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allô cosmos ? Ici deux scientifiques pour une exploration interstellaire ! (interview)

Action culturelle Publié le 19/02/2020

Fanny Paris à la danse et Marc de Blanchard à la musique vous invitent à monter à bord de leur vaisseau pour une incroyable épopée cosmique ! La mission : tenter de reconstituer la vie sur une autre planète afin de faire perdurer l'humanité. Entre danse, théâtre, mimes et musique electro-pop, les deux artistes transportent les petits (à partir de 6 ans) comme les grands dans un univers poétique et coloré qui laisse place à la rêverie et à la réflexion. Attention, décollage imminent ! 

Réservez vos places pour le 1er mars à 16h


Comment est née l’idée de ce spectacle ? Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?

Fanny : Ayant déjà collaboré ensemble auparavant, nous souhaitions travailler sur un spectacle jeune public. L'idée de ce spectacle est née très rapidement puisque Marc, très influencé par l'univers de la science-fiction, travaillait déjà sur le thème du cosmos. Un thème qui me ravie, puisque je trouve l'esthétique très onirique, fantasque et pleine de possibilité corporelle.
D'abord inspirés par la structure d'un ouvrage de vulgarisation scientifique La plus belle histoire du monde co-écrit par D. Simonet et H. Reeves, Y. Coppens et J. De Rosnay, retraçant l'origine de la vie du big bang jusqu'à l'arrivée des hommes, puis suite à la rencontre entre un astrophysicien et Marc, l'écriture du spectacle s'est affinée pour garder l'essentiel : deux scientifiques tentant de reconstituer la vie sur une autre planète afin de faire perdurer l'humanité.

Marc : J’aborde la thématique du cosmos dans d’autres projets, notamment un Djset vinyle La sieste cosmique développé avec L’Armada Productions et le festival Travelling à Rennes en 2016. L’idée du spectacle découle de ça avec l’envie d’aller plus loin en créant ma propre musique et en travaillant avec Fanny pour jouer avec la danse et la vidéo. 

L’idée était de proposer un voyage onirique dans l’espace et de jouer sur l’esthétique d’un laboratoire de cosmonautes ou d’astrophysicien. Nous souhaitions avoir une double lecture enfant/adulte qui puisse tenir la route. Nos outils de scientifiques étant la musique et le mouvement, le spectacle est une vision fantasmée de la science et de ses expériences. 

J’ai également réalisé beaucoup d’atelier stop motion (animation image par image) avec des enfants autour de la faune et de la flore. C’est assez naturellement que je suis parti sur cette esthétique naïve et enfantine dans le traitement de l’image animée. La science-fiction autorise toutes les extravagances créatives et nous donne une grande liberté dans la création. L’idée est de plonger physiquement dans les dessins d’enfants et de réveiller quelque part l’enfant qui sommeil chez les adultes. La musique est assez rétrofuturiste et permet également ce saut dans le temps afin de jouer sur la nostalgie de la vision du futur que nous avions au siècle dernier.
 


La crise climatique est un sujet de plus en plus traité auprès des très jeunes enfants. Quel message portez-vous avec Allô Cosmos ? L’ art est-il un moyen d'aborder ce sujet d’une façon moins anxiogène ? 

Fanny : Le spectacle étant sans parole, le spectateur n'est pas guidé oralement dans la narration. Il a le choix de se laisser porter par l'univers sonore et visuel et peut rêver lui aussi de partir ailleurs, dans un monde imaginaire et pourquoi pas inventer son propre monde, sa propre planète. Cependant, s'il n'y a pas de morale imposée dans le spectacle Allô Cosmos, cela n'empêche pas la réflexion et de se demander pourquoi l'humain a t-il besoin de partir sur une autre planète ? Est-ce qu'il ne va pas recommencer les mêmes "erreurs" ailleurs ? Comment l'humain peut-il se déplacer toujours plus loin et quels sont les nouveaux moyens et les nouvelles technologies ? Pourquoi conquérir l'espace ? C'est donc un spectacle qui laisse place soit à la rêverie, soit à la réflexion, ou les deux. 

