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Ascension : Retour sur la résidence par Thomas Pachoud

Arts numériques Publié le 31/01/2018

Après Hyperlight, création présentée durant Scopitone 2015, Thomas Pachoud revient, cette fois avec Ascension, performance chorégraphique, qui offre là encore une place centrale à la lumière. C'est au fil d'une semaine de résidence à Stereolux que l'artiste a écrit le dernier chapitre, le maillon manquant, d'un spectacle à découvrir dans sa nouvelle version le 20 février 2018. 

Comment s'inscrit Ascension dans l'évolution de votre travail ? 

Cette performance est la prolongation de Shape of light que j'ai créé il y a deux ans, sur une invitation de L'Ateliers Arts Sciences à Grenoble. Cette première version était plus une expérimentation de la déformation du corps vivant par la lumière. Pour Ascension je suis allé encore plus loin dans ce travail de la lumière par rapport à la perception de l'espace, en continuant de travailler à partir de la technologie de lasers gérée par un programme en opensource LaserLive, que j'ai créée il y a cinq ans et qui grandit avec le temps.

Quels ont été les différents axes de travail de cette résidence ?  

Au cours de cette résidence, je voulais créer la fin d'Ascension, qui tournait déjà, mais avec deux tableaux. J'avais le sentiment qu'il manquait une fin à cette performance.
La première partie est une montée en tension, une oppression du corps par la lumière, l'espace et la musique. L'ensemble travaille comme une seule et même machine qui embarque le corps humain, le fait disparaître, le désarticule, le déshumanise d'une certaine façon. Le danseur finit complètement tiraillé dans l'espace jusqu'à un point qui n'est plus tenable, qui devient tellement tendu tant pour le spectateur que pour le danseur, qu'il faut que ça explose.
On glisse alors dans la deuxième partie. Tout doucement le corps reprend possession de sa forme, puis de l'espace, qui devient lui-même une extension du corps.
La troisième partie que nous venons de créer fait écho à la première. On replonge dans une phase de construction / déconstruction mais dans laquelle le corps prend sa distance.
Finalement cette création est une métaphore de l'humain dans notre société, agressé par une multitude de stimuli. L'humain se retrouve pris dans une machine et ne prend plus le temps de penser, d'expérimenter, jusqu'à se retrouver déshumanisé, désarticulé d'une certaine manière. Et, finalement, elle montre aussi comment on peut transcender ce phénomène pour reprendre possession de son corps, de son espace et se reconstruire en prenant de la distance. 

  

La composition musicale est signée Cyril Billot. La pièce est beaucoup écrite autour de la musique, qui a été composée en amont. J'avais envie qu'il y ait un médium qui drive l'ensemble. C'est pourquoi le compositeur était aussi là sur le début de la résidence pour écrire la troisième partie musicale.     

Sur scène il y a un danseur, Yann, avec qui j'ai créé la pièce et qui fait partie de la Cie Ikari qui porte mes projets depuis bientôt trois ans. Cependant, j'ai voulu profiter de cette résidence pour expérimenter sur un corps différent, un corps de femme avec la danseuse Annaelle pour voir s'il y aurait un impact différent sur la création. Finalement les deux fonctionnent très bien et selon la date ce sera un homme ou une femme sur scène.