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ÉLECTRONS LIBRES : Avec FluX, le Collectif Ayekan nous fait plonger en pleine sieste sensorielle

Arts numériques Publié le 02/06/2021

Le Collectif Ayekan est né de la rencontre d'artistes issu·es de conservatoires français ayant à coeur de faire fusionner musique savante et musiques traditionnelles du monde. A travers des installations sonores telles que FluX - qui sera proposée le 23 juin prochain dans le cadre d'Electrons Libres -, les artistes proposent des créations sonores se démarquant des concerts traditionnels. Nous avons posé quelques questions à Roman Bestion, qui nous a éclairé sur les activités du Collectif Ayekan ainsi que sur leur rapport artistique à cette douce activité qu'est la sieste.

ELECTRONS LIBRES : JULIEN DESPREZ • COLLECTIF AYEKAN


Le collectif Ayekan est né avec la volonté de faire cohabiter musique savante et musiques traditionnelles du monde. Comment ce mélange des genres s'est-il imposé à vous ? 

Nous sommes des artistes pas vraiment autodidactes, qui nous sommes intéressé·es à la tradition rituelle, la transmission orale, les modes d'expressions artistiques hors champs du spectacle occidental tel qu'on le connaît. Cela peut être un griot qui traverse les campagnes et villages, un rituel sonore et dansé, médicinal, et dans tous les cas un moment de partage spontané. Cela suppose l'improvisation, et l'on a trouvé dans cet univers traditionnel, voire ancestral, la même finalité de jeu collectif que dans nos pratiques actuelles, amplifiées, électroacoustiques : celle de construire en temps réel des relais sonores permettant un concert sans début ni fin. Et ce en forme de rituel où l'écoute de la masse sonore collective guide le jeu de chacun·e.
Le résultat est un jeu de textures organiques entremêlées. Cette approche musicale est proche des musiques minimalistes, répétitives. Pour les créations du collectif, nous puisons nos inspirations dans différentes époques, sans limites esthétiques.

Vous comparez votre création FLUX à une "sieste sensorielle", thème qui semble récurrent au sein de votre collectif. En quoi cette pratique vous semble-t-elle si inspirante ?

L'idée de la sieste est de rompre avec les limites du concert traditionnel, en temps et en espace. Nous voulons proposer de la musique live mais sans rapport frontal entre public et artistes, en plongeant le tout dans une atmosphère immersive où artistes, auditeurs et auditrices se confondent. Le regard du public est ainsi détourné par un univers visuel favorisant la position allongée, et d'autres sens que l'ouïe sont sollicités. C'est complètement immersif. On peut entrer et sortir de la sieste quand bon nous semble, c'est un relai sonore "sans début ni fin". Il se construit au fur et à mesure du passage du public - sur un créneau défini à l'avance - où peuvent se succéder des moments musicaux solitaires, des drônes sonores automatisés ainsi que des moments collectifs... Tout cela dans un relai sonore et visuel créé par différent·es artistes, à la manière d'un rituel pouvant durer jusqu'à une nuit entière.
Pour la version Electrons Libres de juin, nous avons dû adapter FluX aux conditions sanitaires et sur une configuration plus classique.

 

 

Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce que sont les "siestes sonores itinérantes" ?

L'installation FLuX fait partie d'une série de siestes que nous avons appelé Sons en bulles. L'objectif est que chacune d'entre elles puisse acquérir un maximum d'autonomie dans leur réalisation, pour qu'elle puisse avoir lieu dans n'importe quel espace. L'idée est d'investir les lieux historiques, les jardins, les musées, les écoles, les parcs, les centre médicaux spécialisés... Et cela en construisant une autonomie en son et en lumière. Nous sommes en cours de création des systèmes lumineux - pour des projections immersives - et allons nous équiper afin de poser une quadriphonie sonore englobant public et artistes.

Cette soirée s'appelle "Electrons Libres", qu'est-ce que cela vous évoque ? Vous considérez-vous comme un "électron libre" ?

Dans FluX, nous avons cherché à observer de très près les mouvements de l’eau. Des échos, des ondulations, des reflets, de la lumière, une résonnance... L'idée est d'interpréter dans la musique ce que nous voyons dans l’eau. En cela, on pourrait dire que nous sommes des molécules libres, reliées au son et à la matière. Un organisme vivant, vibrant, qui cherche les liens entre la lumière et le son.

ELECTRONS LIBRES : JULIEN DESPREZ • COLLECTIF AYEKAN