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16 x 180 secondes de science pour tous !

Labo Arts & Techs Publié le 20/04/2017

Le 4 avril dernier, alors que les onze candidats à l’élection présidentielle débattaient pour la première fois ensemble à la télévision, totalisant un temps de parole de seulement 17 minutes chacun, un exercice de concision autrement plus poussé avait lieu à Stereolux. Seize doctorants se succédaient sur scène pour présenter leurs travaux de plusieurs années en à peine… 3 minutes !

Initié en 2012 au Québec, avant de rapidement traverser l’Atlantique, Ma thèse en 180 secondes est un concours de vulgarisation scientifique dans lequel des doctorants et de jeunes docteurs expliquent à un auditoire profane leurs sujets de recherche.

Contrairement à l’élection à la fonction suprême, la parité est parfaitement respectée dans cette finale des régions Pays de la Loire et Bretagne. Huit femmes et autant d’hommes se succèdent sur scène pour présenter leurs travaux avec comme seul outil leur voix, possiblement épaulée d’une illustration en fond de scène. Plusieurs universités (Nantes, Rennes 1, Angers, Bretagne sud, Maine), grandes écoles (École Centrale Nantes, Oniris) et organismes de recherche sont représentés, tous fédérés par l’Université Bretagne Loire, coorganisatrice de l’événement avec la direction interrégionale du CNRS.
 

  


Des gagnants, aucun perdant

Avouons-le, certains intitulés de thèse font peur, comme celui de Jérémy Marchand, sobrement baptisé (prenez votre souffle) : « la combinaison de la prise d'empreinte par résonance magnétique nucléaire et spectrométrie de masse pour la caractérisation fine des profils lipidiques ». Incompréhensible ? Le doctorant à Oniris nous prouve en 175 secondes chrono (il termine avec un peu d’avance) que non, tout ceci peut être clair comme de l’eau de roche. Enfin, aussi clair que le dopage pendant le Tour de France, auquel l’utilisation d’une molécule de croissance chez les cochons d’élevage est comparée... Le travail de Jérémy : chasser cette molécule « comme le chasseur chasse le grand loup » en usant de subterfuges, décrits à grands coups de métaphores animalières et forestières. Une présentation limpide, rythmée et convaincante au point qu’elle sera, une heure plus tard, couronnée du prix du jury.
Deux autres prix, « du public » et « des réseaux », seront décernés à Theany To pour sa prestation, aussi décalée que convaincante, sur la ténacité des matériaux.
 


Mais au-delà de la compétition elle-même, Ma thèse en 180 secondes est un challenge initié bien en amont, comme le précise Joanna Robic, responsable de la communication de l’Université Bretagne Loire. « Les candidats sont formés à la médiation, la communication et la vulgarisation scientifique en vue de la compétition. Qu’ils gagnent ou non, l’important est qu’ils puissent transmettre et partager leurs savoirs. D’ailleurs, ensuite, ils sont souvent sollicités pour intervenir ou participer à des actions extérieures. Dans des collèges, des lycées ou auprès d’acteurs du monde socio-économique… » 

De Stereolux à la Maison de la radio

Enfin, cette finale ligérienne et bretonne prend une saveur particulière avec le choix de Stereolux : « C’est la première fois qu’on investit un lieu culturel. Ce choix est peut-être moins attendu qu’un amphi, mais il est très important pour nous. On a remarqué, dans le public, la présence de spectateurs qui ne connaissaient aucun des participants ou organisateurs… Cela va dans le sens de notre volonté d’ouverture. Et, si monter sur une scène avec un tel équipement en lumière et sonorisation peut s’avérer impressionnant, c’est aussi une bonne préparation à la finale nationale qui aura lieu à la Maison de la radio à Paris, le 14 juin prochain ».
 

 

Ecrit par Matthieu Chauveau