Marc : L’art nous permet ici de créer une distance par rapport au sujet que nous souhaitons ouvert et positif. On questionne effectivement l’aspect écologique et notre rapport à la technologie. Certaines expériences que nous faisons dans notre laboratoire fonctionnent et d’autres pas. Certains passages comme la création de plantes monstrueuses peuvent être effrayantes ou drôles selon les points de vue. C’est l’aspect expérimental et la curiosité qui réunissent l’artiste et le scientifique. A travers ses émotions, nous laissons au public la libre interprétation des évènements qui se déroulent dans le spectacle. Un dossier pédagogique permet aux instituteurs de développer le sujet en classe et nous sommes fréquemment en contact avec le public à la sortie pour répondre à ses questions.
 



La musique, la danse et les arts visuels ont chacun un rôle important dans l’histoire, comment avez-vous créé ce spectacle en rassemblant ces trois disciplines ?

Fanny : Nous avons commencé à créer à partir de 3 morceaux composés préalablement par Marc pour une sieste musicale. J'ai ensuite chorégraphié sur la musique, puis soumis à Marc le mouvement des images animées. Ensuite, nous avons procédé par aller-retour, passant du mouvement graphique au mouvement chorégraphique (intrinsèquement liés) en restant sur la base musicale proposée par Marc.
 


Marc : L’équilibre est le maître mot de ce genre d’hybridation. Je me suis donc basé sur la musique pour créer des ambiances, un rythme et une chronologie dans l’histoire à la manière d’une bande originale de film. Ensuite, la danse et la vidéo sont en relation très physique car l’image est projetée sur le décor et sur nos costumes. Parfois l’image prend le dessus et immerge totalement les corps dans les dessins. Certains passages sont plus minimalistes et Fanny interagit avec la vidéo, en faisant pousser une plante suivant des mouvements très précis, par exemple. La lumière permet également de créer un lien entre tout ça et de mettre en valeur certaines zones plus que d’autres. L’unité se trouve également dans le choix du blanc pour le décor (réalisé par Grand Géant) et des costumes (par Joséphine Gravis), chaque éléments scénique est support à projection. La musique et la vidéo sont aussi réunis dans mon interface de contrôle, créée spécialement pour le spectacle et que j’ai appelé le Cosmophone. Fabriqué par Morgan Daguenet (alias Bertuf), cet instrument électronique est très visuel, un peu comme dans Star Trek, avec des lumières qui clignotent et des gros boutons. Outre l’aspect ludique et esthétique, cela permet au public de voir les boucles musicales en train de se construire ou de voir que certains boutons déclenchent des images (nos fameuses expériences).
 


Quelles réactions avez-vous pu observer lors de vos premières représentations chez les petits et les grands ?

Fanny : Les réactions des petits et des grands enfants sont très accueillantes, toujours très enjouées, très positives, parfois sans voix mais avec des étoiles dans les yeux ! Beaucoup de "Wouah, c'était super!" "J'avais l'impression d'être aller dans le cosmos avec vous", "c'est magique"... On nous demande souvent "comment on fait… pour voler, pour faire tenir les planètes, comment ça marche, comment on fait pour aller dans le cosmos sans navette spatiale, etc...". C'est là, qu'on voit ceux qui se laissent emporter par la rêverie, ceux qui cherchent à comprendre la partie technique du spectacle ou ceux qui réfléchissent au sens et se demandent pourquoi. C'est très intéressant.

Marc : Les enfants réagissent aussi parfois pendant le spectacle en rigolant ou en applaudissant. C’est très différent d’une séance à l’autre selon les âges ou s’ils sont accompagnés de leurs proches. J’aime beaucoup cette interaction, notre jeu s’en ressent alors sur scène et on peut aller plus loin dans certaines émotions. C’est ce qui fait l’intérêt du spectacle vivant. Je pense aussi qu’ils s’y retrouvent par les dessins d’enfants qu’on projette. La magie opère aussi dans ce décalage, entre le décor minimal et froid et les dessins très organiques et colorés. Les émotions sont exacerbées par cette expérience immersive où tous les sens sont en éveil. Il y a même certains enfants qui essayent de reproduire les mouvements de Fanny sur leur siège, ils sont vraiment comme dans un dessin animé grandeur nature.