouvre cette exposition a été prise à Nantes en 2000, lors de son arrivée, et s'intitule All the directions. La pancarte complètement blanche que tient l'artiste sur cette photo est teintée d’une certaine mélancolie, d’une forme de désenchantement et questionne à la fois les notions d’identité, d’éthique, de politique et leurs contradictions, au coeur de toute une jeune génération.