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Backstage : ITW de Beth Ditto par les élèves du lycée de la Herdrie

Action culturelle Scolaire Publié le 05/12/2017

Le 9 octobre dernier, Léo, Malo et Aïna, élèves en seconde au Lycée de la Herdrie à Basse-Goulaine ont assisté à la fin des balances de Beth Ditto et ont ensuite réalisé en anglais une interview de l’artiste et de ses compagnons de scène. Ils étaient accompagnés de Mme Dufief, leur enseignante d’Histoire-Géographie. L’entrevue avait été validée avec le manager de l'artiste pour une durée de 10 minutes, mais c’était sans compter la disponibilité et la gentillesse de Beth Ditto qui leur a consacré 30 minutes ! Un échange chaleureux et drôle, que nos chers élèves ont traduit pendant les vacances de la Toussaint. Cette interview est le premier report d’une série "Backstage" que nous espérons longue !

Mes parents adorent vos chansons et votre charisme. Ma mère se demandait si vous vous étiez inspirée de Patty Smith pour écrire certaines de vos chansons, notamment « Oo la la ». Et si ce n’est pas le cas, où puisez-vous votre inspiration ?

Beth : C’est une très bonne question de la part de ta maman, j’adore! (elle rit). Je pense que j’aime beaucoup Patty Smith, mais je m’inspire plus de l’icône punk, de son esprit et de son caractère affirmé, que de la chanteuse elle-même. Après, je suis sûre que mes chansons détiennent un peu de ses sonorités, mais selon moi, Patty Smith oui, mais plus par rapport à son style que ses textes.
 

  


J’ai visionné une de vos interviews ce matin et j’ai remarqué que vous étiez amie avec Jean-Paul Gaultier. Vous a-t-il inspiré ou invité au lancement de votre propre ligne de vêtement ?

Beth : Je crois que ce sont les personnes « rondes » qui m’ont inspirée pour la création de ma propre ligne de vêtement. Je voulais vraiment faire quelque chose que je comprenais et qui manquait terriblement. Oui, c’est exactement ça. Jean-Paul m’a donné de précieux conseils et beaucoup d’énergie. Vous savez, la plupart des créateurs vont dans des écoles de design, mais pas Jean-Paul – ni Dior d’ailleurs. Déjà jeune adolescent punk (il vivait dans une toute petite ville), il envoyait ses esquisses à Yves Saint Laurent, avec qui il mourait d’envie de travailler. Il adorait vraiment le fait que Saint Laurent assume son homosexualité, alors qu’on était dans les années 60-70 (c’était peu courant à l’époque). Je trouve ça vraiment cool et j’adore son histoire ! Vous savez, quand vous rencontrez des célébrités, de riches célébrités, vous n’êtes pas forcément très heureux quand vous les quittez par rapport à l’expérience que vous venez de vivre. Mais quand vous êtes avec Jean-Paul, vous savez que vous marchez aux côtés de quelqu’un qui sait ce que c’est de ne pas avoir été riche dès le début, de ne pas avoir suivi le parcours ordinaire. C’est un homme vraiment sympa, et passionnant !
 

Que pensez-vous du président américain Donald Trump ?

Beth : Dans le groupe, nous sommes 4 Américains et 1 Britannique qui vit aux Etats-Unis… Je… j’ai peur chaque jour en me réveillant de ce qui s’est passé la nuit précédente, avant que je m’endorme. Je suis très anxieuse par rapport à ça, et (s’adressant à ses musiciens) je ne sais pas ce qu’ils en pensent. Cela fait assez longtemps que je réponds à cette question lors d’interviews, et en général, j’arrive assez facilement à exprimer mes sentiments et à savoir où j’en suis. J’éprouve beaucoup de haine et je trouve ça tellement dangereux (les musiciens approuvent). Contenir toute cette peur et cette haine enfouies dans son cœur, c’est très effrayant, on dirait une sorte de... créature. Je déteste vraiment avoir ce sentiment dans mon for intérieur et, rencontrer cette peur tous les jours, c’est quelque chose de vraiment très dur. Vous en pensez quoi vous ? (s’adressant à son groupe)

La pianiste et deuxième voix : (ironiquement) Trump est un excellent orateur, un homme éloquent, avec un vocabulaire très riche, il est très gentil, et particulièrement bon lorsqu’il s’agit de s’intéresser à la crise (rires).
 


