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J'AI TESTÉ LE BEAU LABEL : QUAND CRACKI JOUE LA "FÊTE LIBRE" ET DÉCOMPLEXÉE, J'ADORE ET J'EN RAFFOLE

Musique Publié le 28/02/2017

Il est des concerts ou soirées que l'on attend avec impatience. Nous les mythifions d'avance et finissons déçus d'avoir idéalisé une réalité qui, vécue, est bien loin de nos attentes passées. J'ai moi-même beaucoup attendu ce vendredi 3 février : le tout jeune label Cracki Records au programme de Stereolux ? Immanquable, je prends mon billet.

L'ex-parisienne que je suis n'était pas passée à côté du projet Cracki : la Mamie's, le Macki... L'esprit branché et libéré de leurs soirées m'avait déjà transportée. Sans frontière, multi genres et transcendantes, leurs "fêtes libres" bousculent les codes et animent la capitale depuis quelques années déjà.

A dire vrai, je suis une grande fan de la pop suave d'Agar Agar – petit prodige du label, dont L'EP "Cardan" monopolise mes oreilles depuis la fin de l'été. J'avais donc d'immenses attentes ce soir-là – immenses attentes comblées. J'avais néanmoins pris le parti de me réserver quelques surprises. J'aime découvrir de nouveaux artistes en live. J'arrivais donc vierge de Renart et Lucien & The Kimono orchestra.

20h07, la salle micro est baignée d'une lumière bleue. Ian Tocor (Cracki Soundsystem/DJ set) est déjà sur scène - la soirée ne devait pas commencer à 20h30 ? Il distille une ambiance minimaliste, genre de warm-up très deep, pendant que le public arrive.
20h25, la musique se fait de plus en plus rythmique et entraînante, quasi mystique. J'attends la suite. Le rythme s'accélère puis décélère et le live se termine, abrupt, pour laisser place à la lumière.

Changement de plateau et d'un coup la salle se remplie.
20h35, quatre jeunes musiciens aux chemises type kimono s'installent sur scène. Je découvre alors Lucien & The Kimono orchestra et suis bluffée : ils emportent le public des rythmes groovy, presque old school mais toujours frais et subtiles. Sur scène : une guitare électrique, une basse, un synthé et une batterie - une trompette aussi, petite surprise qui ravie. Leur son funky se veut parfois lancinant et sexy, autrement rythmé et toujours spontané. Aucune voix ne vient corroborer leur style dont le charme me laisse penser que nous n'avons pas fini d'entendre parler d'eux. Paradoxalement vintage et novateur, voilà une vraie découverte. J'en veux encore et encore et encore...

Une autre bière, changement de plateau et... Surprise : la jeune femme qui s'ambiançait à me côtés l'instant d'avant se retrouve propulsée sur scène, accompagnée de deux synthés et d'un acolyte.

Clara et Armand, Agar Agar, ou quand le rock garage rencontre la musique électronique et que la pop renaît ; plus sombre, plus techno.

On dit d'eux qu'ils sont "la nouvelle sensation pop à base d'acid disco et de réminiscence 80's". Pour moi, c'est une bombe, un produit brut. Elle, porte un grand T-shirt "Trashore" dans un style "je-m’en-foutiste" ; lui, porte une casquette et un pull-over rouge. Simplement. Ce "simplement" dit tout d'eux pourtant : anticonformistes, décomplexés et blasés, c'est de notre génération qu'ils sont le reflet. Elle fait les cent pas sur scène, adopte une démarche lente, emprunte une voix désabusée aux accents graves et séduisants. Ce concert est une réussite totale. Connaissant l'EP sur le bout des doigts et pleine d'attentes à l'arrivée, j'avais peur d'avoir trop idéalisé l'instant. Aucunement : leur live est puissant. Les variations et ajouts vis-à-vis de leur musique enregistrée apportent une vraie plus-value à un EP déjà réussi et prometteur. La foule autour de moi semble également transportée et danse la joie et la folie, la joie et la tristesse. Agar Agar s'en va sur un dernier titre "Cuidado, Peligro, Eclipse" et laisse à son public une dernière note synthétique avant le vide.

  

La nuit n'est pourtant pas finie et c'est au tour de Renart de m'emporter sur une techno enflammée qui annonce la couleur de la suite des festivités - le collectif la Mamie's se produit plus tard au CO2 non loin d'ici. Subtile et organique, sa musique cogne et ambiance à tel point que je regrette presque d'avoir décidé d'aller me coucher après cette soirée réussie. Les gens s'affolent sur la piste et moi aussi. La nuit leur appartient et je les laisse, conquise.

Par Zoé Michel