Logo Stereolux

Amor Infiniti : l'alliance de l'intime et du grandiose

Musique Publié le 14/01/2020

Un spectacle total. C'est ce que promet Amor Infiniti, dernier projet en date du Nantais Manuel Adnot, dont la guitare chercheuse (Sidony Box, Dark Radish, April Fishes, Aeris) trouve un nouveau souffle en compagnie d'un ensemble vocal, de son chef de chœur et d'un vidéaste plasticien dialoguant sur une même scène : celle, à l'infinie beauté, du théâtre Graslin pour la grande première le 21 février prochain.

Découvert comme guitariste virtuose, mi-noisy mi-planant, au sein du "power jazz trio" Sidony Box, Manuel Adnot avait surpris son monde ces dernières années avec deux albums solo nettement plus dépouillés (Ueno Park en 2016 et And Beauty Shall Reign Alone en 2019), dans lesquels il troquait sa fameuse guitare électrique 8 cordes pour un instrument classique à cordes nylon. Avec Amor Infiniti, le musicien se réinvente à nouveau en s'entourant cette fois d'une formation élargie : un chœur de 8 chanteurs dirigé par Étienne Ferchaud (Macadam Ensemble) mais aussi le plasticien vidéaste Barthélemy Antoine-Lœff. Au total, 11 personnes se produiront donc sur scène le 21 février prochain, pour la première du spectacle au théâtre Graslin. "C'est le plus gros projet sur lequel j'ai jamais travaillé, explique Manuel Adnot. J'ai mis trois ans à le préparer, une longue période de maturation qui est entrée en écho avec le propos de l'œuvre : à l'époque du switch permanent, Amor Infiniti consiste en quatre pièces principalement contemplatives, qui prennent leur temps, voire tentent de l'étirer."

 

 
Manuel Adnot ©MichaelParque et Barthelemy Antoine-Loeff  ©Vinciane-Verguethen

 

Amor Infiniti est né de la rencontre du guitariste avec Étienne Ferchaud du Macadam Ensemble, formation vocale nantaise spécialisée dans les musiques savantes contemporaines et anciennes, mais également toujours avide de nouvelles expérimentations. "Contrairement à beaucoup de gens, je ne connaissais la musique de Manuel qu'à travers son projet solo. Or, même s'il jouait avec sa seule guitare acoustique, j'ai tout de suite remarqué qu'il y avait une épaisseur, un lyrisme qui se marierait parfaitement avec des voix", confie le chef de chœur. Composer une partition pour un ensemble vocal, voilà donc le défi que s'est lancé Manuel Adnot, lui qui avait jusqu'ici joué dans des projets essentiellement instrumentaux. Une tâche qui a eu pour préambule l'étude de la musique vocale. "J'ai effectué un vrai travail de recherche et j'ai énormément échangé avec Étienne. Je me suis intéressé à toute la scène contemporaine américaine. J'ai même profité d'un passage à New York pour assister à un concert du compositeur Eric Whitacre, une pointure dans le genre."

 

 
Etienne Ferchaud ©adelinemoreau

 

Marqué par l'apport inédit de l'élément vocal, Amor Infiniti n'en demeure pas moins une œuvre qui s'inscrit dans la continuité des travaux précédents de Manuel Adnot. Le fil conducteur se nomme l'Islande et c'est une passion commune pour ce pays - les ambiances mélancoliques, enveloppantes et lancinantes qu'il inspire - qui a fait que le courant est immédiatement passé avec le troisième homme invité à rejoindre le projet, pour le mettre en images : Barthélemy Antoine-Lœff. "Nous avons un même rapport fusionnel à l'Islande, que ce soit au travers de son imaginaire faisant la part belle à la matière (glace, magma...) que de sa scène musicale (Sigur Rós, Jóhann Jóhannsson, Alex Somers...) ou même littéraire (Jón Kalman Stefánsson)", explique le plasticien, qui a la particularité de créer ses vidéos en direct sur scène.

"Amor Infiniti est une vraie performance au plateau, il y a des échanges en temps réel entre Manuel et sa guitare d'un côté, Étienne et le chœur de l'autre, et moi qui manipule des objets que je filme et projette en instantané sur grand écran".

Des formes visuelles souvent abstraites et contemplatives qui complètent idéalement les longues nappes sonores jouées et chantées d'Amor Infiniti, et que Barthélemy Antoine-Lœff a eu l'occasion de travailler lors d'une résidence de création à Stereolux, avec évidemment ses deux complices jamais bien loin...

 

Matthieu Chauveau