 

Vous pensez qu’il y a 2 Amériques : une pour Trump et une contre ?

Beth : Non, ce n’est plus ce que je pense désormais. Selon moi, il y a plus de deux Amériques, et je suppose qu’on l’a toujours su. En fait, je ne sais pas trop, je suis plutôt inquiète par rapport aux choses que j’ai toujours eu…  (soupirs).


Pouvez-vous encore faire ce que vous voulez aux Etats-Unis ?

Beth : Oui, on peut dire qu’on peut faire ce qu’on veut, mais je pense que c’est de plus en plus difficile. Je crois qu’on fait les choses, mais avec plus de peur. Vous voyez, je me réveille chaque matin en me disant « Quand allons-nous aller trop loin ? Quand est-ce que « trop loin » c’est trop loin ? »… Et qui va intervenir ? Les gens pourraient examiner le cas de plus près… En vrai, je ne sais pas, je me sens tellement déboussolée, honnêtement. Mais bon pour l’instant, je crois que personne ne peut faire grand-chose. En plus, je ne pense pas que ce soit très prudent de le faire.
 

Vous avez eu l’opportunité de voyager autour du monde grâce à vos concerts. Quels pays avez-vous préféré ?

Beth : (En français) J’adore la France ! (Elle reprend en anglais) Il y en a beaucoup... Ce serait plus simple de me demander quels pays je n’ai pas aimés ! (Rires) Mais je vais n’en dire aucun car c’est rude ! J’aime beaucoup l’Angleterre, ainsi que la France. J’ai aussi adoré le Japon, qui est un pays très cool,  vraiment différent des autres pays.

Les musiciens : L’Allemagne ! La Suisse est pour moi le plus beau pays que j’ai visité, c’est magnifique ! On adore aussi la France ! Pour ses personnes, son style, sa nourriture, son vin...

Beth : Pas pour moi. Je n’aime pas trop le vin, et je ne mange presque plus de viande. Pour moi, ce sont plus le style, l’histoire, et la culture que j’aime en France. J’aime aussi beaucoup le fait que l’art y soit très apprécié. Je pense que c’est une chose caractéristique de l’Europe, car aux Etats-Unis, il n’y a pas une aussi grande valorisation de l’art, et les artistes reçoivent un soutien moins important. J’aime donc beaucoup l’Europe, et en particulier la France, pour la place qu’occupe l’art dans la société. Mais je n’ai jamais été en Afrique, et j’aimerai beaucoup y aller dans le futur. L’Egypte est un pays qui m’attire beaucoup.
 

Est-ce compliqué d’aller en Afrique ? Y êtes-vous quelquefois invités ou non ?

Beth : Nous avons déjà été invités en Afrique du Sud, mais nous n’y avons pas été. Il y a certains endroits en Afrique dans lesquels il est dangereux de voyager. Mais j’ai des amis qui viennent de revenir d’Afrique du Sud, et qui n’ont pas eu de problèmes. Mais je ne me fixe aucune barrière, il faut considérer que seul le ciel est la limite !
 

Votre voix est connue ans le monde entier grâce au titre de votre ex-groupe, The Gossip, « Heavy Cross ». Etes-vous fière d’être connue mondialement grâce à ce hit, ou, au contraire, cela vous rend-il triste que certaines personnes limitent votre carrière à cette chanson ?

Beth : Non, je suis très contente d’être connue pour cette chanson. Il y a des personnes que j’ai connues en tant qu’artiste qui ont toujours voulu être considérées comme des « popstars », mais ce n’était pas notre cas. Avec le groupe, nous étions vraiment contents d’avoir de l’attention, qui n’était pas forcément espérée. Je suis en plus vraiment heureuse que nous continuions à jouer cette chanson, même si le groupe s’est séparé, car si, par exemple, je paie pour aller voir un concert, je voudrais que l’artiste joue le morceau que j’étais venue voir, sinon je ne serais pas contente. Je comprends donc que les gens veulent toujours entendre les chansons les plus connues, car je comprends ce que c’est d’être dans la foule pendant un concert. Je pense aussi que les gens sont trop complexés sur la façon dont on considère les artistes, dans la mesure où ils paient pour voir les concerts, et considèrent que les artistes font un travail pour eux. Je pense que les vrais artistes sont ceux qui se privent de reconnaissance avant d’avoir une chanson dans le Top 10. Mais je suis toujours très contente de cette chanson, car c’est en même temps vraiment cool et très bizarre d’avoir créé une chanson qui a fait le tour du monde.
 

