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La mémoire dans la peau

Musique Publié le 22/03/2016

Mondialisation ne rime pas forcément avec uniformisation, c’est ce que nous prouve Eurofonik, festival dédié aux musiques populaires européennes dans leur diversité, dont la quatrième édition passera par Stereolux. Rencontre avec Sylvain Girault, directeur artistique d’un événement où les musiques traditionnelles n’ont jamais sonné si actuelles. / Matthieu Chauveau

Interview

À l’appellation musique traditionnelle, vous préférez celle de musique « Trad’actuelle ». Pourquoi ?

La musique traditionnelle fait référence à une civilisation européenne paysanne aujourd'hui révolue, mais également au mouvement revival folk des 60’s, où des jeunes, dans le sillage de Pete Seeger, se sont réintéressés à ces musiques oubliées en se les réappropriant avec modernité. C'est l'idée de prendre dans ces langages musicaux-là qui fait sens pour nous aujourd'hui.

Les artistes qui vous intéressent ne se cantonnent donc pas au répertoire traditionnel ?

Non ! Ils ont appris le répertoire et les codes comme un jazzman apprend les chorus de Coltrane, ou comme un métalleux s’entraîne sur AC/DC. Ensuite comme tout artiste, ces musiciens créent leur propre langage. Et sans forcément vouloir être les porte-drapeaux d’une culture. Quand on voit une artiste comme Mercedes Peón, qui jouera à Stereolux, on ne se demande pas si elle est porteuse de la tradition du chant galicien. On s’en fiche. Elle déchire, point.

Beaucoup des artistes d’Eurofonik mélangent les musiques traditionnelles au rock ou à l’électro. Pourquoi cela fonctionne si bien ?

Parce que ces musiques sont essentiellement rythmiques, comme les musiques traditionnelles. Elles ont aussi cette relative simplicité dans l’écriture. Si tu transcris les chansons des Rolling Stones sur partition, c’est un peu chétif… Par contre, les faire sonner comme ils les font sonner, là c’est très très dur. Il y a un phrasé, un feeling, un style à avoir dans l’interprétation. C’est pareil pour les musiques traditionnelles.

Comment se portent les musiques traditionnelles, au 21ème siècle ?

L’offre est très riche, et très diverse. Avec internet, on n’a jamais été autant bombardé de sources sonores. Les jeunes musiciens puisent sans limite. J’ai reçu il y a quelques jours le disque d’un groupe étonnant, qui mélange les musiques irlandaises et italiennes, avec un côté folk radical. Je n’avais jamais entendu ça ! Internet a changé pas mal de choses, notamment sur la question de la légitimité du lieu de naissance. Plus besoin d’être Breton pour faire de la musique bretonne, par exemple, même si ce n’est pas nouveau : Érik Marchant, référence de la musique bretonne depuis les années 80, est originaire de… Neuilly-sur-Seine.

CONCERT - SAMEDI 12 MARS  2016 - SALLES MAXI & MICRO, 20h - EUROFONIK : AMIEVA + SUPER PARQUET + LOENED FALL + MERCEDES PEÓN + ASSURD + KRISMENN & ALEM

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