Lilly Wood & The Prick + Marine Quéméré

Lilly s'en allait de par le bois pour visiter sa mère-grand, à qui elle devait apporter des petits pots de beurre de Marrakech, quand elle rencontra le grand Prick – elle se garda bien de lui demander pourquoi il portait un tel nom (elle ne voulait pas paraître indélicate, malgré sa curiosité) mais, quand elle aperçut la guitare suspendue à son épaule, elle lui apprit qu'elle-même était chanteuse et lui proposa aussitôt de pousser la chansonnette. Le grand Prick, charmé par tant de spontanéité, accepta volontiers et, bientôt, on les vit inséparables. Grand bien leur en fit : leurs ballades enjouées d'electropop plurent immensément, jusqu'à faire le tour des oreilles de la planète. Après quatre albums et une cote de sympathie au max, le duo estima qu'il était temps pour lui de faire une pause : Lilly retourna chez sa mère-grand, dont les voisins se plaignaient parce qu'elle avait repeint sa maison en rose, et le grand Prick regagna le bois. Plusieurs années passèrent de la sorte, avant qu'il ne décident d'en ressortir : c'est chose faite avec l'anticonsumériste, coloré et humoristique « You Want My Money », titre annonciateur d'un nouvel album, et preuve éclatante que le duo n'a rien perdu de sa verve mélodique, propre à réchauffer les cœurs et à balayer toute morosité – car, comme aime à le dire mère-grand, ce n'est pas parce que la situation est désespérée qu'il faut se laisser abattre.

Un peu rêveuse, un peu ailleurs, la musique de Marine Quéméré ne ressemble à rien de la production actuelle. Auteure, compositrice, arrangeuse et multi-instrumentiste, la jeune parisienne aux yeux clairs verse effrontément dans un genre bien à elle. Quelque part entre la pop vaporeuse des années 2000 et les années 70. Chacune de ses chansons est un met choisi qui cite allègrement les classiques de la pop française, de Sébastien Tellier à Bertrand Burgalat. On ne les dévore pas, on les goûte lentement pour s’imprégner des innombrables saveurs qui les composent (les arrangements prolixes). Un accompagnement planant assumé qui rappelle les meilleures heures de AIR et les batteries de Tony Allen.