Slaves + Hotel Lux

C'est dans sa volonté farouche de sortir des cadres sociaux subis, de transformer, par le refus, l'emprise des individus en acte créatif (dans une logique très hégélienne), que le jeune duo anglais puise une énergie débordante, et le ferment de sa révolte (le conflit étant de toute façon inhérent à toute existence humaine, et même peut-être une de ses conditions – Hegel, toujours). Enfin bon, Slaves n'est pas là pour enfiler des perles mais bien pour balancer un punk garage qui, autrement mieux que tout discours, illustre admirablement son propos. Et ce, avec une ferveur, un entrain et une patate qui n'excluent pas une rigueur toute mathématique – c'est quand même dingue tout ce qu'on peut faire avec simplement une guitare et une batterie. Ce défouloir sonore que sont les compos de Slaves est donc déjà, en soi, une contestation, une résistance, une raison d'espérer car peut-être s'agit-il, au bout du compte, d'écouter « la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe ». Hegel leur va si bien.

En quelques mois, le quartet originaire de Portsmouth mais basé à Londres est devenu l'un des groupes les plus en vue de la scène anglaise. Issu du même circuit sud londonien que des groupes comme Shame et Goat Girl, Hotel Lux brosse un tableau sombre de la capitale. À travers leur garage punk spectral, ils mélangent une version agressive du pub rock à la Dr Feelgood et les paysages urbains déformés de The Fall. Des histoires de bourreaux et de banquiers, des bouffées d’avidité humaine et de culpabilité écœurante peuplent leur musique. Leurs chansons ont un impact plus proche des films de Loach ou Leigh que de tous leurs contemporains musicaux.
Exprimant fièrement l’altérité de la classe ouvrière, Hotel Lux est la voix articulée d'une jeunesse en colère, et en en passe d'obtenir le statut de nouveau groupe culte de la scène underground anglaise.