Cet été j’ai regardé toutes les saisons de "Rupaul’s Drag Race" et j’ai été agréablement surpris de voir que vous avez été un juge lors d’une saison. Donc j’ai une question assez bizarre : Si vous étiez une drag queen, que serait votre nom de scène ?

Beth : C’est une très bonne question en fait ! Doug H Nuts, car en anglais ça se prononce « doughnuts » [donuts] (rires). Ou Beth Amphétamine, car c’est une référence de drag queen. Je serais un drag king je pense.
 

Plusieurs artistes sont récemment revenus à leurs origines et ont sorti des albums positifs et plus simples.

Beth : En effet, c’est vrai ! C’est une sorte de mode, n’est-ce pas ?


Je pense notamment à Lady Gaga, Miley Cyrus, Rihanna, Beyoncé… C’est un peu comme vous : vous êtes un peu retourné à vos racines [du sud des USA] dans votre album « Fake Sugar ». Par exemple dans le clip de votre single « Fire ». Y’a-t-il quelqu’un en particulier avec qui vous aimeriez travailler ?

Beth : C’est une bonne question. Pour ce genre de sons ? Connaissez-vous le groupe The Alabama Shakes ? J’aimerais beaucoup travailler avec eux. Brittany Howard et toute la troupe. Ça serait tellement cool de voir ce qui sortirait de cette collaboration. Ils travaillent avec cet incroyable producteur qui est connu internationalement. Je n’arrive jamais à me rappeler de son nom… C’est ukrainien. Enfin, oui, j’aimerais travailler avec lui. Et puis Timbaland. Et Missy Elliott. Mais j’aimerais surtout être sa femme. (rires)


Vous êtes une artiste tellement audacieuse et exaltante, notamment à travers votre soutien aux causes féministes et LGBTQ+. Vous avez toujours transmis un message de tolérance et d’acceptation de soi ; donc je souhaitais savoir : quel serait votre conseil pour des personnes qui ont toujours peur de complètement s’assumer ?

Beth : Mon conseil est de trouver des amis qui sont comme toi. Ne traîne pas avec des personnes qui te rabaissent et qui te font te sentir mal. C’est le début de l’acceptation de soi, c’est très important : être avec des personnes qui t’acceptent. Ne sois pas ami avec des personnes avec qui tu te sens plus mal qu’avant, lorsque tu les quittes. Je pense que tu dois trouver un groupe de vrais amis, surtout à votre âge ; sans paraitre condescendante et hautaine. (rires)
Quand j’avais 15 ou 16 ans, j’ai rencontré les personnes avec qui j’ai fondé Gossip. Nous étions un groupe [de musique], nous allions partout ensemble. J’ai beaucoup appris à propos de la musique et de l’art [à leurs côtés]. J’ai fait mon coming-out grâce à eux. J’ai vécu toutes ces expériences parce que je me suis liée d’amitié avec ces certaines personnes qui m’acceptaient, et qui me montraient des choses qui allaient par la suite me donner confiance en moi, au lieu de me rabaisser.
Et pareillement, j’ai également fait ça pour eux. Donc vous devez trouver des amis sincères. C’est tout ce que vous pouvez faire. Ça [la confiance en soi] doit également venir de vous, mais c’est très important de trouver un groupe de soutien.
Qu’en pensez-vous ? (elle se tourne vers les musiciens)
Quelle est la clé de votre assurance quand vous mettez votre bikini pour votre calendrier bikinis ? (rires)

Kelly : Ça risque pas d’arriver ! (rires) Je pense que trouver sa passion [permet d’être plus confiant].

Teddy : Se faire confiance également.

Les photos du concert