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Electrons Libres : collaborations hybrides et rencontres insolites au programme de la prochaine édition

Arts numériques Publié le 17/11/2021

Voilà maintenant 5 ans que Stereolux organise Électrons Libres, des soirées faisant la part belle aux artistes locaux et internationaux. Ces rendez-vous ont un point commun : celui de marier des esthétiques différentes et de mélanger des disciplines artistiques à priori à l’opposé. Inscrite dans l’ADN des artistes, cette recherche du contre-pied et du dépassement puise ses origines dans des collaborations hybrides et des rencontres insolites. Illustration avec trois projets présentés* lors du prochain Électrons Libres, les 10 et 11 décembre 2021 : Apollo Noir & Thomas Pons, Lucie Antunes & Collectif Scale, Maxime Dangles & Tommy Rizzitelli.

 

 


Le numérique est à l’artiste contemporain ce que le pinceau est au peintre classique : il n’est qu’un simple outil, néanmoins interdisciplinaire : danse, vidéo, musique, art plastique... D’une certaine manière, il permet de repenser la notion de rencontre et de partage. Ce n’est pas le musicien électro Apollo Noir - invité à présenter la performance (Un)related To God - qui dira le contraire de sa collaboration avec Thomas Pons, réalisateur de courts-métrages et diplômé des Arts Déco en animation. “Depuis le début de ce projet musical, on me demandait régulièrement de collaborer avec des VJ pour mon live. Je ne trouvais pas d’artistes pertinent·es avec qui travailler. Puis j’ai vu le travail de Thomas, sensible et minimaliste. Quand nous nous sommes rencontrés il y a eu comme un coup de foudre amical et créatif”.  Son et vidéo, deux médias numériques qui n’en font qu’un seul pour les deux artistes : “Thomas travaille beaucoup sur le thème du rituel, de la boucle et de la répétition. Mon approche est assez similaire dans le sens où je fais plein de boucles musicales/samples que je juxtapose afin de créer une narration. Thomas limite volontairement son travail pour définir une identité : illustrations/animations noires et blanches plutôt minimalistes. Il en va de même pour ma musique. Je n’utilise pas une variété trop importante d’instruments afin de proposer une identité sonore très précise.” explique Apollo Noir.
 
 
Découvrez également l’exposition (Un)related To God en Plateforme Intermédia :https://www.stereolux.org/agenda/unrelated-god


HYBRIDATION DES ROBOTS ET DES ÊTRES HUMAINS

Sergeï Ensemble est un autre exemple de rapprochement de disciplines, permis une nouvelle fois par le médium numérique. Lucie Antunes, musicienne et percussionniste de formation classique, habituée aux collaborations en tout genre, s’est associée au Collectif Scale, spécialiste des scénographies numériques. “Dans ce projet, je voulais remplacer la machine par des êtres humains mais que ces derniers jouent comme des machines.” explique Lucie Antunes dans une vidéo pour New Settings / Fondation Hermès. Résultat, 7 musicien·nes jouent une musique acoustique minimaliste aux nappes sonores synthétiques. Ces femmes et ces hommes sont encerclé·es par des bras articulés surmontés de barres LED multicolores, œuvres du Collectif Scale. Joachim Olaya, l’un de ses membres, explique l’intention du projet : “On avait envie d’une chorégraphie réalisée non pas par des danseur·euses mais par des robots. Les effets vibratoires, les couleurs, leur vitesse, permettent une vraie poésie”. En somme une lecture décalée où les machines s’humanisent et où les humains se machinisent.

 


QUAND L'ART S'INSPIRE DE LA SCIENCE

Dernier exemple de collaboration hors-norme entre Maxime Dangles & Tommy Rizzitelli et plusieurs scientifiques (laboratoire BeBEST / Fovearts) revenu·es d’expéditions polaires. Sonars est un projet qui vise à restituer le spectacle somptueux des écosystèmes polaires grâce à la technique du field recording. “Depuis 2018, j'ai passé environ un mois par an à Brest pour apprendre, comprendre et échanger avec les chercheur·euses. Il y a une chose à laquelle je ne m'attendait pas : l'histoire d'un son. D’où vient-il , pourquoi, comment et par qui a-t-il été enregistré ? Cette histoire peut être plus inspirante que le son lui-même.” explique le compositeur-musicien Maxime Dangles. Cette matière sonore capturée par les scientifiques peut provenir de bruits d’animaux, de crissements d’iceberg ou de l’eau qui coule, témoignage d’une fonte régulière des glaciers. La rencontre entre ces deux univers - artistique et scientifique - permet une lecture sensible des problématiques complexes comme peut l’être le dérèglement climatique. “Les fonds marins sont intenses et bruyants. Mais ce sont d’abord les histoires de ces femmes et de ces hommes passionné·es qui m'ont nourri pendant ces 4 années.” ajoute Maxime Dangles. 
 
 

Ce savant mélange de couleurs constitue l’identité intrinsèque des artistes programmé·es à Électrons Libres. Parce que ces projets sont nourris de collaborations atypiques - parfois très éloignées des “zones de confort” de chacun·e - ils donnent à interroger, loin de toute injonction, les disciplines artistiques en matière d’écriture scénique, de rapport au public, d’émotions ou d’esthétique. De vrais électrons libres en somme !

* l’Américaine Louisahhh fait également partie de la programmation et présentera son dernier groupe live découvert aux Transmusicales 2020. Une musique à l’énergie punk et brute. Ce projet est également une collaboration entre plusieurs artistes : Louisahhh sera accompagnée aux machines par Maelstrom et à la batterie par Bertrand James du groupe Totorro.

 

Article écrit par Adrien Cornelissen